Eglises d'Asie

Après des années de guerre, le nombre de Sri Lankais souffrant de troubles mentaux est élevé et les infrastructures pour les prendre en charge peu développées

Publié le 18/03/2010




Le 16 juin dernier, les médias sri-lankais ont présenté une image rare : la présidente Chandrika Kumaratunga et le Premier ministre Ranil Wickremesinghe, adversaires politiques contraints à une difficile cohabitation institutionnelle, étaient côte à côte, tout sourire. L’objet de la rencontre était un appel à la générosité du public pour financer la première clinique psychiatrique privée du pays. Après les années de guerre fratricide qui ont opposé Tigres tamouls et forces armées gouvernementales, même si les armes se sont à peu près tues depuis un an, les séquelles psychologiques de ces années de combat sont importantes. Selon des statistiques gouvernementales, deux pour cent des 18,6 millions de Sri Lankais souffrent de troubles mentaux graves et dix pour cent de la population présentent des troubles du comportement.

Selon Nalaka Mendis, psychiatre, le nombre des suicides est certes en recul (1) mais il reste à un niveau très élevé (près de 6 000 suicides par an) et, surtout, au moins la moitié d’entre eux pourraient être évités si les structures existaient pour traiter les patients. Par ailleurs, on peut estimer que 25 % des cas d’absentéisme au travail sont dus à des troubles psychiques. Pour le Premier ministre, qui a salué le “profond intérêt” de la présidente pour les maladies mentales, “les traumatismes de la guerre ont augmenté le nombre des malades et le système de santé n’est pas en mesure de les prendre en charge. Pour le Premier ministre comme pour la présidente, les conséquences de la guerre ne se font pas sentir uniquement dans les régions nord et est du pays, où les combats ont été les plus durs, mais partout au Sri Lanka, la violence politique étant omniprésente (2). Selon la présidente, les 30 000 soldats gouvernementaux qui ont déserté au fil des années constituent une partie des malades, certains d’entre eux ayant versé dans la criminalité et d’autres dans la maladie. “Dans presque tous les crimes importants, des déserteurs sont impliqués a-t-elle affirmé.

Selon Nalaka Mendis, l’Etat peut difficilement faire face aux besoins en matière de santé mentale. Les hôpitaux publics comptent à peine 2 400 lits en psychiatrie et le nombre des psychiatres qualifiés est passé de dix-neuf il y a trente ans à seulement onze aujourd’hui. En réunissant le Premier ministre et la présidente pour une bonne cause et en espérant réunir les 100 millions de roupies (900 000 euros) nécessaires à la construction d’un centre de traitement qui fonctionnera également comme école de formation pour le personnel hospitalier, Nalaka Mendis espère combler une partie du vide existant dans le domaine des soins psychiatriques.