Eglises d'Asie

Hongkong : pour un certain nombre d’observateurs, l’Eglise catholique en général et l’évêque de Hongkong en particulier ont joué un rôle de « catalyseur » dans la mobilisation de la population

Publié le 18/03/2010




Pour un certain nombre d’observateurs, l’Eglise catholique à Hongkong et l’évêque du diocèse, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, ont joué un rôle de « catalyseur » dans la mobilisation populaire qui a contraint l’exécutif local à retirer son projet de loi anti-subversion. On se souvient que la manifestation monstre du 1er juillet dernier, qui a vu près de 500 000 personnes descendre dans les rues de Hongkong pour protester contre le projet de loi sur la Sécurité nationale (1), a ouvert une crise de l’exécutif dirigé par Tung Chee-hwa. Le 6 juillet, James Tien Pei-chun, du Parti libéral, a démissionné pour protester contre le refus du gouvernement de repousser le vote par le parlement local du projet de loi controversé. Quelques jours plus tard, le retrait du projet de loi de l’ordre du jour du parlement n’a pas refermé la crise politique et le 16 juillet, c’était au tour de deux figures importantes du gouvernement de démissionner : Regina Ip Lau Suk-yee, secrétaire à la Sécurité, qui avait défendu envers et contre tout le projet de loi, et Antony Leung Kam-chung, secrétaire aux Finances, fragilisé par un scandale financier et la persistance d’une conjoncture économique maussade.

Le 17 juillet, commentant ces démissions devant la presse, Mgr Joseph Zen Ze-kiun a déclaré que, bien qu’ayant critiqué le gouvernement, les catholiques n’avaient pas appelé à la démission de ses responsables. Selon lui, la démission de Regina Ip était digne de respect, la secrétaire à la Sécurité prenant acte du fait qu’elle ne pouvait plus dans les circonstances créées par la manifestation du 1er juillet aider le gouvernement. L’évêque de Hongkong a ajouté qu’il espérait que, tout comme le débat sur la loi anti-subversion avait réveillé la population locale, le gouvernement allait se réveiller et cesser de saper les droits des gens.

Commentant l’actualité de ces dernières semaines, des universitaires, catholiques ou non, ont souligné le rôle joué par l’Eglise dans cette crise. Pour Joseph Cheng Yu-shek, titulaire de la chaire de sciences politiques à l’université de la Ville de Hongkong, l’Eglise fait « partie de la conscience de la société ». En dénonçant sans relâche les injustices, la voix de l’Eglise « a trouvé un écho auprès des citoyens ». Le professeur Cheng, catholique, ajoute que « le travail de l’Eglise se situe au cour de la société, particulièrement dans nos sociétés contemporaines ». Pour Kuan Hsin-chi, responsable du département d’administration publique à l’Université chinoise de Hongkong, Mgr Zen « fait date » dans la mesure où « on ne trouve pas trace dans l’histoire de Hongkong d’un responsable religieux prenant la parole publiquement et appelant les fidèles à descendre dans la rue ». Même s’il est difficile de mesurer précisément l’influence de l’Eglise catholique, certains sondages réalisés avant le 1er juillet indiquant qu’une partie de Hongkongais estimait que Mgr Zen en faisait trop, on peut dire, estime le professeur Kuan, que l’évêque de Hongkong a été un « catalyseur » dans le processus qui a abouti au retrait du projet de loi sur la Sécurité nationale.