Eglises d'Asie – Chine
A Hongkong, les déplacements répétés et prolongés pour cause professionnelle sur le continent constituent une menace pour la vie de famille, estiment des travailleurs sociaux
Publié le 18/03/2010
Selon Ip Wai-chi, président de l’Association des chauffeurs routiers de Hongkong, ce sont les familles en premier lieu qui souffrent de l’augmentation continue des déplacements de Hongkongais sur le continent. Il a expliqué que les routiers concernés sont contraints à passer de moins en moins de temps chez eux et que leurs absences prolongées et répétées amènent leurs épouses à nourrir des soupçons sur leur conduite en Chine continentale. Selon une étude menée par l’Association, 20 à 30 % des chauffeurs routiers qui font la navette entre Hongkong et le Guangdong ont des relations sexuelles extraconjugales en Chine. Au cours d’un récent colloque organisé à l’Université chinoise de Hongkong, Angie Lai, coordinateur du service pour la famille de la Caritas Hongkong, a confirmé les témoignages des travailleurs sociaux constatant la « pression » et « les effets négatifs » au sein des familles où l’un des époux est fréquemment amené à passer la nuit en Chine continentale.
Organisé par le Centre de recherche sur la discrimination sexuelle et l’Institut des Etudes de l’Asie-Pacifique, deux organismes rattachés à l’Université chinoise de Hongkong, le colloque avait pour thème l’étude des « effets du phénomène transfrontalier sur la famille Pour Angie Lai, si la crainte du chômage et la recherche de revenus plus élevés poussent de nombreux Hongkongais à accepter, voire à rechercher, un emploi impliquant de fréquents déplacements transfrontaliers, les conséquences sur la vie sont désormais visibles. Les couples sont soumis à une pression affective croissante, a-t-elle affirmé, expliquant que, d’un côté, les travailleurs frontaliers, généralement les maris, connaissent mal le fonctionnement et les habitudes du travail en Chine, tandis que, de l’autre côté, restées à Hongkong, les épouses se trouvent obligées d’assumer seules les responsabilités familiales et craignent les relations extraconjugales de leur conjoint. Toujours selon Angie Lai, une étude de la Caritas en 1995 a établi que 72 % des cas d’adultères se comptaient dans les foyers des travailleurs frontaliers. En 1997, sur 3 289 appels à l’aide sur la ligne de téléphone ouverte par la Caritas pour les questions ayant trait à la famille, 702 concernaient des relations extraconjugales transfrontalières.
Selon Fanny Cheung Mui-ching, psychologue, qui a pris part au colloque, bien que les bénéfices politiques et économiques des accords de libre-échange entre Hongkong et Pékin aient été débattus à Hongkong, « leurs conséquences sur les familles ont à peine retenu l’attention ». Or, estime-t-elle, celles-ci sont « graves ».