Eglises d'Asie

La minorité musulmane s’inquiète pour l’avenir de ses écoles

Publié le 18/03/2010




Après l’arrestation, le 10 juin dernier, de trois musulmans thaïlandais soupçonnés de liens avec un groupe terroriste régional, la minorité musulmane du sud de la Thaïlande s’inquiète pour l’avenir de ses écoles coraniques. L’un des hommes arrêtés est en effet Maisuri Haji Abdullah, un dirigeant religieux propriétaire d’une école coranique de Nara Thiwat, l’une des cinq provinces méridionales à majorité musulmane. Un autre des détenus est le fils de Maisuri, Muyahi, le troisième étant un médecin, Waemahadi Wae-dao. Les trois hommes sont accusés d’appartenir à la Jemaah Islamiyah qui étend ses ramifications en Indonésie, en Malaisie, à Singapour et en Indonésie.

Une rumeur qui s’est rapidement répandue dans les communautés musulmanes après les arrestations faisait valoir que le gouvernement avait l’intention de s’attaquer à une dizaine d’autres écoles coraniques des provinces méridionales. Le Premier ministre, Thaksin Shinawatra, a eu beau démentir la rumeur immédiatement, l’inquiétude persiste et « les enseignants et étudiants de ces écoles ne savent pas à quoi s’attendre à l’avenir selon Nimu Makaje, vice-président du Conseil islamique de la province de Yala.

Les musulmans locaux qui financent ces écoles ont peur, eux aussi, d’être poursuivis. Par ailleurs, un certain nombre de ces écoles sont aidées par des pays du Moyen-Orient, et des journaux thaïlandais ont mentionné récemment l’influence grandissante du wahhabisme dans certaines écoles, dont celle de Maisuri. Depuis le 11 septembre 2001, le wahhabisme, d’origine saoudienne, a souvent été accusé de promouvoir l’intolérance religieuse et de favoriser un islamisme terroriste. Les dirigeants musulmans thaïlandais estiment cependant que cette image transmise par les médias ne correspond pas à ce qui se passe réellement dans leurs écoles : « En Thaïlande, le wahhabisme n’est pas considéré comme radical. C’est juste une discipline comme une autre enseignée dans les écoles dit par exemple Pakorn Priyakorn, membre du comité directeur du Centre islamique thaïlandais de Bangkok.

Depuis plusieurs dizaines d’années, des musulmans thaïlandais ont été éduqués en Arabie Saoudite, en Egypte ou au Koweït pour devenir enseignants religieux. Ces gouvernements arabes ont aussi aidé la communauté musulmane thaïlandaise de plusieurs manières, en donnant des bourses, ou en finançant les écoles, mais « le sens de tous ces liens et de la présence wahhabite en Thaïlande a été dénaturé par les médias. Affirmer que nous voulons promouvoir la violence est faux et il n’y a aucun lien entre nos écoles et la Jemaah Islamiyah déclare Nimu Makaje.

Le fait que le gouvernement thaïlandais semble avoir quelque difficulté à justifier l’arrestation des trois militants présumés de la Jemaah Islamiyah n’est pas fait non plus pour rassurer la communauté musulmane. Selon un diplomate asiatique en place à Bangkok, « il n’y a aucune preuve de l’appartenance de ces hommes à la Jemaah Islamiyah, en dehors des affirmations d’un militant emprisonné à Singapour, et la police n’a rien trouvé en ce qui concerne les attentats à la bombe qui étaient supposés être en préparation 

Les musulmans thaïlandais sont environ quatre millions sur une population totale de 61 millions d’habitants. Ils sont majoritaires dans les provinces méridionales de Satun, Nara Thiwat, Yala, Pattani et Songkhla (1).