Eglises d'Asie

Hongkong : une messe célébrée à la cathédrale a été interrompue par des militants homosexuels protestant contre le rappel par Rome de la doctrine catholique sur les unions homosexuelles

Publié le 18/03/2010




Le dimanche 17 août dernier, le déroulement de la messe de 11 heures, célébrée à la cathédrale de l’Immaculée Conception, à Hongkong, a été perturbé par l’irruption de huit membres d’un groupe de militants de la cause homosexuelle, Rainbow Action, accompagnés de quelques autres personnes revendiquant leur homosexualité. Le groupe a distribué des tracts, des couples se frayant un chemin jusqu’à l’autel pour s’embrasser devant celui-ci. L’incident s’est produit à la fin de la prière universelle et a duré une dizaine de minutes avant que les militants homosexuels soient forcés de quitter les lieux. Les militants de Rainbow Action, un groupe réputé parmi les plus virulents sur la scène homosexuelle hongkongaise, entendaient, par leur action, protester contre le récent rappel par Rome de la doctrine catholique sur les unions homosexuelles.

Le 31 juillet, en effet, la Congrégation pour la Doctrine de la foi a publié un texte intitulé : “Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles”. Ce document, destiné aux évêques et aux hommes politiques catholiques, rappelle le “devoir moral des parlementaires catholiques” de “s’opposer de manière claire et incisive” à toute tentative d’introduire des lois légalisant les unions homosexuelles. Le 10 août dernier, le Kung Kao Po, l’hebdomadaire en langue chinoise du diocèse de Hongkong, publiait une présentation de ce texte, accompagné d’interviews de conseillers conjugaux catholiques.

Dans son argumentaire, un des dirigeants de Rainbow Action interpellait l’évêque de Hongkong, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, en ces termes : “Mgr Zen a été appelé ‘la conscience de Hongkong’ (1Mais, en ce qui nous concerne, a-t-il une conscience ? Son image est qu’il ne craint pas le gouvernement [et] les puissants, qu’il vient en aide aux minorités, mais, sur cette question, il accepte les vues du Vatican et nous opprime. Il devrait tourner son regard non seulement vers l’extérieur mais aussi vers l’intérieur.” Rainbow Action demandait que le Kung Kao Po publie des excuses pour avoir apporté son soutien au document publié par le Vatican, “blessant” ainsi les sentiments de la communauté homosexuelle à Hongkong.

Dès le 17 août, Mgr Joseph Zen Ze-kiun a vivement réagi à l’irruption des militants homosexuels dans la cathédrale, qualifiant l’acte de “très grave profanation” de l’église et demandant à la police d’enquêter sur “la violation brutale du droit des croyants à assister normalement à des services religieux”. L’évêque a également demandé une enquête sur la lenteur mise par la police à intervenir et a reproché aux forces de l’ordre, une fois sur place, leur inhibition à agir sous prétexte qu’aucun bien matériel n’avait été détruit. Le lendemain, Mgr Joseph Zen a déclaré que l’Eglise “était ouverte au dialogue avec quiconque” et “ne refusait jamais personne”. Le P. Louis Ha Ke-loon, rédacteur en chef du Kung Kao Po, affirmait pour sa part que son journal continuera à publier des articles fidèles à la doctrine de l’Eglise catholique, quel qu’en soit le caractère potentiellement “sensible”. Une semaine plus tard, le dimanche 24 août, la surveillance ayant été renforcée à la cathédrale et des policiers étant discrètement présents autour de l’édifice religieux, cinq personnes – un couple homosexuel masculin, un couple homosexuel féminin et un militant – demandant à se confesser se sont vu interdire l’accès de la cathédrale, leur comportement trahissant des motivations autres que religieuses.

A Hongkong, l’homosexualité a été décriminalisée en 1981 mais les couples de personnes homosexuelles ne peuvent légalement s’y marier ou bien encore, par exemple, une personne ne peut prendre des décisions d’ordre médical au cas où son ou sa partenaire se trouve inconscient.