Eglises d'Asie – Sri Lanka
Récemment publié, un ouvrage, rédigé par une chrétienne, affirme que la présence chrétienne au Sri Lanka est bien antérieure à l’arrivée des Portugais au XVIe siècle
Publié le 18/03/2010
Pour l’ensemble de la communauté des historiens spécialistes du Sri Lanka, la présence d’une communauté catholique au Sri Lanka remonte à l’arrivée des Portugais au XVIe siècle, même si des indices attestent bien d’une présence chrétienne antérieure (1). Jusqu’alors, la question restait ouverte de savoir si ces indices témoignent d’une présence chrétienne réellement établie dans l’île ou seulement du passage plus ou moins régulier d’une communauté de commerçants nestoriens venus d’Inde méridionale. Selon Rita Welgampola, il ne fait plus de doute que « la présence chrétienne au Sri Lanka est attestée par différentes sources asiatiques, principalement issues d’Inde méridionale ». S’appuyant sur des écrits de Cosmas Indicopleustes, géographe d’Alexandrie du VIe siècle, elle affirme que la présence chrétienne dans l’île remonte au Ier siècle de notre ère, lorsque des fidèles de Saint Thomas l’Apôtre, qui, selon la tradition, est venu en Inde au cours du Ier siècle, sont venus au Sri Lanka. Plus tard, des disciples de Saint Jude Thaddée, originaires de Perse et de Syrie, « se sont établis dans les centres commerciaux qu’étaient Mannar, Trincomalee et Chilaw ». Cosmas Indicopleustes, remarque Rita Welgampola, indique la présence dans l’île d’une communauté de prêtres hiérarchiquement organisés pour répondre aux besoins spirituels des chrétiens locaux. Les résultats de fouilles archéologiques menées à Anuradhapura, l’ancienne capitale bouddhiste du pays, viennent confirmer cette thèse, affirme encore l’auteur qui explique que les communautés chrétiennes, formées de pêcheurs et de commerçants, étaient « très marginalisées ». A l’arrivée des Portugais, elles ne furent pas reconnues en tant que telles et se virent qualifiées par les nouveaux arrivants d’hérétiques, leurs églises étant détruites. Ce n’est que progressivement que ces chrétiens locaux furent assimilés au catholicisme institué par les Portugais.
Interrogée sur les raisons qui l’ont poussée à écrire cet ouvrage, Rita Welgampola a déclaré qu’elle pensait que l’histoire de l’Eglise au Sri Lanka ne pouvait être complète si la présence de communautés chrétiennes dans l’île avant l’arrivée des Portugais était passée sous silence. Notant que les élèves dans les écoles apprennent le plus souvent que « le christianisme a été introduit par les Portugais elle a ajouté qu’elle espérait que son livre donne « aux jeunes l’envie de poursuivre ses recherches ».
La présentation à la presse de l’ouvrage s’est déroulée dans les locaux du ministère des Affaires chrétiennes, rattaché au ministère de l’Intérieur. Outre Mgr Oswald Gomis, archevêque de Colombo, et Mgr Malcolm Ranjith, secrétaire adjoint à la Congrégation pour l’évangélisation des peuples à Rome, le ministre de l’Intérieur, John Amaratunga, était présent. De confession catholique, le ministre de l’Intérieur a remercié l’auteur pour son effort visant à démentir la perception commune selon laquelle les chrétiens sri-lankais seraient les descendants des colonisateurs portugais. Il a ajouté qu’il aidera à ce que l’ouvrage soit largement distribué dans les écoles du pays.
Sur les 18,5 millions de Sri Lankais, les catholiques sont, selon des statistiques gouvernementales de 2001, 1 256 000, soit 6,7 % de la population, les protestants représentant, quant à eux, 1,3 % des Sri Lankais. Les bouddhistes comptent pour 70 % de la population, les hindous pour 16 % et les musulmans pour 7 %.