Eglises d'Asie

La canonisation à Rome du P. Freinademetz est perçue comme un événement important par les catholiques du Shandong, province où le missionnaire du Verbe divin a été actif

Publié le 18/03/2010




Dans la province du Shandong, l’annonce de la canonisation à Rome, le 5 octobre dernier, du Bienheureux Joseph Freinademetz a été accueillie par les catholiques comme un événement important même si les différents diocèses de cette province n’ont pas organisé de célébrations particulières à ce propos. Actif dans la partie sud de cette province de 1881 à 1908, date de sa mort, le P. Joseph Freinademetz a laissé des souvenirs, et les plus âgés des prêtres et des évêques du Shandong se souviennent de récits à son sujet racontés par les prêtres que le missionnaire avait formés ou côtoyés. Connu des catholiques du Shandong comme le “Père Fu” (Fu Shenfu), il est resté dans les mémoires comme l'”Origine de l’Eglise dans le Shandong méridional”.

Dans le diocèse de Jinan, situé au Shandong, Mgr Zhao Ziping, évêque du lieu, a déclaré que lui et de nombreux catholiques sur place se félicitaient de la canonisation du missionnaire : “Nous sommes très heureux, particulièrement les plus âgés d’entre nous, car nous avons entendu parler de lui (dans notre jeunesse)”. Agé de 82 ans, l’évêque se souvient que ses formateurs évoquaient l’ardeur missionnaire du P. Freinademetz, en particulier son souci de bâtir des églises. “Les catholiques du Shandong le prieront pour que l’Eglise et la société dans notre province se développent bien dans tous les sens du terme a-t-il ajouté, précisant que, contrairement aux canonisations d’octobre 2000, la canonisation du P. Freinademetz n’avait pas suscité de commentaires de la part des autorités chinoises. Mgr Zhao a toutefois précisé que s’il allait envoyer un message de félicitations aux responsables de la congrégation du Verbe divin avec qui il est en contact en Allemagne, son diocèse n’organiserait pas de célébration particulière. Dans le diocèse voisin de Yanzhou, une image représentant le futur saint a dû être retirée des murs d’une église à la demande des autorités ; l’incident s’est produit fin septembre 2003. Dans le diocèse de Qingdao, aucune célébration n’a été programmée bien que le P. Thomas Chen Tianhao, âgé de 43 ans, affirme que la mémoire du missionnaire est bien vivante et connue grâce à des livres venus de Taiwan. Il semble que seul le diocèse de Linyi ait célébré une messe pour souligner l’événement.

Né dans une région située aujourd’hui dans le nord de l’Italie mais à l’époque faisant partie de l’Empire austro-hongrois, le P. Freinademetz est entré en 1878 dans la société du Verbe divin, société missionnaire fondée par le P. Arnold Janssen. L’année suivante, il est envoyé en compagnie du P. J.-B. Anzer à Hongkong d’où les deux missionnaires préparent leur entrée en Chine continentale. Deux ans plus tard, ils partent pour la partie sud du Shandong. Premiers missionnaires du Verbe divin en Chine, ils trouvent là une toute petite communauté de 158 catholiques chinois, vivant parmi douze millions de personnes. Déployant une activité inlassable pour la formation de catéchistes et de prêtres, il a contribué à l’essor de l’Eglise au Shandong avant de mourir, le 28 janvier 1908, de la fièvre typhoïde, maladie contractée au contact de malades dont il prenait soin. Béatifié en compagnie du P. Janssen en 1975 par le pape Paul VI, il est devenu le 5 octobre dernier le 122e saint de l’Eglise de Chine et le premier saint non martyr de cette Eglise, les 121 premiers saints – le P. Jean-Gabriel Perboyre, canonisé en 1996, et les 120 martyrs canonisés le 1er octobre 2000 – étant morts en martyrs. Le P. Freinademetz a été porté sur les autels comme “confesseur” de la foi.

Selon le P. Niu Shanliang, du diocèse de Yanzhou, la tombe du P. Freinademetz a été détruite par les gardes rouges durant la Révolution culturelle (1966-1976). Elle était située près de l’église de Daizhuang, localité proche de la ville de Jining. “Quand le corps du P. Freinademetz a été sorti de terre, il était bien conservé, rapporte-t-on. Mais il a été brûlé par les gardes rouges. Un des gardes rouges présents ce jour-là est toujours vivant et vit à Jining rapporte le P. Niu. Depuis, un petit mémorial avec une tablette commémorative a été érigé sur le lieu de la sépulture originelle du missionnaire mais il reste difficile d’accès car situé dans l’enceinte de ce qui était autrefois un hôpital tenu par la congrégation du Verbe divin. Seuls de petits groupes de catholiques locaux ont la permission d’aller s’y recueillir de temps en temps, ajoute encore le P. Niu.