Eglises d'Asie

Bien que le cessez-le-feu ait permis le retour des réfugiés chez eux, l’est et le nord du pays restent infestés de mines

Publié le 18/03/2010




Les Sri Lankais du nord et de l’est de l’île restent toujours en danger malgré le cessez-le-feu à peu près respecté depuis février 2002, date de sa signature, tant par les troupes gouvernementales que par les Tigres tamouls (1). Lors d’une conférence organisée le 26 juillet dernier à Colombo par l’ONG britannique Landmine Action et la Fondation pour la paix interreligieuse du Sri Lanka (2), différentes interventions ont souligné combien les champs de mines posés au gré des combats ces vingt dernières années par l’un ou l’autre camp continuaient aujourd’hui de faire des victimes et empêchait les personnes déplacées par les combats et aujourd’hui revenues sur leurs terres de mener une vie normale.

Avant cette guerre commencée en 1983, la pointe nord de la péninsule de Jaffna n’était qu’une immense étendue de terres cultivées. Aujourd’hui, ravagée par les combats et littéralement parsemée de mines, la péninsule reste une zone dangereuse. Selon les services spécialisés dans l’étude des champs de mines de l’ONU, en juin 2001, quinze personnes en moyenne étaient tuées ou mutilées chaque mois au Sri Lanka du fait des mines. Sur le million de personnes déplacées par les combats, environ 200 000 sont retournées chez elles, estime encore l’ONU, mais leur vie est souvent rendue précaire du fait de cet héritage des années de guerre (3).

Pour le P. Oswald Firth, prêtre catholique et co-président de la Fondation, la conférence du 26 juillet a servi à sensibiliser l’opinion et le gouvernement sur le sujet. En effet, les populations dans le sud du pays ne connaissent pas le problème posé par les mines, les combats ne s’étant pas déroulés chez eux. Quant au gouvernement, il est nécessaire de faire pression sur lui afin qu’il adhère au traité d’Ottawa, traité international de 1997 interdisant les mines et faisant obligation aux autorités d’un pays de déminer son territoire. Cependant, a encore expliqué le prêtre, le déminage au Sri Lanka reste très lent car ni le gouvernement ni les Tigres tamouls n’ont suffisamment confiance l’un en l’autre pour oser commencer à déminer en premier.

Selon Jayalath Jayawardene, ministre chargé des Réfugiés et de la Reconstruction, le gouvernement considère les zones minées comme le premier obstacle au rapatriement des réfugiés du nord : “Sur les soixante villages choisis pour accueillir les réfugiés, vingt seulement ont été déminés. Les progrès sont vraiment lents.” En outre, les cartes indiquant les champs de mine sont difficiles à dresser. La péninsule de Jaffna a en effet été si souvent prise et reprise par l’un ou l’autre camp que nul n’est tout à fait certain de l’emplacement des mines.