Eglises d'Asie – Pakistan
Un prêtre catholique est abattu par balles en pleine nuit
Publié le 18/03/2010
Quelques jours après le meurtre, les mobiles de ce crime n’apparaissaient pas encore clairement. Aslam Tareen, le responsable de la police du district, a déclaré aux médias qu’il était convaincu que le crime était lié à une tentative de cambriolage manqué. Pour le moment, les agents de la force publique ont enregistré les faits et entamé une enquête. Cependant, le cuisinier ne croit pas à cette interprétation des faits. Les hommes armés ne lui ont rien demandé. S’ils avaient eu l’intention de voler, ils auraient mené des recherches dans la maison, ce qu’ils n’ont pas fait. Le juriste Khalil Tahir Sindhu, qui est président du Front démocratique chrétien, un groupe de soutien juridique aux chrétiens, est, lui aussi, persuadé qu’il s’agit d’un crime politique. Il a déclaré à l’agence Ucanews (1) : “Lorsque je suis venu dans la matinée, la police était en train d’essayer d’endommager la maison. Ils voulaient transformer cette agression en tentative de cambriolage. Nous ne les avons pas laissé faire. Il s’agit là d’un acte de terrorisme religieux. Le P. Ibrahim a été tué parce qu’il était engagé dans la lutte pour les droits des chrétiens.”
La grande affaire du P. Ibrahim dans sa bourgade de Renala Khurd avait été l’établissement scolaire dont il était chargé. Voilà seulement quelque temps qu’il en avait récupéré le contrôle pour sa paroisse. Il avait, en effet, été nationalisé avec toutes les autres écoles catholiques en 1972. Puis, ainsi que la totalité des écoles du Pendjab, il avait été dénationalisé le 5 juillet 2001. Mais ce n’est qu’en janvier 2002 que l’école avait été effectivement rendue aux anciens responsables. Cependant, à Renala Khurd, la situation s’était passablement compliquée. L’ancienne directrice avait verrouillé les salles et gardé les clés. Puis elle avait incité les élèves à protester contre la nouvelle gestion. La police avait fait fermer l’école pendant un temps. Mais le P. Ibrahim ne s’était pas laissé décontenancer. Il avait persévéré et finalement rétabli le contrôle de l’Eglise sur l’école. Le P. Ibrahim était également coordinateur de la Commission des jeunes du diocèse de Faisalabad.
Des milliers de fidèles ont participé aux cérémonies des obsèques qui ont eu lieu dans le village natal du défunt, Khushpur, le plus grand village catholique du Pakistan. Dans l’assistance, on ne cachait pas sa conviction au sujet du meurtre. L’administrateur de la cité, Chaudary Mohammad Waheed-ul-Din, a dit publiquement du prêtre qu’il “était un homme courageux qui avait travaillé à l’amélioration des relations entre chrétiens et musulmans”. Il a ajouté qu’il savait qu’il était mort pour cette cause. “Pour nous musulmans, c’est un tragique incident. Je suis désolé pour cet acte de terrorisme a-t-il conclu. Un prêtre diocésain a fait remarquer qu’il s’agissait là de la simple continuation du terrorisme ordinaire. Quelque temps avant ce meurtre, la Commission ‘Justice et paix’ des Supérieurs majeurs avait rappelé que, depuis novembre 2001, date de l’attaque américaine en Afghanistan, 43 personnes étaient mortes et plus de 80 sérieusement blessées dans des agressions directement dirigées contre des chrétiens.