Eglises d'Asie – Cambodge
LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er septembre au 31 octobre 2003
Publié le 18/03/2010
Le 30 août sont déclarés officiellement les résultats du scrutin du 27 juillet. Ils confirment ce qui était déjà connu, à savoir :
– le PPC dispose de la majorité absolue à l’Assemblée nationale, avec 73 députés sur 123 (il gagne neuf députés et 6 % des voix par rapport aux dernières élections de 1998, avec 47,35 % des suffrages exprimés).
– le FUNCINPEC obtient vingt-six élus (il en perd dix-sept, et 11,5 % des voix, avec 20,75 % des suffrages exprimés).
– le PSR obtient vingt-quatre élus (il en gagne neuf, et 8 % des voix, avec 21,87 % des suffrages exprimés. En nombre de voix, il dépasse le FUNCINPEC).
La moyenne d’âge des députés est de 54 ans. Douze femmes sont élues (deux de moins que la précédente législature).
Au lendemain de la proclamation officielle des résultats des élections, Hun Sen répète qu’il restera au poste de Premier ministre : « Je tiens à déclarer au ciel, à l’air, à la terre et à l’eau, que moi, Hun Sen, ne renoncerai pas au poste de Premier ministre. »
L’administration Bush donne son avis sur le scrutin : même si le processus électoral a été « imparfait il a été meilleur que celui de 1998. Elle appelle « les parties cambodgiennes » à négocier « pacifiquement entre elles et en conformité avec la Constitution cambodgienne, afin de former un nouveau gouvernement qui serve les intérêts du peuple cambodgien
Le 4 septembre, l’Australie salue la bonne organisation des élections, « largement meilleure que lors des précédents scrutins
En dépit de sa victoire, le PPC est incapable de former un gouvernement sans l’appui des deux autres partis car la Constitution de 1993 prévoit que le gouvernement doit être approuvé par deux tiers des voix. Cet article de la Constitution, rédigé par l’APRONUC, visait à obliger les députés des divers partis à travailler ensemble mais, après une première législature, il devient complètement obsolète et bloque tout le processus démocratique.
Les deux partis minoritaires, réunis, un peu tardivement, dans une « Alliance des Démocrates exigent la formation d’un gouvernement tripartite et le départ de Hun Sen comme Premier ministre. Des deux côtés, on se déclare ouvert à la négociation, mais chacun campe sur ses positions : le Premier ministre ne reconnaît pas l’Alliance qui n’a pas eu l’aval des urnes. Le vénérable Tep Vong, patriarche de l’Ordre mohanikay, député de 1981 à 1993, appelle à la prière le 9 septembre, à la demande des « enfants de la pagode milice de type fasciste de Hun Sen. L’opposition voit dans cet appel à la prière une manouvre du PPC.
Contestations
Le 21 août, le PSR est condamné par le Comité électoral provincial de Kompong Cham à payer 2 500 dollars pour l’achat des voix de soixante-six familles, à raison de 2,5 dollars par famille.
Le 26 août, le Conseil constitutionnel (CC) rejette les cinq plaintes du FUNCINPEC, dont l’achat de votes par le PPC, la présence de chefs de villages près des urnes, etc.
Le 27 août, le CC rejette les plaintes du PSR qui demandait le recomptage des voix dans les provinces de Svay Rieng et de Kompong Thom, ainsi qu’un nouveau scrutin dans plus de cinquante communes et une municipalité. Il demande également un nouveau scrutin à Poïpet, où 46 % des votants potentiels ne se sont pas rendus aux urnes pour cause de changement de lieu de vingt-sept bureaux de vote, d’irrégularités dans l’établissement des listes (des électeurs sont inscrits dans des villages inexistants). Manifestement, le CC montre son affiliation totale au PPC.
Le 11 septembre, soit longtemps après la proclamation officielle des résultats, le chef de village de Krauch Chhmar est démis du parti, interdit de droit de vote pendant cinq ans, pour avoir interdit à l’association Comfrel de louer du matériel de projection pour l’éducation populaire concernant les élections. Un fonctionnaire de Kompong Speu et un autre de Cham Chao sont également mis à pied pour cinq ans. Un militant PSR, un autre du PPC de Battambang, et un simple citoyen de Kompong Cham sont condamnés à payer 1 250 dollars pour avoir perturbé le déroulement de la campagne électorale.
Vers un Etat PPC ?
Progressivement, les hauts fonctionnaires du FUNCINPEC sont démis de leurs fonctions :
Le 29 août, Khy Taing Lim, ministre des Transports, est démis de ses fonctions à la tête de la Commission nationale du Mékong. Quatre jours auparavant, Hong Sun Huot, ministre de la Santé, était démis de la présidence de l’Autorité nationale contre le sida.
Une directive du secrétaire d’Etat à la fonction publique demande de « contrôler strictement » les fonctionnaires des municipalités et des ministères qui se sont absentés depuis plusieurs mois pour cause d’élections. Les absentéistes sont passibles de sanctions allant de la suspension du traitement à la révocation pure et simple.
Conformément à cette directive, le 12 septembre, dix-sept fonctionnaires affiliés au FUNCINPEC, dont quatre sous-secrétaires d’Etat, dix fonctionnaires provinciaux et trois diplomates sont limogés pour absence après les élections du 27 juillet. C’est une menace non voilée aux treize ministres qui boycottent le Conseil des ministres. Depuis les élections, ce sont ainsi dix-neuf hauts fonctionnaires du FUNCINPEC qui ont été évincés et immédiatement remplacés par des membres du PPC. Le FUNCINPEC crie au scandale et à la chasse aux sorcières, mais Hun Sen répond que « les ministres doivent respecter la politique gouvernementale ou se démettre Le FUNCINPEC déclare alors caducs les accords passés entre les deux partis en 1998 pour former un gouvernement de coalition. Les Etats-Unis expriment leur « inquiétude » sur ces renvois.
Le PSR se plaint de ce que plusieurs enseignants appartenant à son parti soient mutés sans raison dans des provinces reculées.
Sam Rainsy et Ranariddh décident d’aller chercher des appuis politiques aux Etats-Unis et en France. Puis Ranariddh décide de rester au pays ; « le FUNCINPEC a absolument besoin de moi dans les circonstances présentes déclare-t-il. Sa préoccupation est d’éviter les tentatives d’achat de ses députés par le PPC. Il envoie le prince Sirivudh à sa place.
L’administration Bush ne semble pas avoir soutenu fermement les deux opposants à Hun Sen. Ils rencontrent un certain nombre de membres du Congrès, entre autres les députés Steve Chabot et Jim Kolbe, James Leach et Dana Rohrabacher, James Kelly, secrétaire d’Etat adjoint pour l’Asie de l’Est et le Pacifique, et bien sûr les traditionnels appuis que sont les sénateurs Mich McConnell et John McCain. Ces deux sénateurs estiment que la proposition de chasser Hun Sen du pouvoir est « raisonnable et réaliste Ils rencontrent également le président de Republican Institute. Ils rencontrent plus de 3 000 Khméro-Américains qui les encouragent vivement dans leur combat. Quant au National Democratic Institute, présidé par Madeleine Albright, il invite les trois partis cambodgiens à négocier rapidement : « Beaucoup de pays ont dépensé beaucoup de temps et d’argent pour le Cambodge. Est venu le temps d’arrêter. »
Les deux responsables de l’opposition arrivent en France le 11 septembre où ils rencontrent peu de soutien officiel, sinon dans la communauté réfugiée.
« Ce qui compte, dit Om Yien Teng, porte-parole de Hun Sen, ce sont les négociations internes, pas le poids des étrangers. »
Le 2 septembre, le roi Sihanouk indique dans une lettre aux trois partis qu’il présidera la séance inaugurale prévue pour le 27 septembre, soit trois mois après les élections, conformément à la Constitution. Il déclare qu’il présidera cette séance inaugurale à la condition expresse que les députés des trois partis soient présents. De France, Sam Rainsy lui répond que les vingt-quatre députés du PSR n’y participeront pas puisque le CNE refuse d’examiner ses plaintes. Y participer serait reconnaître le résultat controversé des élections. Il affirme cependant que sa décision n’est pas définitive. Le FUNCINPEC déclare pour sa part qu’il s’y rendra s’il y a au moins 120 députés (ceux de Svay Rieng et de Kompong Thom en litige sont exclus), mais, comme le PSR ne s’y rendra pas, il n’ira pas non plus.
Les 73 députés PPC écrivent une lettre au roi que porte Hun Sen qui affirme que « les forces de police et l’armée » demandent au roi de présider la séance inaugurale de l’Assemblée. Le roi prend cela pour une menace, et décline l’offre pour ne pas se plier à un groupe de pression qui a menacé de le tuer. « Je ne veux m’incliner devant personne, je ne veux pas non plus m’incliner devant notre nouveau régime dit-il. Il demande donc à Chéa Sim, président du Sénat, de présider la cérémonie en son nom.
Le PSR fait une concession : il participera à la séance inaugurale de l’Assemblée si le PPC accepte le recomptage des voix de Kompong Thom et de Svay Rieng, ce que refuse le PPC. Le 26 septembre, le porte-parole du PSR écrit au roi que les députés de son parti assisteront à la séance inaugurale. Le 27, le roi s’était préparé à se rendre à la chambre, sans doute abusé par Kong Sam Ol, ministre PPC chargé du Palais. Sam Rainsy lui envoie un fax de sa main pour l’avertir de son absence, une demi-heure avant le début de la cérémonie.
Les 73 députés du PPC inaugurent donc seuls la nouvelle législature. Le FUNCINPEC et le PSR considèrent que la session inaugurale de l’Assemblée est illégale puisqu’elle n’a pas été présidée par le roi et n’avait pas le quorum nécessaire. Arguments que réfutent le PPC et le Conseil constitutionnel car rien n’est prévu à ce sujet dans la Constitution. Le PPC offre de former une coalition avec les deux autres partis mais ceux-ci exigent le départ de Hun Sen comme condition préalable. Pour le roi, il paraît « inimaginable » que Hun Sen ne soit pas Premier ministre. « Même les pays donateurs d’aides l’accepteront dit-il.
Le roi annonce qu’il présidera la cérémonie de prestation de serment des nouveaux élus le 4 octobre. Les trois partis font immédiatement savoir qu’ils seront présents. Il les recevra au palais, mais sans entamer une quelconque négociation. Tous les députés sont présents et prêtent serment de « respecter la Constitution, de servir les intérêts du peuple et de la nation puis ils boivent l’eau du serment devant les deux chefs des deux ordres bouddhiques du pays. Cependant, les trois chefs des partis ne se sont ni salués, ni adressés un seul mot. Avec cette prestation de serment, la page de la contestation des résultats des élections est officiellement tournée.
Bien que n’ayant aucune fonction officielle dans le gouvernement, Sam Rainsy élabore un nouveau règlement intérieur de l’Assemblée nationale comprenant 86 articles répartis en dix-sept chapitres, pour « éviter les paralysies de l’institution Ce règlement prévoit notamment la mise sur pied de « groupes parlementaires la convocation régulière du Premier ministre devant les députés, etc. Le roi Sihanouk conseille au député de l’opposition d’entrer au gouvernement pour pouvoir mettre en ouvre ses idées.
Ranariddh réclame pour son parti la présidence de l’Assemblée nationale, conformément aux concessions faites en 1993, quand le FUNCINPEC vainqueur avait donné la présidence de l’exécutif à Chéa Sim, du PPC vaincu. Il suggère que Sam Rainsy soit vice-président. Lui-même se contentera d’une place de député. Le 13 octobre, le PPC menace de diriger seul tant le pouvoir législatif que le pouvoir exécutif.
La société civile commence à s’impatienter devant ces « politiciens qui ne parlent plus que de partage de pouvoir (et donc de richesses), et qui laissent complètement de côté les grandes questions politiques, comme celle du développement comme le déclare Thun Saray, président d’ADHOC. De même le président du NIFEC : « Notre pays est en proie à des problèmes de pauvreté, de corruption… Pourquoi ne les entend-on pas s’exprimer sur ces sujets ? » Pour les deux associations, un changement de l’article de la Constitution prévoyant une majorité des deux tiers pour approuver le gouvernement ne serait pas une mauvaise chose. Sam Rainsy crie au « coup d’Etat institutionnel ». « On fait le chapeau à la taille de la tête et non pas l’inverse s’écrie-il. Cependant, toutes les démocraties sont régies par une loi qui ne respecte que la majorité absolue.
Le roi ne cache plus son agacement et son mépris pour les trois partis qui n’arrivent pas à s’entendre, qui détériorent l’image du pays et qui aggravent la situation économique de la nation. Le 20 octobre, il invite les trois partis à se réunir au palais.
Cependant, le 18 octobre, à 8 heures du matin, deux hommes en motos assassinent Chou Chéatharith, rédacteur à la radio Ta Prom, proche du FUNCINPEC, alors qu’il descend de sa voiture. Visiblement, on s’est trompé de cible, et on voulait abattre le directeur. Deux jours plus tôt, Hun Sen avait menacé la radio Ta Prohm, prétendant que la radio l’avait insulté. Tous les doigts accusateurs se tournent vers le PPC, et la réunion du 20 octobre est ajournée sine die. « C’est une honte pour notre royaume du Cambodge d’avoir à subir la multiplication d’assassinats à motivations indéniablement politiques, et dont les auteurs sont dans 99 % des cas introuvables s’exclame le roi Sihanouk. Toutes les ONG de défense des droits de l’homme, la plupart des ambassades condamnent ce crime politique. Le porte-parole du PPC laisse entendre que ce crime pourrait être le fait des deux partis de l’Alliance qui voudraient discréditer Hun Sen. « C’est ridicule répondent ces deux derniers. Reporters Sans Frontières condamne le meurtre et demande au gouvernement de mettre sur pied une commission d’enquête.
Le 21 octobre, Touch Srey Nich, appelée Sonich, une des chanteuse les plus célèbres du pays, est à son tour victime d’une tentative d’assassinat : quatre assaillants en moto, dont deux en uniforme militaire, lui tirent deux balles dans le visage et une dans la nuque. Sa mère qui tentait de la protéger est tuée sur le coup. La chanteuse avait interprété l’hymne du FUNCINPEC et plusieurs chansons en faveur du parti. La chanteuse, entre la vie et la mort, est évacuée sur Bangkok. Même si elle survit, elle en sortira très vraisemblablement paralysée.
Cet assassinat évoque celui de Piseth Pilika, crime non élucidé, ou l’agression contre Tat Marina (qui envoie un message à Srey Nich). « Nous sommes confrontés à une campagne systématique d’intimidation, déclare l’opposition. Les autorités sont totalement incapables d’assurer la sécurité publique… Si l’on ne trouve pas de coupable, il faudra que Hun Sen quitte son poste. » Hun Sen accuse l’opposition de vouloir ternir l’image du gouvernement, donc de la sienne en orchestrant cette campagne d’assassinats. Le Premier ministre qui prétendait, il y a quelques mois, savoir tout ce qui se passait et se disait dans le royaume, est visiblement pris en défaut, ou bien est le commanditaire du crime (lui, ou plutôt le PPC). En régime démocratique, un Premier ministre démissionnerait. « C’est une grande honte pour notre second royaume qui ne cesse de s’avilir déplore tristement le roi Sihanouk. Il écrit trois lettres cinglantes aux « assassins professionnels à leurs « commanditaires » et aux autorités. Le gouvernement met sur pied une commission d’enquête comprenant neuf policiers affiliés au PPC et sept au FUNCINPEC, et promet 2 500 dollars à toute personne qui donnera des renseignements sur les assassins de Chour Chetharith. Le 27 octobre, la somme est décuplée… L’alliance des démocrates, pour sa part, lance une campagne de lutte contre la violence, symbolisée par le port d’un ruban orange, « couleur safran des bonzes
Violence
Le 30 août, une quinzaine de personnes appartenant au Parti du Front Khmer et qui tentaient d’organiser un défilé dans les rues de Phnom Penh sont arrêtées ; deux manifestants sont blessés à coups de matraque. Ils clamaient des slogans hostiles à Hun Sen et à l’immigration clandestine. Les manifestants sont libérés le lendemain. Le roi Sihanouk et les ONG de défense de droits de l’homme s’émeuvent de l’usage des matraques électriques.
Le 29 septembre, un membre du FUNCINPEC de la province de Kampot est tué, un autre blessé par l’explosion d’une grenade piégée, alors qu’ils ouvraient la porte de leur bureau. Crime politique ? Rivalité au sein du parti ? Affaire personnelle ? Comme toujours, aucune enquête n’est menée.
Le 30 septembre, un professeur de la faculté de droit, employé à la banque Mékong Cambodia, est abattu par deux hommes en moto, alors qu’il montait dans sa voiture.
Le 5 octobre, un ancien candidat PSR aux élections de 2002 dans la province de Kompong Thom est retrouvé décapité. Crime d’un fou sévissant dans le secteur ? Crime politique ?
Le 13 octobre, un militant du PSR est tué dans un attentat à la grenade dans la région de Kompong Cham. La maison de la victime servait de siège du PSR. Rancune personnelle ? Attentat politique ?
Le 27 octobre, Saing Rachana, homme d’affaires proche du FUNCINPEC, est grièvement blessé par balles. Il est évacué à Singapour.
Le 18 octobre, une militante du FUNCINPEC de Kampot est abattue par un policier qui a pu prendre la fuite. Le premier mari de la victime, lui aussi militant FUNCINPEC, avait été assassiné en 1994.
Le 20 octobre, deux membres du PSR qui distribuaient des tracts concernant l’attentat du 30 mars 1997 qui a fait dix-sept morts et 120 blessés sont condamnés à six mois de prison, pour « diffusion de fausses informations ».
Le 22 octobre, Chorn Chandravuth, adjoint au secrétaire général du FUNCINPEC, est sévèrement battu par un groupe de vingt gangsters.
Le 27 octobre, le procès de deux accusés du meurtre de Om Radsady, le 18 février, tient de la mascarade ou de l’humour noir. « Très étrange, vraiment étrange remarque le porte-parole de l’opposition. Par exemple, entre autres, on retrouve intact « le mobile du crime » : un téléphone portable pour le vol duquel on aurait tué Om Radsady, que les prévenus affirment avoir jeté dans le Tonlé Sap…
Le 28 octobre, le roi Sihanouk invite les trois chefs des partis opposés à se réunir au palais le 5 novembre pour trouver une solution à la crise politique. Il avoue qu’une délégation européenne l’a prié de le faire, en tant que « Père de la nation Les trois partis acceptent : trois membres du FUNCNPEC (Ranariddh, Sirivudh et Kol Pheng), trois membres du PSR (Sam Rainsy, Eng Chhay Eng et Ung Bun Long), ainsi que six du PPC (Chéa Sim, Hun Sen, Sar Kheng, Sok An, Téa Banh et Say Chhum) assisteront à la réunion. Cependant, Sam Rainsy fait une déclaration immédiatement après l’invitation du roi, affirmant que le retrait de Hun Sen du poste de Premier ministre est plus important que de gagner des sièges au gouvernement et qu’Hun Sen est un homme d’Etat incapable, qui ne peut que conduire le pays vers la catastrophe. Il faut une réforme des institutions gouvernementales qui inclut le changement de Premier ministre. « A mon avis, il faudrait discuter d’abord des principes de gouvernement et d’un programme de réformes pour redresser la situation du pays déclare-t-il. « Hun Sen devrait pouvoir convaincre l’alliance des démocrates en donnant suffisamment d’arguments prouvant qu’il peut être un bon Premier ministre ajoute le porte-parole du PSR.
La radio Ta Prohm, partisane du FUNCINPEC, et FM 103, ainsi que radio Apsara et Bayon, toutes trois proches du PPC, s’injurient à qui mieux mieux.
A près une discussion de cinq heures, les représentants des trois partis invités par le roi au palais royal, le 5 novembre, sont tombés d’accord pour former un gouvernement tripartite: Les trois partis acceptent que Hun Sen redevienne Premier ministre, que Ranariddh redevienne président de l’Assemblée nationale (bien qu’il avait déclaré ne se contenter que d’un siège de député). Quatre Vice-Premiers ministres seront nommés au lieu de deux : deux du PPC, un du FUCINPEC, un du PSR. Un troisième poste de vice-président de l’Assemblée sera également créé : deux du PPC, un du PSR. Les postes ministériels seront répartis après la reprise du travail de l’Assemblée nationale.
Si le pacte sur la formation d’un gouvernement tripartite, obtenu sous la pression d’un souverain de plus en plus agacé par les « manoeuvres et contre-manouvres » des partis, a été salué par le Département d’Etat américain et le ministère français des Affaires étrangères, il suscite des interrogations de la part des analystes qui s’interrogent sur la viabilité d’un tel accord.
ECONOMIE
D’après un rapport de la BAD (Banque asiatique pour le développement), le taux de croissance du Cambodge pour 2003 s’établirait à 5 % (5,2 % en 2002). Les exportations de textiles vers les Etats-Unis ont augmenté de 34 %. L’inflation pour le premier semes-tre est de 1,6 % (3,3 % en 2002). On constate une forte chute des prix de l’immobilier. Le déficit commercial devrait s’élever à 11 % cette année (9,8 % l’an dernier).
Un rapport de la Banque mondiale, rendu public le 14 octobre, fait état d’une baisse de 1,25 % de la population vivant au dessous du seuil de pauvreté entre 2000 et 2003 (la Thaïlande baisse de 30 % entre 2000 et 2002, le Vietnam 50 % entre 1993 et 2000, le Laos 20 % entre 1997 et 2002). L’indicateur n’a baissé que de trois points entre 1995 à 1999 (de 39 à 36 %). En 2002, le ministère du Développement rural n’a reçu que 79 % de son budget (alors que le ministère des Finances en a reçu 162 % et celui de l’Intérieur 182 %) ; durant les six premiers mois de 2003, il n’en a reçu que 17,2 %. Alors que la Défense et la Sécurité voient leur budget augmenter de 12,8 % par an, les secteur prioritaires que sont l’Education, la Santé, l’Agriculture et le Développement rural ne voient leur budget augmenter que de 4,7 %, budget qui ne leur est même pas versé en totalité.
7 000 entreprises privées sont enregistrées officiellement. La Canadian Bank annonce début septembre qu’elle met un million de dollars pour assister les petites et moyennes entreprises, par des prêts ne dépassant pas 200 000 dollars, remboursables en dix ans, au taux de 6 %. Le Mekong Private Sector Developpement Facility lance un programme télévisé pour la formation des chefs de petites entreprises, et édite vingt livres vendus à moins de deux dollars pièce pour expliquer le fonctionnement des entreprises, leur comptabilité, etc.
Le 11 septembre, à Cancun, le Cambodge devient le 147e membre de l’OMC (Organisation mondiale du commerce). Le Cambodge est donc le premier des pays les moins avancés à rejoindre les rangs de l’Organisation. Le Cambodge doit adopter 46 textes de lois d’ici 2006 pour remplir les conditions de l’OMC. Cette admission doit être approuvée par l’Assemblée nationale. Le ministre cambodgien du Commerce se plaint que « des concessions et des engagements » que le pays a été « obligé d’accepter « La somme des concessions et des engagements pris va bien au-delà de ce que l’on peut attendre du niveau de développement d’un pays parmi les moins avancés déclare-t-il (Le 6 octobre, lors d’une conférence au Cambodiana, à Phnom Penh, devant un parterre d’industriels, le ministre dira l’inverse.) Le ministre ne se prononce cependant pas sur le rapport de l’ONG britannique Oxfam, très critique vis-à-vis de l’OMC. Si le Premier ministre cambodgien salue cette entrée comme un « succès historique les analystes économiques sont plus critiques. « On peut espérer cependant que cette admission obligera la pays à se débarrasser des surcoûts liés à la corruption, à l’absence de cadre juridique, du prix élevé de l’énergie, des transports, des assurances qui handicape la compétitivité du pays… espère l’analyste belge Raoul Jennar.
En lien ou pas avec l’entrée du Cambodge à l’OMC, les acheteurs de produits textiles cambodgiens demandent déjà la réduction des prix d’achat : ils demandent de baisser le jean de cinq dollars à deux dollars et demi, le prix qu’ils le payent en Chine. Pour le président des patrons du textile, le gouvernement doit impérativement cesser de ponctionner les entreprises par des « taxes non officielles euphémisme pour parler du racket. Les patrons passent 16 % de leur temps en formalités administratives (environ 12 % plus qu’au Bangladesh) ; les importations mettent deux fois plus de temps à être dédouanées ; les entreprises payent aux fonctionnaires environ le double de ce qu’ils paient au Bangladesh. « La lutte contre la corruption est la chose la plus importante pour attirer les investissements étrangers directs dit le représentant du FMI.
Quoi qu’il en soit, l’industrie textile a fait un bond en juillet et août. Les investissements ont totalisé 16,5 millions de dollars (10,5 durant le second trimestre) ; deux nouvelles usines ont été approuvées par le CDC (Council for the Development of Cambodia), pour un investissement total de 2,3 millions de dollars. En comparaison avec d’autres pays, le prix du travail est compétitif. Aucune usine ne s’est encore délocalisée en Chine. La BAD va fournir une assistance technique pour évaluer les conséquences économiques de l’adhésion du Cambodge à l’OMC. 500 000 dollars sont versés par la Grande-Bretagne pour cette étude.
Riz
Selon le ministre cambodgien de l’Agriculture, on ne peut pas encore parler d’autosuffisance alimentaire au Cambodge. L’excédent de 113 000 tonnes de riz de l’année dernière est trop modeste et masque de fortes disparités entre les provinces. De fait, depuis plusieurs semaines, la population d’Oddar Méan Chhey, de Kompong Speu et de Pursat, ainsi que quelques secteurs de Bantéay Méan Chhey, font face à une famine sévère, à cause du cycle sécheresse-inondations, à mettre en relation directe avec la déforestation.
En 2002, l’Indonésie avait exprimé le désir d’acheter 50 000 tonnes de riz cambodgien, et la Malaisie 120 000, mais le Cambodge, ne possédant pas de trésorerie, a refusé les offres d’achat à cause des délais de paiement. Deux sociétés en ont vendu entre 3 000 et 4 000 tonnes à la Malaisie, à Hongkong, à l’Union européenne.
Caoutchouc
Le caoutchouc du Cambodge, qui était vendu entre 450 et 500 dollars la tonne en 2000, est monté à 920-950 dollars en septembre. Il est vendu par la Malaisie à 1 080. En 1996, il valait 1 660 dollars la tonne. Cependant, la demande diminue, à cause de la contrebande de latex sur le Vietnam et l’âge avancé des hévéas. Le Cambodge exporte environ 40 000 tonnes de caoutchouc sec par an. La production des sept usines de caoutchouc rapporte une moyenne annuelle de 32 millions de dollars depuis 2001, et génère 2,3 millions en taxes d’exportation.
Pêche
Le 29 août, le Conseil des ministres interdit l’usage des filets à mailles fines et l’usage des batteries pour attraper les poissons. Ces pratiques ont mis sérieusement en péril la survie des ressources halieutiques du pays. « Si cela continue, la ressource halieutique aura complètement disparu dans dix à vingt ans dit un spécialiste. Contrairement aux idées reçues, selon ce même spécialiste, « seulement 20 % des eaux du Mékong proviennent de Chine, et 70 à 75 % proviennent des eaux de pluie Le 22 octobre, le Conseil des ministres déclare que la race de poissons « Pangasius hypophthalmus » est pratiquement éteinte. Cette disparition est due à l’irrégularité du niveau des eaux et à la pêche abusive. On estime que le nombre de poissons dans le Mékong a baissé de 80 % depuis 1980.
700 kg de poissons passent chaque jour en contrebande à la frontière de Poïpet. Des handicapés le passent par petits paquets de 4 à 5 kg, considérés comme « achats familiaux non soumis à une taxe d’exportation.
Marine
Le 22 octobre, la marine suédoise procède au sauvetage de l’équipage d’un bateau battant pavillon cambodgien en perdition au large de la côte occidentale du royaume scandinave. La nouvelle société cambodgienne pour l’immatriculation des bateaux de complaisance n’a pas encore réussi à assainir la situation et la réputation de la flotte cambodgienne. L’ISROC a cependant versé plus de 250 000 dollars au gouvernement cambodgien durant les six premiers mois de son exercice, alors que la précédente compagnie n’en avait versé que 300 000 en plusieurs années.
Bois
Les habitants de Koh Kong se plaignent que, depuis les élections du 27 juillet, les coupes illégales de bois de qualité s’intensifient.
Le 15 octobre, Global Witness, photos à l’appui, affirme que plusieurs camions chargés de bois illégalement coupé à Phnom Samkos, dans la province de Pursat, gagnent la Thaïlande. Ces camions sont escortés par sept militaires, dont l’ONG cite l’unité et le nom des chefs. Le bois est coupé dans le district de Véal Veng. Le ministre de l’Agriculture admet que des activités illicites puissent encore être commises au Cambodge, mais affirment qu’elles ne sont plus conduites à une grande échelle. Le 28 octobre, Global Witness publie un communiqué, affirmant qu’« une opération illégale de coupe de bois bien organisée et supervisée par des membres de l’armée » est lancée aux alentours de la plantation d’hévéas de Tumring, dans la province de Kompong Thom. Des grumes sont sur le point d’être emportées…
Viande
Les produits carnés constituent le premier poste de dépense des ménages cambodgiens, devant les céréales. Les produits à base de porc représentent 75 % de la consommation de viande. La consommation nationale ne serait couverte qu’à hauteur des deux tiers par la production locale. D’un tiers à la moitié des porcs abattus à Phnom Penh proviendraient du Vietnam, sans aucune taxe d’importation officielle. Un trafic similaire se retrouve à la frontière thaïlandaise, où, de notoriété publique, sont importés les animaux malades ou de qualité inférieure du marché intérieur thaïlandais.
Tourisme
Une société russo-cambodgienne, Progress Multigrade, relie désormais trois fois par semaine Siemréap et Sihanoukville, Siemréap et Ratanakiri.
AIDES ET INVESTISSEMENTS
Le 29 août, la Banque asiatique pour le développement (BAD) annonce qu’elle a prévu d’allouer 239 millions de dollars de prêts au cours des trois prochaines années, pour financer douze projets. La BAD débloquera en outre 11,4 millions de dollars d’assistance technique.
Durant le 1er semestre 2003, les projets d’investissements s’élèvent à 5,8 milliards de dollars, contre 3,77 durant la même période en 2002. Les investissements directs dans le secteur manufacturier ont augmenté de 54 % par rapport à 2002. Cependant, les recettes de l’Etat sont inférieures de 10 % aux objectifs prévus ; la balance de paiements reste malgré tout positive, à 100,5 millions de dollars au premier semestre. La crise politique a bloqué tout investissement durant les trois derniers mois.
Le Canada fait un don de quatre cents tonnes de poissons en boîte, pour une valeur d’un million de dollars, au PAM (Programme alimentaire mondial). Il en a ainsi donné 3 004 tonnes depuis 1999.
Le 19 septembre, la Banque mondiale annonce le déblocage d’un crédit de vingt millions de dollars sur trois ans, destiné à financer des projets de développement rural concernant un million et demi de personnes dans les provinces de Kompong Thom, Oddar Méan Chhey, Préah Vihéar et Siemréap. Ces projets visent notamment à restaurer le réseau des routes secondaires et tertiaires.
Le 22 septembre, le gouvernement japonais accorde une aide de 110 740 dollars pour des projets « de base » : Centre médical de la Croix-Rouge cambodgienne et construction de quatre écoles.
Le 29 septembre, les Etats-Unis débloquent 9,5 millions de dollars pour financer différents programmes de défense des droits de l’homme : 4,7 millions à l’ONG américaine East West Management qui sera chargée d’aider ses homologues cambodgiennes. Foundation reçoit 3,2 millions pour lutter contre le trafic d’êtres humains et pour un programme anti-corruption ainsi que pour la mise en place du tribunal devant juger les Khmers rouges. Organisation for Migrations en reçoit 344 000 pour lutter contre le trafic humain ; Center for International Labor Solidarity Organisation, 500 000 ; Republican Institute, très critique par rapport à Hun Sen, 800 000. Plusieurs observateurs voient dans l’attribution de cette aide une réorientation de la politique des Etats-Unis : les ONG locales doivent se soumettre à la politique de l’Oncle Sam ou disparaître.
Dix millions de dollars sont débloqués par la Corée du Sud pour construire un pont à Kampot, parallèle de l’ancien pont français qui vient d’être réparé (pour 40 000 $).
Le 29 octobre, le Japon promet une aide de 15,7 millions de dollars au gouvernement pour l’aider à combler les 55 millions qui lui manquent pour boucler le budget 2004.
SOCIETE
Mouvements sociaux
Le septième rapport de l’OIT (Organisation internationale du travail), rendu public en début octobre, ne dénonce aucun cas de travail de mineurs, ni de travail forcé. La liberté syndicale semble globalement respectée, bien qu’est relevé un certain nombre de cas de licenciements abusifs. Le rapport note de nombreuses infractions au droit du travail, par exemple le non-paiement des heures supplémentaires ou bien le fréquent « oubli » des primes pour travail de nuit. Dans dix-sept usines sur les soixante et une inspectées, les ouvriers ont dû payer pour obtenir un emploi ; dans six d’entre elles, ils ont dû travailler sans salaire pendant un certain temps de probation. La durée du temps de travail, fixée à 48 heures par semaine, est dépassée dans près de la moitié des usines visitées. A l’avenir, la Chine devrait rafler 80 à 90 % du marché mondial du textile, du fait de ses coûts de production imbattables. « La qualité des conditions de travail fera la différence à l’avenir pour l’obtention des contrats analyse assez justement le secrétaire général adjoint du syndicat des patrons d’entreprises textiles. « Il n’y a aucun risque que la Chine se plie aux recommandations de l’OIT remarque, pour sa part, le secrétaire d’Etat cambodgien au Commerce.
Le 1er octobre, une cinquantaine d’ouvriers manifestent devant le ministère du Travail et des Affaires sociales contre les mauvaises conditions de travail dans leur usine, non déclarée officiellement, et contre le licenciement de cinq syndicalistes. Ils présentent dix-neuf revendications, dont la présence d’un médecin dans l’usine, le repos du dimanche et le remboursement des jours d’absence pour maladie.
Le 13 octobre, environ cinq cents ouvriers de l’usine Kim Por, située en plein cour de Phnom Penh, descendent dans la rue pour protester contre l’expulsion manu militari d’une collègue et contre les heures supplémentaires forcées. L’infortunée avait refusé d’effectuer des heures supplémentaires, puis rejeté les vingt-cinq dollars donnés pour solde de tout compte. Les grévistes présentent une liste de treize revendications, dont la fin des heures supplémentaires obligatoires, la fin des licenciements abusifs ; ils demandent des sanctions contre six membres de l’encadrement coupables de violence.
Une actrice d’Hollywood, âgée de 32 ans, Minnie Driver, veut venir partager la vie des ouvrières du textile du Cambodge pour montrer au monde l’exploitation dont sont victimes les ouvrières. Le président du syndicat lui propose de faire une demande d’embauche, comme tout le monde, mais que sait-elle faire ? Sait-elle seulement coudre ?
Le 10 septembre, 350 salariés, issus de neuf établissements privés, créent la Fédération des syndicats d’ouvriers et employés du secteur touristique du Cambodge. Ly Korm, secrétaire du syndicat du personnel de l’hôtel Cambodiana, est élu à la tête de la fédération. Cette fédération pourra se relier au réseau mondial, notamment pour les affaires concernant les multinationales.
Justice
Le 16 septembre, la cour de justice de Kompong Cham condamne le meurtrier d’une fille de 16 ans, fille d’un militant PSR, qui ramassait du latex dans la plantation de Chup, à deux ans de prison avec sursis. Ce jugement suscite l’indignation des ONG de défense des droits de l’homme.
Le 23 septembre, l’armée, équipée de tracteurs et de bulldozers, détruit quatre hectares de bananiers du village de Ta Pen, au pied du Phnom Kulen. D’après les villageois, déjà 80 hectares de plantations ont été détruis depuis le mois d’août. Sur les 96 familles désormais sans terre, environ la moitié se sont réfugiées à Phnom Penh, à la pagode Sarawann, où elles vivent de la mendicité.
Le 27 octobre dans la nuit, une voiture roulant à vive allure heurte une camionnette de vendeur de noix de cocos : le chauffeur de la camionnette est tué, son frère grièvement blessé. Un des quatre occupants de la voiture endommagée sort un fusil d’assaut AK 47 et se met à tirer sur les voitures qui passent et les badauds, tuant deux personnes et en blessant une autre. On apprend que le tueur fou est Nhem Sophéa, neveu de Hun Sen, et coutumier du fait, mais de qui, bien entendu, on ne retrouve aucune trace.
En juin 1999, Nhim Pisey, frère de Nhim Sophéa, est accusé de port illégal d’armes après une fusillade dans un karaoké. En février 2000, Hun Chéa, autre neveu de Hun Sen, est arrêté après une fusillade dans une boîte de nuit. En décembre 2000, Nhim Pov, alias Nhim Sophéa, est accusé d’avoir agressé et gravement blessé trois Japonais. En novembre 2001, le même Nhim Sophéa est accusé d’avoir tiré des coups de feu dans un karaoké. En décembre 2001, Hun Chéa est à nouveau arrêté après une fusillade dans un débit de boisson. C’est toujours le même scénario : Hun Sen jure ses grands dieux que ses neveux n’échapperont pas à la justice qui est la même pour tous mais, après deux ou trois jours passés à l’ombre, les voilà libres comme l’air… Ce n’est pas à tort que l’on parle de culture de l’impunité. « Les prisons cambodgiennes sont pleines de pauvres qui n’ont pas de quoi payer… Les riches et les puissants peuvent s’arroger le droit de piétiner les plus faibles dit Thun Saray, président de ADHOC.
Une Cambodgienne des Etats-Unis avoue avoir arrangé seize mariages en 2002, afin de faire obtenir des visas pour les Etats-Unis. Elle recevait 3 000 dollars par mariage, célébré à Phnom Penh, puis 4 000 lors de l’obtention du visa. Les citoyens américains qui « se mariaient » ainsi n’avaient pas l’obligation de vivre avec leur « épouse » cambodgienne et divorçaient en moins de deux ans.
Education
Le 28 août, les autorités provinciales de Kompong Chhnang empêchent l’AIEC (Association indépendante des enseignants du Cambodge) d’organiser une réunion. L’AIEC estime que cette interdiction est une violation flagrante de l’article 41 de la Constitution qui garantit la liberté de réunion. Une militante de l’AIEC de Kompong Cham reçoit des menaces de mort pour son entêtement à soutenir le PSR et le FUNCINPEC.
Après la décision prise il y a un an par les autorités de procéder à une meilleure répartition des enseignants, 1 300 enseignants volontaires se sont installés dans des régions défavorisées. Devant le déficit d’enseignants, qui ont de la difficulté à s’adapter dans ces régions éloignées, le directeur de l’Education de la province de Préah Vihéar déclare qu’« il serait plus judicieux de former des gens du cru Cependant, le 4 septembre, 195 enseignants d’écoles primaires de la province de Kompong Cham envoient une lettre au ministre de l’Education se plaignant de ce que leur salaire de 232 dollars annuels ait été amputé de 99 dollars parce qu’ils enseignent dans des régions éloignées. Cette lettre est par l’AIEC. Les enseignants non titularisés reçoivent entre 15 à 25 dollars par mois, selon les cas. Après deux ans d’enseignement, ils recevront le salaire complet d’un titulaire, soit 28 dollars.
Le taux d’échec au baccalauréat avoisine les 60 %. 14 360 élèves ont été reçus. Phnom Penh affiche un taux de réussite de 77,25 % ; dans la capitale, les élèves ont accès aux écoles privées et aux bibliothèques. 77,32 % des collégiens ont réussi le brevet. Ceux des provinces reculées de Préah Vihéar, de Stung Treng et la ville de Païlin arrivent en tête, avec plus de 90 % de réussite.
Le Cambodge compte actuellement dix universités privées et treize instituts d’éducation supérieure à Phnom Penh, douze en province. Les six universités d’Etat et cinq instituts officiels enseignent entre 2 100 et 2 300 des 14 000 candidats. Rong Chum, président de l’AIEC, estime que ces universités privées « n’enseignent qu’à faire des affaires, mais ne dispensent pas une éducation de qualité Le nombre d’étudiants dans les établissements privés est en baisse.
90 000 analphabètes du Cambodge bénéficient du système d’éducation non formelle. Entre 1 500 et 1 800 enseignants ont été formés à cette forme d’enseignement. Si le système formel a augmenté de 30 % en trois ans, il reste encore 250 000 enfants en dehors du système scolaire.
Le pays compte 1 145 écoles maternelles qui ont accueilli 64 000 enfants en 2002. 5 992 écoles primaires (174 de plus qu’en 2002), reçoivent près de 2,8 millions d’élèves, dont 46,7 % de filles, avec un budget (officiel) de 6,37 millions de dollars. En théorie, l’inscription des enfants est gratuite. Près de 600 établissements du secondaire, 411 collèges et 183 lycées, dispensent une éducation à 66 000 jeunes.
Le Cambodge compterait aujourd’hui environ 500 000 orphelins (leurs parents ont été victimes de la guerre, du paludisme et autres maladies, 20 % du sida), et devrait en compter encore autant d’ici à 2010, du fait de l’explosion de l’épidémie du sida (27 % des orphelins). L’UNICEF conseille fortement les placements dans les familles élargies plus que dans des institutions et de venir en aide ponctuellement en aide aux familles. A Svay Rieng, 80 % des enfants vivent avec leurs grands-parents, dont les familles sont en voie de paupérisation.
Santé
Il y aurait au Cambodge 144 000 aveugles, soit 1,2 % de sa popula-tion (en Thaïlande, le taux est de 0,5 %). Le 29 août, l’ambassade britannique a remis deux cents cannes blanches, achetées à dix-huit dollars l’unité, à l’association des aveugles du Cambodge. En dix-huit centres sont pratiquées 7 000 opérations des yeux, par an. Les cécités pourraient être évitées par opérations (cataractes) ou par des soins appropriés, ou simplement par la distribution de vitamine A aux enfants atteints de rougeole. Il y aurait au Cambodge 300 000 sourds de naissance.
Les Etats-Unis signent un accord avec le ministère de la Santé pour la continuation de leur aide à la prévention du sida, en plus des 22,6 millions accordés pour lutter contre les maladies liés à la naissance et à la maternité. 95 à 125 enfants sur 1 000 meurent avant cinq ans. C’est le taux de mortalité infantile le plus élevé de la région.
Roger Moore, alias James Bond, vient au Cambodge comme « ambassadeur de bonne volonté » de l’UNICEF, pour faire la promotion du sel iodé. 12 % des enfants âgés de 8 à 12 ans souffriraient de goitre provoqué par la carence en iode. Les régions montagneuses et des bassins fluviaux sont dépourvus d’iode, ainsi que les salines de Kampot (4 000 hectares de marais salants). En 1997, l’UNICEF avait donné dix machines à ioniser le sel à la société Phéaphimex (proche de Hun Sen), mais quatre de ces machines sont déjà hors d’usage, les autres ne sont pas utilisées à plein rendement. Le Cambodge aurait la capacité de produire les 65 000 tonnes de sel iodé dont le pays a besoin, mais en importe plus de la moitié de Chine. Le 20 octobre, Hun Sen signe un sous-décret réglementant la production et la consommation du sel iodé.
Le 9 octobre, le ministère des Affaires sociales et l’OIT signent un programme de sensibilisation au sida auprès de la population ouvrière des usines, pour un montant de 430 000 dollars. 94 % des personnes atteintes du sida ont entre 15 et 49 ans. L’épidémie pourrait provoquer une réduction de la force de travail de 10 à 30 % dans l’avenir. Le coût de l’épidémie pourrait s’élever entre deux et trois milliards de dollars pour le Cambodge d’ici 2006.
Le 8 octobre, l’Allemagne accorde 3,2 millions de dollars pour la réforme du système de santé. C’est le premier versement d’une aide de 9,3 millions à verser en dix ans.
Drogue
Le 4 septembre, la police australienne saisit 750 kg de pseudo-éphédrine, pour une valeur de 26 millions de dollars dans un conteneur en provenance du Cambodge. Cette saisie s’inscrit après une enquête menée pendant trois mois par les polices des deux pays, à la suite d’une saisie de 24 kg d’héroïne à Sydney, toujours en provenance du Cambodge, cachés dans du prahoc, et d’une valeur de 14,5 millions de dollars.
Le 14 septembre, deux casinos clandestins de Phnom Penh sont fermés par la police. Onze étrangers (des Chinois, des Thaïlandais et des Philippins) et vingt-neuf Cambodgiens sont arrêtés. Les étrangers sont expulsés le 22 septembre et les deux patrons cambodgiens des casinos sont incarcérés. Quelques jours plus tard, deux autres karaokés suspectés de trafic de drogue sont également fermés et leurs patrons mis en prison.
Le 25 septembre, deux Laotiens, dont un ancien moine de la pagode Onalom, sont arrêtés en possession de 20 000 pilules d’amphétamine passées en contrebande. Le 30 septembre, la police saisit 30 610 pilules de méthamphétamine dans une guest house de Bavel (Battambang), mais personne n’est arrêté.
Onze Taïwanais sont arrêtés entre le 27 et 29 septembre en possession de 40 kg d’héroïne et d’amphétamines.
Le 1er octobre, 35 kg d’héroïne, 15 kg d’amphétamines et d’autres narcotiques sont saisis dans une maison appartenant à un lieutenant-colonel du ministère de la Défense. 35 kg de narcotiques supplémentaires sont découverts à la suite de l’interrogatoire d’un suspect, également militaire. Ces narcotiques, d’une valeur de 15 millions de dollars, seraient destinés à l’Australie et aux Etats-Unis. On saisit également une machine à fabriquer des pilules d’amphétamines et quatre voitures de luxe. Sept Cambodgiens et six Taïwanais sont arrêtés. Le 8 octobre, toutes les drogues saisies sont brûlées.
Le 10 octobre, cinq fonctionnaires du port de Sihanoukville sont arrêtés, accusés de trafic pour l’envoi de 24 kg d’héroïne vers l’Australie en avril dernier, Le même jour, la police arrête un autre général et un lieutenant-colonel, en relation avec les 35 kg d’héroïne et 15 kg d’amphétamines saisis le 1er octobre. Selon l’organe de lutte contre la drogue de l’ONU, « depuis plusieurs années, des informations étaient fournies sur l’implication de hauts fonctionnaires cambodgiens dans un réseau de trafic d’héroïne très sophistiqué ». Heng Peuv, directeur de la PJ de Phnom Penh, estime pour sa part que la majorité des crimes commis actuellement ont un lien avec le trafic de drogue.
Le 13 octobre, Hun Sen ordonne la libération de quatre suspects, arrêtés le 10 octobre. Ils sont relâchés le 20 octobre. Les dix-sept ONG cambodgiennes de défense des droits de l’homme dénoncent cette intrusion de l’exécutif dans le fonctionnement de la justice. « La communauté internationale pourrait comprendre que le gouvernement n’a pas la volonté de combattre la criminalité déclare le communiqué des ONG. C’est un passe-droit qui risque de coûter très cher au Premier ministre, les Etats-Unis étant très sensibles au trafic de drogue et pouvant décider de couper les fonds.
Le 2 octobre, des policiers français saisissent 6,4 tonnes de cigarettes de marque « Crown » dans un conteneur transportant des meubles en bambous en provenance du Cambodge. Les 640 cartons représentent une valeur marchande d’un million d’euros.
Trafic d’êtres humains
Tant les ONG qu’un certain nombre de fonctionnaires sont d’accord pour affirmer que le trafic d’êtres humains est en nette recrudescence depuis le début de l’année. ADHOC a reçu 57 rapports durant les six premiers mois. Le responsable gouvernemental de la lutte contre le trafic d’êtres humains de Bantéay Méan Chhey rapporte 40 cas depuis le mois de février. A Poïpet, on estime qu’une centaine de Cambodgiens sont vendus en Thaïlande chaque jour. La pauvreté et l’absence de lois en sont la cause. La plupart des trafiquants sont protégés par des « personnages importants » et échappent à tout jugement. « Tant que les responsables du gouvernement ne voudront pas sévir, le trafic d’êtres humains continuera dit la ministre des Affaires féminines.
Le 24 octobre, la World Education in Cambodia lance un plan de quatre ans, avec un budget de trois millions de dollars, approvisionné par les Etats-Unis, afin de réduire le nombre de jeunes filles victimes de trafic et de la prostitution.
Durant les deux derniers mois, on signale de nombreux cas d’arrestation et d’incarcération d’étrangers pour pédophilie ou viols. Le 3 septembre, un Américain de 56 ans est arrêté pour pédophilie. Le 2 septembre, au Japon, un Japonais est accusé d’organiser du tourisme sexuel au Cambodge. Le 23 octobre, un Néo-zélandais est arrêté pour viol de plusieurs jeunes filles qu’il employait comme personnel de maison.
Un jeune homme de 19 ans est accusé d’avoir violé une fillette de 14 mois ! Le violeur est condamné à dix ans de prison et à 2 500 dollars d’amende. A Svay Rieng, un garçon de 15 ans est condamné à douze ans de prison pour le viol d’une fillette de 7 ans. De mars à août, ADHOC a recensé 178 cas de viols, commis surtout dans la région de Battambang. Seulement 40 % des suspects sont arrêtés, l’impunité est accordée aux autres qui payent la police ou des « personnes importantes 73 % des victimes ont moins de 18 ans, dont la moitié ont entre 3 et 10 ans. 17 % des violeurs ont moins de 17 ans.
Le 15 octobre, sept prévenus vietnamiens, accusés de proxénétisme et arrêtés le 29 mars à Svay Pak, sont condamnés à des peines exemplaires allant de cinq à quinze ans de prison. Généralement, les autorités cambodgiennes sont peu enclines à sévir contre de telles activités, mais elles ont été « convaincues » d’intervenir par une ONG chrétienne américaine (International Justice Mission – IJM). L’enquêteur américain, qui avait caché une caméra dans la monture d’une paire de lunette et avait marchandé le prix des prostituées mineures, s’était porté partie civile. Comme IJM travaille en partenariat avec le gouvernement, les avocats n’ont pas pu défendre leurs clients comme ils le désiraient. Plusieurs ONG désapprouvent le principe : les ONG n’ont pas à se substituer à la police.
Mines
847 victimes ont été recensées en 2002 (dont la majorité victimes des munitions non explosées), soit un peu plus que les 828 victimes de l’année 2001. On déplore 56 793 victimes de 1979 à la fin de 2002, dont 17 918 morts. De janvier à août 2003, on déplore 545 accidents (647 en 2002).
Halo Trust vérifie la ferraille exportée du Cambodge vers la Thaïlande : jusqu’à la date du 8 septembre, l’association découvre 2 353 objets non explosés contenant des explosifs, sur 12 425. Le 13 octobre, CMAC confisque plus de trente tonnes de ferraille comprenant des explosifs non explosés. Le 24 octobre, Halo Trust fait exploser vingt tonnes d’explosifs ainsi saisis.
45 % des terres déminées de 1993 à 1999 l’ont été par les villageois eux-mêmes, à grands risques.
RAPPORTS AVEC LES PAYS VOISINS
Vietnamiens au Cambodge
Le premier journal en langue vietnamienne, le Tuong Lai (‘), a commencé à paraître le 16 août. Ce journal se veut neutre et désireux de faire comprendre les lois du gouvernement cambodgien à la communauté vietnamienne présente au Cambodge.
Le 30 août est apparu un curieux campement de 78 Khmers Krom, dont des femmes et des enfants, dans le village de Hong Teuk, dans le srok de Phnom Preuk (province de Battambang). Cinq responsables, incarcérés, ont créé un Front national de libération des Khmers Krom, promettant cent dollars à chaque famille. Aucune arme et aucun document n’a été trouvé. Le 11 septembre un autre camp de 37 Khmers Krom est dispersé à Kau Khlour, près de la frontière thaïlandaise. Deux Américains sont arrêtés, dont un Khmer Krom de nationalité américaine. Ils seront expulsés du pays le 18 septembre. Là encore, la police ne trouve ni arme ni document. La police sermonne les Khmers Krom avant de les relâcher, leur disant « qu’il est illégal de vouloir mener depuis le Cambodge des actions contre un gouvernement étranger
Selon un journaliste de Radio Free Asia, une vingtaine de Montagnards du Vietnam se cacheraient dans le Nord-Est du Cambodge. Le 20 juillet, une soixantaine d’entre eux ont fui les persécutions des autorités vietnamiennes. Trente-quatre d’entre eux seraient retournés au Vietnam, quatre auraient été arrêtés, les deux responsables se sont réfugiés auprès de l’ONG ADHOC, avant d’être confiés au Haut Commissariat de l’ONU pour les Réfugiés (UNHCR) qui les a évacués sur Phnom Penh. La police confirme la déportation de quatre Montagnards, le 7 août, mais nie le reste. Le gouvernement accuse l’UNHCR de ne pas respecter la souveraineté de l’Etat cambodgien en transférant deux réfugiés à Phnom Penh sans avoir obtenu son consentement préalable. Une fondation américaine accuse la police d’avoir livré sept Montagnards aux autorités vietnamiennes, les 3 et 6 août, contre de l’argent. Soixante-dix seraient encore cachés dans la forêt. Le gouvernement cambodgien dément. Le roi rappelle au gouvernement que le Cambodge a signé les « conventions onusiennes sur les droits de l’homme
Le gouvernement cambodgien envisage de développer 100 km. de routes dans la province de Ratanakiri pour développer le commerce avec le Vietnam et le Laos.
Rapports avec la Thaïlande
Le 22 août, les autorités thaïlandaises sont accusées d’avoir défroqué quinze moines khmers entrés illégalement sur leur territoire. « Il ne s’agit que d’une erreur disent les autorités. On signale de plus en plus souvent des tirs thaïlandais sur des civils cambodgiens se rendant illégalement en Thaïlande (entre autres, le 29 septembre dans le secteur de O Beichoan).
D’après une déclaration de l’association des pêcheurs de Sihanoukville en date du 2 septembre, toutes les nuits, une vingtaine de bateaux de pêche thaïlandais entrent pêcher dans les eaux territoriales cambodgiennes, mais fuient à l’arrivée des bateaux de garde cambodgiens. A Koh Kong, les bateaux thaïlandais payent une redevance au gouverneur qui utilise cet argent pour le développement de la ville.
Cinq sociétés thaïlandaises et l’ambassade de Thaïlande, victimes des émeutes du 29 janvier dernier, ont été indemnisées. Plusieurs points de litige subsistent entre les deux gouvernements pour le remboursement des autres sociétés : le nombre des sociétés à indemniser n’est pas le même (les Khmers en comptent 16, les Thaïlandais 17) ; le gouvernement accuse les Thaïlandais de gonfler le montant des dégâts. Le 15 septembre, 56 des 58 prévenus impliqués dans les violences anti-thaïlandaises du 29 mars sont acquittés et deux étudiants, accusés d’être les meneurs, sont condamnés. Le 18 septembre, le roi gracie les deux étudiants encore emprisonnés, qui devront attendre jusqu’au 24 septembre avant d’être libérés. On ignore toujours les commanditaires et, surtout, les raisons de ces violences. « Les casseurs sont connus, mais on ne les arrête pas, ils sont laissés libres comme l’air remarque tristement le roi. Ken Sara, l’un des étudiants condamnés puis relâchés, écrit une lettre au roi demandant 100 000 dollars de dommages et intérêts pour une détention préventive qui a dépassé six mois.
Le 13 septembre, trente soldats cambodgiens fortement armés affrontent quarante soldats thaïlandais pour interdire la construction d’un bureau de vente de billets pour la visite du temple de Préah Vihéar, à vingt mètres à l’intérieur du territoire thaïlandais. Le gouverneur de la province de Préah Vihéar expulse les petits vendeurs thaïlandais du temple de Préah Vihéar.
En vue de la préparation du sommet de l’APEC (Coopération Economique Asie Pacifique), qui se tient du 20 au 21 octobre, le gouvernement thaïlandais expulse 921 Cambodgiens par avion à Phnom Penh. Selon le gouvernement thaïlandais, ce sont des mendiants raflés dans les rues de Bangkok. En réalité, il s’agit de travailleurs clandestins, ou même de victimes de trafic d’êtres humains. Les Etats-Unis critiquent la décision thaïlandaise (mais que font-ils avec des réfugiés cambodgiens nés aux Etats-Unis ?), qui expose les déportés à être à nouveau les victimes d’un potentiel trafic d’êtres humains. Les Etats-Unis accordent une aide d’un million de dollars pour lutter contre le trafic d’êtres humains en Thaïlande, dont deux tiers par le biais des ONG, un tiers directement au gouvernement.
Une réunion entre les fonctionnaires khmers et thaïlandais est prévue pour négocier la présence des travailleurs cambodgiens sur le sol thaïlandais : « Nous voulons que les travailleurs cambodgiens soient enregistrés et aient du travail garanti par une société thaïlandaise dit le ministre de l’Intérieur thaïlandais. En 1999, on estimait à 82 000 le nombre de travailleurs cambodgiens en Thaïlande.
Le 20 septembre, puis le 17 octobre, les autorités de Bantéay Méan Chhey empêchent un groupe de cinquante paysans escortés par dix policiers thaïlandais de réparer un barrage qui empiète sur le Cambodge et qui risque de détourner une eau bénéfique aux cultures khmères.
Les Etats-Unis s’engagent à verser 108 000 dollars pour l’aide à la réinsertion des citoyens khmers renvoyés des Etats-Unis, soit 650 dollars par réfugié renvoyé au travers d’une ONG pour leur réinsertion, et 300 au gouvernement pour payer les frais occasionnés. Jusqu’à présent, 67 Cambodgiens passibles de peines encourues aux Etats-Unis ont été rapatriés.
Plusieurs centaines d’habitants, originaires de Prey Veng, sont exploités, souvent malades, sur des bateaux de pêche thaïlandais de la province de Rayong. Ils représenteraient entre 60 à 70 % de la main-d’ouvre travaillant sur les quelque 1 230 bateaux de pêche de la province. La plupart ont été trompés par des intermédiaires peu scrupuleux, ils sont soumis aux tracasseries administratives, à l’arbitraire des chefs d’embarcation, au sida, .
Le 23 septembre, cinq représentants de quarante-deux travailleurs chinois se rendent à l’ambassade de Chine pour demander une aide au retour dans leur pays. On les a fait venir au Cambodge il y a quatre mois en leur promettant un travail dans la construction, mais ils n’ont toujours rien eu.
DIVERS
Sept anciens temples du Xe siècle, connus par les paysans sous le nom Ta Lar Taly, sont découverts en septembre à une quinzaine de kilomètres de Siemréap. Beaucoup d’autres seraient encore inconnus (des Occidentaux) dans la forêt.
Le 12 septembre, le HCC Group (Hygien Care Cambodia), une société khmère, passe un contrat de trois ans pour le nettoyage des 400 km du site d’Angkor. Cette société emploiera entre 128 et 170 personnes, payées quarante dollars par mois. Déjà six cents poubelles sont en place et une centaine de balayeurs sont au travail. HCC est déjà chargée de la propreté des aéroports de Phnom Penh et de Siemréap. L’autorité Apsara recrute 250 gardes qui s’ajouteront aux 278 gardes et nettoyeurs des temples déjà embauchés. Ces gardes sont équipés de motos et de fusils d’assaut AK 47. Soixante-quatre familles de squatters ont été chassées du site d’Angkor au début septembre, cent autres le seront bientôt.
Le 13 octobre, la police de Kompong Thom saisit une tête de Vishnu pesant 21 kg, datant du XIe siècle, originaire de Bantéay Méan Chhey. En septembre, la police avait découvert une statue de Bouddha, datant du Xe siècle, pesant 500 kg.
Les conducteurs de motos et taxis de Siemréap doivent désormais obligatoirement porter une veste d’uniforme, avec leur nom, les numéros de la police, qui leur est vendue six dollars pièce. Les dix-sept agences de voyage s’insurgent, car les conducteurs ont déjà un uniforme ! Ce à quoi les autorités locales répondent qu’il suffit qu’ils le laissent dans le véhicule et puissent le montrer en cas de contrôle.
Le prince Norodom Narindrapong, fils du roi Sihanouk et de la reine Monique, est décédé le 7 octobre à Paris, à l’âge de 49 ans, des suites d’un incident cardiaque. Il avait pris dès 1970 le parti des Khmers rouges et était partisan de l’abolition de la monarchie après le décès de son père.
Le 13 octobre, Tep Khunnal, ancien ambassadeur Khmer rouge à l’ONU, marié à la seconde femme de Pol Pot, devenu membre du PPC en 2001, après avoir versé plusieurs milliers de dollars, est nommé vice-gouverneur du srok de Malai, dans la province de Banteay Méan Chhey. Le 27 octobre, un autre chef Khmer rouge, Srey Sobint, est nommé quatrième vice-gouverneur de Battambang.
Au début octobre, le Cambodge fait son entrée au Conseil exécutif de l’UNESCO, une entrée rendue possible grâce à l’appui décisif apporté par Paris à la candidature du royaume.