Eglises d'Asie

A des juges réunis en session d’études, un prêtre catholique demande d’être les garants d’une vraie justice à l’égard des pauvres

Publié le 18/03/2010




Le P. Richard W. Timm, un prêtre catholique américain, missionnaire âgé de 79 ans, a pris la parole au cours d’une récente session de formation judiciaire où étaient réunis, venus de tous les coins du pays, vingt-quatre juges adjoints, dont douze femmes. Les juges adjoints non seulement secondent le président du tribunal mais ont juridiction sur les affaires civiles au niveau fédéral (1). La session avait été organisée à Dacca par l’Institut bangladais du droit et des affaires internationales financé par l’Agence américaine pour le développement international. L’Institut organise régulièrement des rencontres pour les chercheurs et les étudiants afin de faciliter la formulation des documents en matière de loi et de jurisprudence.

Tenue du 19 au 24 juin dernier, cette session avait pour but de promouvoir une plus grande responsabilité et une plus grande transparence dans l’administration de la justice au Bangladesh. Les droits fondamentaux au sein de la police nationale, l’administration de la justice des mineurs, la protection juridique des femmes victimes de violence et les procès d’intérêt public ont été parmi les sujets traités.

Le P. Timm s’est adressé aux magistrats pour leur rappeler qu’ils étaient dans l’obligation d’assurer la justice envers les plus défavorisés qui, manquant de tout, sont rarement défendus. En partant du Code babylonien d’Hammurabi (1792-1750 av. J.-C.), le prêtre a fait un exposé sur le développement historique de la législation des droits de l’homme ; il a expliqué que ce code concernait la justice, la paix et la protection des droits fondamentaux, avec comme principe la maxime : “Oil pour oil, dent pour dent considérée bien souvent comme l’expression d’une loi de vengeance mais qui en fait est une loi de clémence demandant que la punition infligée soit proportionnelle à l’offense subie.

L’un des participants, Kamrun Nahar, a confié plus tard que ce séminaire lui avait enseigné de nouvelles techniques pour traiter des cas de litiges d’intérêt public et l’avait motivé pour un engagement plus profond dans sa profession. D’autres participants l’ont approuvé, ajoutant que, si tous les juges avaient pu suivre cette formation, il y aurait moins de corruption dans la magistrature. L’un d’entre eux a confié également que les magistrats préféraient travailler à Dacca, la capitale, pour le confort et les avantages qu’elle procure à eux-mêmes et à leurs familles, alors que c’est dans les villages que les gens ont le plus besoin d’aide judiciaire. Un autre participant, Badrul Alam Bhuyiam, a demandé au ministre de la Justice et des Affaires parlementaires qui était présent, d’inciter le gouvernement à augmenter le salaire des juges parce qu’un salaire de 4 300 taccas (65 euros) est notoirement insuffisant. Si les magistrats étaient mieux rémunérés, a-t-il déclaré, ils s’engageraient davantage dans le service des pauvres.

D’après le secrétaire de l’Institut bangladais du droit et des affaires internationales, Amirul Islam, de nombreux tribunaux de première d’instance sont corrompus, tout comme le sont une grande partie des instances de l’Etat responsables de l’application des lois.