Eglises d'Asie – Pakistan
Des chrétiens pakistanais organisent la résistance pacifique à l’application de la charia
Publié le 18/03/2010
Ce mouvement de résistance à l’islamisation s’est surtout développé après que le maulana (maître musulman) Tariq eut proposé, le 16 avril dernier, un projet d’application de la charia à la discussion de l’Assemblée nationale. Le projet devait être l’objet d’un débat au mois d’août à la Chambre des députés. Mais dès avant cette date, une loi visant à renforcer l’application de la charia avait été adoptée par la Province de la frontière du Nord-Ouest (1), où fleurit le fondamentalisme religieux pour un certain nombre de raisons politiques, historiques, géographiques et ethniques.
Les leaders chrétiens de la résistance au fondamentalisme musulman envisagent une lutte de longue haleine, qui devrait aboutir à la libéralisation du Pakistan. Ils font remarquer que c’était là l’idéal du père fondateur du Pakistan, Mohammad Ali Jinnah, qui envisageait un Etat laïque où tous les citoyens jouiraient de droits égaux, quelle que soit leur religion. Selon Lhalil Tahir Sindhu, les diverses associations militant dans ce sens ont déjà noué de nombreux contacts avec certains grands courants de la société civile et les partis politiques des quatre provinces que compte le pays. Certains partis ont même promis qu’ils soutiendraient l’opposition des minorités religieuses au Parlement. Dans une récente conférence de presse à Islamabad, le P. Shafique Hadayat, prêtre diocésain catholique de Faisalabad, a ainsi commenté son engagement dans le mouvement d’opposition à la charia : « Nous ne nous opposons pas à l’islam, mais aux membres de son clergé qui se servent de la charia pour camoufler leurs intérêts propres. » Il a ajouté qu’il considérait sa participation à ce mouvement comme faisant partie de son devoir pastoral. Il ne pouvait pas rester silencieux devant une menace aussi précise contre la communauté dont il est responsable. Le prêtre a également rappelé que les évêques et les prêtres du Pakistan avaient participé à un mouvement analogue lorsque, en 1998 (2), le Premier ministre Nawaz Sharif avait voulu introduire la charia dans le pays par le biais d’un amendement à la Constitution. A l’époque, le projet, bien qu’adopté par l’Assemblée nationale, n’avait pas pu voir le jour car il n’avait pas recueilli la majorité des deux tiers des voix du Sénat, nécessaire à sa promulgation.
Le maulana Tariq est membre du Sipah-i-Sihaba, un parti interdit par le gouvernement en 2002 pour avoir participé à des activités terroristes et entretenu des liens avec les terroristes de l’Afghanistan voisin et le Cachemire. Du fait de cette interdiction, les membres de ce parti n’ont pas pu se présenter aux élections générales. Cependant, le maulana s’est présenté en candidat indépendant et, après sa victoire, a fondé un nouveau parti.