Eglises d'Asie

L’évêque catholique de Mannar, en zone tamoule, demande aux forces armées gouvernementales d’évacuer les vastes zones contrôlées par elles

Publié le 18/03/2010




Dans un contexte marqué à la fois par l’enlisement du processus de paix et par le fait que le cessez-le-feu en vigueur depuis février 2002 entre Colombo et les Tigres tamouls du LTTE tienne toujours – à quelques escar-mouches près -, l’évêque catholique de Mannar, Mgr Rayappu Joseph, a appelé les forces armées gouvernemen-tales à évacuer les vastes zones contrôlées par elles et connues sous le nom de “Zones de haute sécurité”.

Au début du mois de juin dernier, Mgr Joseph, d’origine tamoule, a rencontré une délégation de haut niveau du ministère de la Défense venue de Colombo pour évaluer la situation sur le terrain. Il lui a dit que les zones de sécurité, délimitées par l’armée, englobaient d’importantes parcelles, terrains et bâtiments, publics ou privés, et gênaient considérablement la vie quotidienne des habitants. En mettant l’accent sur ce problème, Mgr Joseph rejoignait le LTTE qui a quitté la table des négociations en avril dernier au prétexte, entre autres, que la présence continue de l’armée dans des habitations privées, dans des écoles et dans des bâtiments publics constituait une violation des engagements pris auparavant par le gouvernement. Selon le LTTE, la mise en place des Zones de haute sécurité a provoqué le déplacement de 130 000 personnes.

Après avoir rencontré le Premier ministre Ranil Wickremasinghe le 24 mai dernier et souligné le besoin vital d’amélioration des infrastructures dans sa région, Mgr Joseph a déclaré à la délégation ministérielle que “la normalisation était l’affaire du ministère de la Défense, des forces de sécurité et des responsables religieux”. A l’appui de sa déclaration, il a cité de nombreux cas de paysans, pêcheurs, habitants empêchés de travailler du fait de l’emprise des forces gouvernementales sur le terrain. Selon lui, sa mission consiste aussi à informer les autorités des cas qui sont portés à sa connaissance (1).

Par ailleurs, dans l’est du pays, Mgr Kingsley Swampillai, évêque du diocèse catholique de Trincomalee-Batticaloa, s’est dit inquiet de la grève générale déclenchée le 12 juin dernier par le LTTE à Kalmunai et à Batticaloa. Le LTTE avait imposé ce “hartal la grève générale, pour protester contre l’arrestation d’un de ses membres par l’armée. Le responsable catholique a regretté que la grève soit utilisée de façon “si unilatérale” car elle empêche les habitants de mener une vie normale. “Mis à part des cas très graves, [la grève] ne doit pas devenir un instrument ordinaire [de protestation] a-t-il affirmé.