Eglises d'Asie

Les autorités chinoises ont bloqué la consultation depuis le continent du site Internet du diocèse catholique de Hongkong

Publié le 18/03/2010




Selon le témoignage de nombreux catholiques chinois résidant sur le continent, le site Internet du diocèse catholique de Hongkong (www.catholic.org.hk) est inaccessible depuis le mois de juillet dernier. Accessible depuis Hongkong et partout ailleurs dans le monde à l’exception de la Chine continentale, le site a, selon toute probabilité, été bloqué par les autorités chinoises. Les motifs de cette mesure, estiment des sources catholiques chinoises, sont à rechercher du côté de l’engagement de l’Eglise catholique de Hongkong et de son évêque, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, dans la marche qui a fait descendre dans la rue 500 000 Hongkongais le 1er juillet dernier afin de protester contre le projet de Loi sur la sécurité nationale (1).

Selon ces mêmes catholiques chinois, l’impossibilité de se connecter à partir du continent au site du diocèse de Hongkong n’est pas dû à des raisons techniques, la consultation d’autres sites catholiques hébergés à Hongkong ou ailleurs dans le monde restant possible. Cette impossibilité semble générale à tout le pays, des tentatives infructueuses de connexion au site ayant été faites de différentes villes réparties dans tout la Chine. Elle ne semble concerner que le site du diocèse de Hongkong, les nombreux sites animés par des catholiques qui se sont développés récemment en Chine continentale n’étant pas concernés (2).

Pour le P. Louis Ha Ke-loon, directeur du Bureau des communications sociales du diocèse de Hongkong et rédacteur en chef du Kung Kao Po, l’hebdomadaire en langue chinoise du diocèse, « le gouvernement chinois peut contrôler l’accès (au site) de nombreuses manières s’il le souhaite. Nous ne pouvons rien y faire de notre côté ». Responsable du site Internet du diocèse, le P. Ha s’est refusé à spéculer sur les raisons qui ont amené les autorités chinoises à prendre cette mesure, se bornant à espérer que celle-ci sera « temporaire ».

De fait, les autorités chinoises surveillent attentivement ce qui se passe sur Internet en Chine. Régulièrement, l’accès à tel ou tel site est bloqué. Selon Jonathan Zhu Jianhua, professeur de communication et spécialiste des nouveaux médias à l’Université de la ville de Hongkong, il existe une liste des sites jugés sensibles par les autorités, même si cette liste relève du « secret d’Etat ». Parfois, les mesures prises contre tel ou tel site sont levées lors de visite en Chine d’importantes personnalités accompagnées de nombreux journalistes. Les sites les plus souvent concernés par de telles mesures sont les sites à caractère pornographique, ceux qui répercutent les vues des dissidents ou des militants démocrates, ceux également qui soutiennent l’indépendance de Taiwan ou du Tibet et enfin les sites d’information, liés à la santé (en particulier ceux des mouvements tels Falungong) ou bien à caractère religieux. La surveillance d’Internet s’exerce par ailleurs sur ceux qui utilisent le réseau en Chine. Depuis juin 2002, tous les cafés Internet du pays doivent être dotés d’un logiciel qui enregistre les sites visités par les consommateurs qui doivent s’identifier pour avoir accès à Internet ; la liste des sites visités est ensuite transmise à la police. Le 14 octobre dernier s’est tenu à Pékin le procès de He Depu, accusé d’avoir collaboré au Parti démocrate chinois et d’avoir diffusé par Internet des textes « incitant à la subversion ». Le verdict du procès, expédié en deux heures, devrait être connu d’ici quarante jours.