Eglises d'Asie – Birmanie
Lors des cérémonies organisées pour la Journée mondiale pour la paix, l’évêque catholique de Rangoun a vigoureusement critiqué la politique internationale des Etats-Unis
Publié le 18/03/2010
L’Eglise catholique et les Eglises protestantes de Birmanie avaient choisi pour ce 21 septembre, journée dédiée à la paix par l’ONU, de se réunir dans un temple baptiste, le Ko Thar Byu Memorial Hall, à Insein, localité située au nord de Rangoun. Les responsables des Eglises catholique, anglicane, baptiste, méthodiste ainsi que ceux de l’Armée du Salut étaient présents aux côtés de Mo Myint, directeur du Bureau des religions, organisme gouvernemental. Devant une foule d’un millier de personnes environ, Mgr Charles Bo a prononcé l’allocution principale, exhortant les hommes de bonne volonté au dialogue et insistant sur la valeur du dialogue pour promouvoir concrètement la paix. Citant les attentats terroristes du 11 septembre 2001 commis aux Etats-Unis, Mgr Bo s’est interrogé sur les motifs de ces attaques, déclarant que nul ne pouvait dire avec certitude pourquoi de tels actes avaient été commis. Il a cité certaines analyses selon lesquelles, pour défendre leurs intérêts, les Etats-Unis usent trop brutalement de leur puissance. Il a ajouté qu’après le 11 septembre, les Etats-Unis ont réclamé l’arrestation d’Oussama Ben Laden sans fournir de preuve de la responsabilité de ce dernier dans les attentats. La réponse américaine aux attaques, a poursuivi Mgr Bo, a été la guerre en Afghanistan et en Irak. Poursuivant son raisonnement, le président de la Conférence des évêques catholiques s’est demandé si le président américain avait l’intention d’attaquer tous les pays disposant d’armes de destruction massive. Il a cité un responsable américain de la défense qui a déclaré que douze pays, sur cette planète, ont l’arme nucléaire, treize disposent d’armes biologi-ques, seize d’armes chimiques et dix-huit de missiles balistiques. Dans un tel contexte, a conclu l’archevêque de Rangoun, une guerre générale au terrorisme aboutirait à l’extension de celui-ci plutôt qu’à sa prévention ou à son éradication. Seul le dialogue peut éviter cela, a-t-il affirmé. « Sans dialogue, le monde mourra. »
Dans son adresse inaugurale, le pasteur Saw Margai Gyi, président du Conseil des Eglises du Myanmar, avait mis en avant la nécessité pour chaque chrétien et pour toutes les Eglises de prier pour la paix. Une prière qui doit commencer dans les familles, soulignait-il, ajoutant que les chrétiens croient à la puissance et à l’efficacité de la prière perçue comme une voie valable pour parvenir à la paix et à l’unité en Birmanie et dans le monde. Pour sa part, Mo Myint a dit que toutes les religions enseignaient l’amour du prochain et l’entraide mutuelle, le pardon et la magnanimité ainsi que le refus du vice. « Nous avons appris de l’enseignement du Christ l’amour de l’un pour l’autre jusqu’au don suprême de sa vie a-t-il ajouté.
Pour le pasteur U Thar Din, baptiste et responsable de la communication au Conseil des Eglises du Myanmar, des célébrations telles que celle du 21 septembre sont l’occasion d’initier une dynamique de la paix et de la réconciliation dans un pays qui connaît depuis des décennies des conflits armés ou larvés entre le gouvernement et différentes composantes ethniques minoritaires du pays. La Birmanie est dirigée par des militaires depuis 1962.