Eglises d'Asie – Chine
Yunnan, Zhejiang : arrestations d’un prêtre de la partie « clandestine » de l’Eglise catholique et de protestants appartenant à une « église domestique » non officielle
Publié le 18/03/2010
Dans la province côtière du Zhejiang, des sources catholiques locales ont rapporté que, le 16 juin dernier, la Sécurité publique de Wenzhou a interpellé le P. Lu Xiaozhou, prêtre de la partie « clandestine » de l’Eglise catholique, alors que ce dernier se rendait à l’hôpital de la ville pour y administrer le sacrement des malades à des patients hospitalisés dans cet établissement. Selon ces mêmes sources, la police, après l’interpellation, a fouillé le domicile du prêtre et saisi tous ses biens, y compris des documents. « Il a été transféré le lendemain de son arrestation au Bureau des Affaires religieuses, sans doute pour le contraindre à signer une lettre indiquant son adhésion à l’Association patriotique des catholiques de Chine a ajouté la source, citée par l’agence Ucanews (1). Dans le Zhejiang, province où les communautés catholiques « clandestines » sont importantes, les pressions exercées par les autorités sur les catholiques pour que ceux-ci rejoignent les instances « officielles » de l’Eglise ne sont pas rares (2).
Dans la province intérieure du Yunnan, douze protestants appartenant à une « église domestique » ont été arrêtés le 6 juin dernier. L’information a été donnée par l’organisation de défense des droits de l’homme basée aux Etats-Unis, Human Rights in China (HRIC). Par opposition aux protestants pratiquant leur foi au sein des structures officielles affiliées au Conseil chrétien de Chine, les « églises domestiques » rassemblent des chrétiens qui se réunissent dans des domiciles privés ou des lieux de culte non officiellement enregistrés comme tels. Selon le HRIC, huit des douze personnes arrêtées font partie de la même « église domestique » et sont du village de Nanong, dans le district de Funing, au Yunnan. Ils ont été interpellés bien qu’ils aient déposé à plusieurs reprises auprès des autorités une demande de permission de célébrer le culte – à chaque fois sans succès. Arrêtés le 6, ils ont été placés en détention pour une durée indéterminée, leurs familles n’ayant été informées que le 13 juin qu’ils étaient accusés de « propagation de superstitions féodales ». Les quatre autres personnes arrêtées auraient été informées qu’elles ne seraient détenues que pour une durée de quinze jours. Selon le HRIC, qui cite des sources chrétiennes chinoises, le mouvement de répression contre les « églises domestiques » du Yunnan continue.
Par ailleurs, toujours selon le HRIC, le pasteur Gong Shengliang, fondateur de l’Eglise du sud de la Chine, dénomination protestante décrétée hors-la-loi en 1999, est au plus mal (3). Condamné à mort par une cour du Hubei en décembre 2001 avec quatre de ses proches, dont sa nièce, le pasteur avait vu son procès révisé en septembre 2002, peu avant une visite de Jiang Zemin, alors président de la République populaire de Chine, aux Etats-Unis. La peine capitale prononcée contre les cinq chrétiens avait alors été commuée en prison à vie. Selon une lettre ouverte publiée aux Etats-Unis par des parents et amis du pasteur Gong, ce dernier a perdu du sang, est devenu partiellement sourd et est incapable de se lever, suite à de mauvais traitements subis en prison. Le 26 juin, le ministère chinois de la Justice a démenti ces informations, affirmant que Gong Shengliang n’avait pas été torturé et qu’il était en bonne santé.