Eglises d'Asie – Chine
UN APPEL A RECONSTRUIRE L’UNITE DES CATHOLIQUES DE CHINE – Lettre de Mgr Joseph Han Zhihai du diocèse de Lanzhou (province du Gansu)
Publié le 18/03/2010
Le temps est venu de faire attention à l’appel de Jean-Paul II pour refaire l’unité de l’Eglise en Chine.
Je suis l’évêque du diocèse de Lanzhou, successeur du Mgr Yang Libo. Je fais parti de la jeune génération des prêtres. Nous les jeunes prêtres, admirons toujours Mgr Philippe Yang et les Pères de la même génération. Pendant et après la période la plus difficile de la Grande Révolution culturelle, ce sont eux qui ont épuisé leurs forces à soutenir l’Eglise. Non seulement les clercs de la génération du Mgr Yang ont-ils été dévorés d’anxiété, mais nous aussi les jeunes prêtres appartenant à la nouvelle génération, nous avons craint qu’un groupe d’évêques, de prêtres et de fidèles, induits en erreur par l’Association patriotique qui poussait l’Eglise chinoise à revendiquer son indépendance et à se dégager de l’Eglise universelle et du pape, ne finisse par créer un schisme à l’intérieur de l’Eglise. En conséquence, nous avons refusé de célébrer l’Eucharistie avec eux. Nous avons également exhorté les fidèles à en faire autant, car c’est notre responsabilité à laquelle nous ne pouvons nous soustraire – de garder l’unité de l’Eglise universelle et en union avec le pape. La division ainsi causée à l’intérieur de l’Eglise est ce que nous regrettons le plus. Mais il en sort un effet heureux : ce n’est pas toute l’Eglise chinoise qui s’est isolée de Rome.
Au cours de ces vingt dernières années, nous avons observé tous les efforts que le pape Jean-Paul II a faits pour mieux connaître la situation actuelle de l’Eglise en Chine. Ses encouragements nous ont communiqué une grande force et nous ont énormément réconfortés. Pendant ces dernières années, nous avons entendu dire que certains évêques désignés par le gouvernement chinois, espéraient être légitimés en étant nommés par le pape. Leurs demandes ont été approuvées après enquêtes et vérifications. Ce phénomène ne date pas d’aujourd’hui. Mais nous ne pouvions pas le vérifier. N’ayant pas de contact avec ces prêtres et évêques officiels, nous manquions de preuves à ce sujet. D’un autre côté, grâce à nos contacts avec plusieurs évêques officiels, nous découvrons que la plupart des évêques officiels ont déjà établi leur union avec le pape et l’Eglise universelle. Evêques officiels reconnus par Rome et évêques non officiels forment aujourd’hui la grande majorité des évêques de l’Eglise en Chine.
Depuis quelques années notre diocèse a commencé à établir quelques contacts non officiels avec la communauté officielle de l’Eglise chinoise. Dans le diocèse de Tianshui, proche du nôtre, les prêtres officiels et non officiels ont même concélébré l’Eucharistie. Ils ont agi ainsi car ils ont souvent entendu les encouragements donnés par le Saint-Siège. Les catholiques chinois suivent l’enseignement du Christ : « Qu’ils soient un » (Jn 17,11). Ils font avancer activement la réconciliation de l’Eglise en Chine et reconstruisent son unité. Depuis que je suis devenu l’évêque (non officiel) du diocèse de Lanzhou, une question demeure silencieusement dans mon cour : « Notre diocèse doit s’unir. C’est la prière de notre Seigneur Jésus Christ et l’attente de Dieu le Père. » Mais, quel en sera le moment favorable ? Quelle en est la façon appropriée ?
Je dois avouer avoir toujours des doutes dans mon cour. Il existe en fin de compte quelques évêques qui n’ont pas réalisé leur union avec le pape. L’attitude de l’Association patriotique est toujours ambiguë sur cette question qui est de la plus haute importance pour nous. Cette attitude d’ambiguïté est la cause primordiale qui empêche les évêques non officiels de faire le premier pas vers l’union. Je peux comprendre pourquoi ils hésitent. Les fidèles de la communauté non officielle se sentent même coupables s’ils participent à la messe de la communauté de l’Eglise officielle. Certains documents, par exemple, « les 13 règlements » et « les 8 règlements » ont confirmé cette attitude de la communauté non officielle.
Néanmoins, il y a beaucoup de changements ces dernières années. Cela m’a bien encouragé de savoir que la plupart des évêques, des prêtres et des fidèles sont en union dans la même foi avec le pape. Mais, d’autre part, je sens combien est défavorable à l’Eglise la division entre « la communauté officielle » et « la communauté non officielle ». Chaque communauté célèbre l’Eucharistie de son côté. Mais, l’Eucharistie nous demande de nous réunir et célébrer ensemble. Quelle contradiction !
Je comprends maintenant que nous ne pouvons pas négliger la prière de notre Seigneur le Christ : « Qu’ils soient un ». Etant évêque, je suis pasteur du diocèse de Lanzhou. Je me sens la responsabilité d’appeler mes frères évêques à sortir l’Eglise en Chine de cet état ambigu de scission. Le Saint Père rappelle souvent cet espoir, par exemple, à l’occasion de la cérémonie de quatre cents ans de la venue du P. Matteo Ricci en Chine, le pape nous a encouragés à rétablir l’unité. Cet appel nous fait comprendre que les fidèles d’aujourd’hui, lorsqu’ils participent à la messe d’un évêque ou d’un prêtre qui a clairement manifesté son union au Saint Père et à l’Eglise universelle, n’ont plus à suivre les directives des anciens documents qui dissuadaient les deux communautés de célébrer l’Eucharistie ensemble. Si les fidèles célèbrent l’Eucharistie, c’est parce qu’Elle peut promouvoir l’union. Nous devons admettre qu’une nouvelle situation est apparue dans l’Eglise chinoise. Cela nous demande d’agir autrement. Je vous suggère donc, évêques et frères prêtres, que votre communauté soit officielle ou non officielle, veuillez entreprendre des actions plus concrètes pour que l’Eglise chinoise marche vers l’union.
Je souhaite que tous nos évêques et prêtres puissent exprimer clairement aux fidèles que nous sommes en union avec le pape et avec l’Eglise universelle dans la foi, que chaque côté puisse à partir de ses propres positions comprendre celles de l’autre. Ainsi, nous pourrons coexister pacifiquement sans crainte, célébrer l’Eucharistie ensemble, fêter notre union en Christ et en le même Dieu notre Père. C’est la prière de notre Seigneur le Christ. C’est aussi l’espérance de notre Saint Père.
Je crois que pour peu que nous en ayons le courage et agissions avec ferveur, l’Eglise chinoise prendra sûrement un nouveau départ. L’union que nous avons dans la foi ne diminuera absolument pas notre patriotisme, au contraire, elle renforcera notre énergie. Sachons tous coopérer la main dans la main pour construire un pays moderne.