Eglises d'Asie

Un téléfilm sur la vie d’un célèbre missionnaire jésuite, peintre à la cour impériale au XVIIIe siècle, est en préparation

Publié le 18/03/2010




Un missionnaire jésuite italien du XVIIIe siècle qui fut un des peintres attitrés des empereurs de Chine va faire l’objet d’un téléfilm réalisé en Chine et dont la diffusion sur les écrans de télévision chinois est programmée en 2004. Il s’agit d’une ouvre sur la vie du frère jésuite Joseph Castiglione (1688-1766). Une société chinoise, Hunan TV & Broadcast Intermediary Co. Ltdbasée dans le Hunan, assure la production de ce téléfilm consacré à ce missionnaire qui travailla pendant cinquante ans pour les empereurs chinois Kangxi et Yongzheng, sous la dynastie des Qing (1644-1912). Le religieux italien, Lang Shining de son nom chinois, était réputé pour ses peintures de chevaux et pour les portraits qu’il fit des membres de la famille impériale. Dans l’hypothèse où le téléfilm sera vendu à des chaînes de télévision à travers le pays, l’audience potentielle de cette ouvre sera plus importante que celle de la seule province du Hunan et de ses 66 millions d’habitants.

Le canadien Mark Rowswell a été retenu pour jouer le rôle principal. Bien connu des téléspectateurs chinois sous le nom de Dashan, Mark Rothwell est célèbre pour sa maîtrise du xiangshen, genre oratoire consistant en un dialogue humoristique fait de jeux de mots et de calembours entre deux personnes. Mark Rowswell a déclaré à la presse, le 1er octobre dernier, que le fait que Frère Castiglione, un religieux catholique, soit montré à l’écran sous un jour positif dans une production télévisuelle importante représente une avancée notable pour la Chine d’aujourd’hui (1). « Frère Castiglione y est présenté non seulement comme un grand artiste mais aussi comme un homme essentiellement bon, charitable, honnête et droit a-t-il déclaré.

Ce frère jésuite, né à Milan, arrivé à Macao en 1715, gagna Pékin où il apprit la peinture traditionnelle chinoise et les canons esthétiques de la noblesse de l’époque. Il développa alors un nouveau style de peinture alliant les caractéristiques de l’art occidental à celles de l’art oriental. Selon Mark Rowswell, le téléfilm met l’accent sur le choc entre la culture occidentale, englobant le christianisme, et la culture et les croyances chinoises traditionnelles. Le jésuite, protagoniste de cette rencontre, est présenté à l’écran comme une personnalité qui a su, non sans difficultés et sacrifices, allier avec bonheur ces deux cultures. Mark Rowswell précise encore que la production s’est heurtée à des difficultés, n’ayant que peu d’informations précises sur la vie du religieux italien en Chine. Les téléfilms n’étant pas conçus pour être des documentaires mais dans un but de divertissement, leur contenu est globalement conforme à la réalité historique, même si certains éléments précis relèvent de la fiction, explique-t-il encore. Anglican d’origine mais ne se considérant pas comme chrétien, Mark Rowswell ajoute qu’il s’est rendu sur la tombe du Fr. Castiglione pour y prier et y trouver l’inspiration afin de rendre son interprétation du personnage aussi proche de la vérité qu’il est possible.

Selon Anthony Liu Bainian, vice-président de l’Association patriotique des catholiques chinois, le diocèse de Pékin a demandé à visionner le film avant sa diffusion pour éviter toute inexactitude historique ou erreur dans la représentation des rites et des coutumes religieuses.

A Macao, le P. Luis Manuel Fernandes Sequeira, jésuite et directeur de l’Institut Matteo Ricci, a dit ne pas attendre de ce film un grand impact religieux. « Le moment n’est pas encore venu », a-t-il commenté, notant toutefois que l’intérêt des Chinois pour le christianisme, principalement par le biais de l’histoire et de la sociologie, allait croissant.