Eglises d'Asie

Le gouvernement demande aux responsables des principales religions de veiller à ce que les sectes ne se développent pas dans le pays

Publié le 18/03/2010




Jusqu’à récemment placé sous l’autorité du ministère de l’Education, le Département pour les Affaires religieuses du gouvernement dépend désormais du ministère de la Culture. Pour marquer ce changement sans doute, les responsables de cette administration ont demandé aux leaders des cinq grandes religions reconnues par le gouvernement de prendre part à une Conférence nationale pour les relations interreligieuses. Réunie à Bangkok du 10 au 12 août derniers, cette Conférence a vu de 400 à 500 personnes assister à des exposés et des manifestations organisées par les bouddhistes, les chrétiens, les hindous, les musulmans et les sikhs. Lors d’un discours, la ministre de la Culture, Mme Uraiwan Thienthong, a exprimé le souci des autorités face aux activités de certaines sectes à caractère religieux qui se sont livrées à des activités pouvant perturber le fonctionnement des grandes religions reconnues par le gouvernement. Elle a précisé que ces sectes répandaient leurs enseignements sans y avoir été autorisées par les autorités et pouvaient causer des problèmes aux grandes religions.

Mme Uraiwan a précisé que son ministère, conscient du problème, travaillait sur ces questions en lien avec les autorités responsables de la sécurité nationale et en consultation avec les cinq grandes religions. Elle a demandé la collaboration des responsables religieux pour “surveiller la situation des sectes religieuses qui entrent en Thaïlande justifiant cette collaboration par le fait que la présence de ces sectes pouvait mettre en danger la sécurité de la nation.

Commentant les propos de la ministre de la Culture, le P. Phaisal Anamwat, secrétaire de la Commission épiscopale catholique pour l’ocuménisme et le dialogue interreligieux, a expliqué que la politique libérale de la Thaïlande dans le domaine religieux avait effectivement permis à de nombreuses sectes à caractère religieux de s’implanter dans le pays et d’y fonctionner sans autorisation officielle (1). Certaines de ces sectes, a-t-il remarqué, entrent dans le pays en tant qu’ONG et y ouvrent en faisant preuve de prosélytisme. Bien que la ministre ait pris soin de ne citer aucun groupe nommément, le prêtre catholique a ajouté que tous, dans les cercles religieux, avaient compris que ceux qui étaient visés par le discours de Mme Uraiwan étaient les musulmans extrémistes, les témoins de Jéhovah, les mormons, la secte Moon et le Falungong.

Coïncidence ou pas, l’intervention de la ministre de la Culture est intervenue à peu près en même temps que l’arrestations par la police thaïlandaise de Riduan Isamuddin, alias Hambali, à Ayuthia, ancienne capitale du Siam située au nord de Bangkok et où vit une petite communauté musulmane. Annoncée le 14 août seulement, l’arrestation de cet homme, considéré par les Etats-Unis comme “l’un des terroristes les plus dangereux du monde” et suspecté d’être impliqué dans l’attentat de Bali d’octobre 2002 (2), est venue rappeler que la Thaïlande n’est pas à l’écart de l’agitation entretenue par certains groupes islamistes extrémistes dans la région (3). L’Indonésien Hambali est considéré comme le cerveau de la Jemaah Islamiyah, organisation clandestine qui serait liée à Al-Qaeda et dont l’ambition serait de rassembler les musulmans d’Asie du Sud-Est au sein d’un vaste califat.

Selon les statistiques gouvernementales, le royaume de Thaïlande, peuplé de 62 millions d’habitants, est bouddhiste à 95 %. La minorité musulmane, concentrée principalement dans le sud du pays, compte trois millions de fidèles. Les chrétiens sont un peu moins de 450 000 – dont 300 000 catholi-ques. Les hindous et les sikhs rassemblent en tout 23 000 personnes.