Eglises d'Asie

Afin de promouvoir les droits de la petite communauté chrétienne, les responsables souhaitent une unité plus grande des chrétiens du Bangladesh

Publié le 18/03/2010




Fondée en 1967, l’Association chrétienne du Bangladesh s’est donnée pour but de défendre les intérêts de la petite communauté chrétienne de ce pays très majoritairement musulman. Cette année, lors de son assemblée annuelle, le 21 novembre dernier, devant deux cents délégués, différents responsables ont souligné l’importance pour les chrétiens bangladais de se montrer unis, en surmontant les différences consécutives à l’appartenance à différentes dénominations, afin de promouvoir les droits et le développement socio-économique des chrétiens.

Dans un exposé devant les délégués, Tejosh Sankar Das, universitaire local, a souligné que, si les chrétiens, peu nombreux au Bangladesh, jouent un rôle non négligeable dans le développement du pays, ils souffrent de leurs divisions, en différentes dénominations et au sein de celles-ci, divisions qui amoindrissent leurs chances de participer plus activement à la vie de la nation. Dans un pays où les chrétiens sont issus de 45 groupes ethniques distincts mais ne représentent que 0,04 % des 140 millions de Bangladais (musulmans pour 88 % d’entre eux et hindous pour 10 %), Sanjeeb Drong, secrétaire du Bangladesh Adivasi Forum (1), estime que les divisions entre chrétiens ne disparaîtront pas de sitôt mais que cela ne doit pas empêcher d’essayer de les réduire.

Pour défendre les droits des chrétiens, le secrétaire général de l’Association, Nirmal Rozario, a annoncé que cinq demandes avaient été récemment faites au gouvernement : déclarer le dimanche de Pâques jour férié pour tous, nommer un chrétien avec rang ministériel au ministère des Affaires religieuses, recruter des chrétiens dans l’administration, réserver cinq sièges au Parlement pour les chrétiens, diffuser des émissions chrétiennes sur les ondes de la télévision et de la radio nationales, et enfin contribuer financièrement aux décorations mises en place dans les lieux publics à l’occasion de Noël et de Pâques. Selon Promod Mankin, l’unique parlementaire catholique du pays et président de l’Association, la priorité est d’unir les chrétiens afin d’être en mesure de négocier plus efficacement face à l’administration et au gouvernement.

Pour le P. Benjamin Costa, prêtre catholique et conseiller de l’Association, l’unité de la communauté chrétienne est effectivement essentielle à son développement. Des groupes peuvent en effet être tentés d’exploiter les divisions entre catholiques et protestants, a-t-il remarqué. Selon Tejosh Sankar Das, l’unité de la communauté chrétienne n’appelle pas une unité doctrinale sur les questions de foi ; ce qui est nécessaire, c’est une réelle coopération sur un ordre du jour précis. Il a ainsi regretté publiquement que les catholiques, qui représentent environ 70 % des chrétiens bangladais, ne cherchent pas à s’associer aux protestants – qu’ils accueillent par ailleurs bien volontiers – dès lors qu’ils sont en situation de majorité. D’un autre côté, les protestants, a encore souligné Sankar Das, font souvent preuve d’un complexe d’infériorité et ne font pas assez l’effort de chercher la coopération des catholiques.

Intervenant devant les délégués, Mgr Theotonius Gomes, évêque auxiliaire de Dacca, n’a pas caché que les différences de modes de fonctionnement des protestants et des catholiques ne facilitent pas les choses. Pour les catholiques, a-t-il rappelé, la doctrine et les rites de l’Eglise catholique sont impératifs ; pour un certain nombre de protestants, celui qui n’est pas d’accord sur un point ou un autre avec son Eglise peut la quitter et en établir une nouvelle. “Ce sont là des réalités et c’est pourquoi les responsables chrétiens doivent se montrer unis sur un point : quelles que soient nos différences, nous sommes chrétiens et par conséquent nous pouvons travailler et nous développer ensemble a-t-il dit, ajoutant que la Commission pour les affaires ocuméniques de la Conférence des évêques catholiques du Bangladesh travaillait, par des séminaires et le dialogue, à réduire la distance entre catholiques et protestants.