Eglises d'Asie

Mgr Jacques Su Zhimin, arrêté en 1997, placé au secret depuis cette date, a été aperçu dans un hôpital de Baoding avant d’être à nouveau “escamoté” par les autorités chinoises

Publié le 18/03/2010




En novembre dernier (1), pour la première fois en six ans, des informations avaient filtré sur Mgr Jacques Su Zhimin, évêque “clandestin” du diocèse de Baoding, dans la province du Hebei. Arrêté en octobre 1997, l’évêque, âgé de 71 ans, figure emblématique de la partie “clandestine” de l’Eglise catholique en Chine, n’a jamais été jugé ni inculpé ; placé en détention dans un lieu tenu secret, aucune nouvelle le concernant n’avait filtré depuis 1997. Le 19 novembre dernier, la Fondation du cardinal Kung, basé aux Etats-Unis, rapportait des informations selon lesquelles Mgr Jacques Su avait été hospitalisé autour du 15 novembre à l’Hôpital central de Baoding. Quelques jours plus tard, ces informations ont été confirmées et détaillées à l’agence Ucanews par des sources catholiques de Chine continentale. Placé sous une étroite surveillance policière, l’évêque aurait été aperçu le 14 novembre au département de cardiologie de l’Hôpital central de Baoding et, le 19 novembre, des membres de sa famille ont pu le rencontrer brièvement, avant qu’il ne soit à nouveau “escamoté” par les autorités chinoises.

Selon les sources catholiques citées par Ucanews, un catholique a aperçu le 14 novembre dernier une personne alitée qui ressemblait grandement à Mgr Jacques Su dans une salle d’observation du département de cardiologie de l’Hôpital central de Baoding. Selon une infirmière interrogée par ce catholique, ce patient souffrait des yeux, sa vue était diminuée, son cour était très faible et il n’était pas enregistré sous le nom de Su. Lorsque ce catholique, un laïc, a cherché à en savoir plus auprès d’autres membres de l’équipe soignante, ces derniers ont répondu dans le vague avant que des policiers en civil ne l’éloignent pour l’interroger sur les motifs de sa recherche.

Le 19 novembre, toujours selon la même source, Mgr Jacques Su a été de nouveau aperçu à l’hôpital, gardé par une vingtaine de policiers, en civil et en uniforme. A cette nouvelle, des membres de la famille de l’évêque se sont précipités à l’hôpital et ont eu la confirmation que leur parent était hospitalisé dans la section de l’établissement réservée aux autorités. Après de longues négociations, quelques proches de Mgr Jacques Su ont obtenu de la police la permission de lui rendre visite. Selon le témoignage de ces proches, les yeux de l’évêque étaient bandés, conséquence d’une récente intervention chirurgicale. Après un échange de quelques paroles, la visite fut suspendue.

Pendant ce temps, des catholiques s’étaient rassemblés devant l’hôpital. Interpellés par la police, ils ont été emmenés au poste de police de l’hôpital pour y être interrogés. Le lendemain matin, des catholiques, venus en nombre plus important sur les lieux, n’ont plus trouvé trace de Mgr Su ; le personnel de l’hôpital leur a dit que le patient avait été transféré dans un autre hôpital, son état étant “grave”. Aucune autre nouvelle concernant Mgr Su n’a filtré depuis.

Selon les catholiques de Baoding, un des bastions de la partie “clandestine” de l’Eglise catholique dans le Hebei, il est certain que le patient hospitalisé à l’Hôpital central de la ville était bien Mgr Jacques Su. Ils estiment que le dispositif de sécurité mis en ouvre à cette occasion avait pour objet d’empêcher la communauté catholique locale de forcer son chemin jusqu’à l’intérieur de l’hôpital et de “récupérer” son évêque.

Arrêté en octobre 1997, Mgr Jacques Su n’a, semble-t-il, jamais fait l’objet d’un procès ni même d’une inculpation depuis cette date. Selon des sources catholiques de Chine, si cela avait été le cas, sa famille ou des membres de l’Eglise auraient fini par l’apprendre. Mgr Su serait donc détenu en dehors de tout cadre légal. Le 1er décembre dernier, la Cour suprême de la République populaire de Chine a publié une note encadrant la détention des suspects contre qui aucune charge ne peut, selon les normes légales en vigueur, être retenue. Précisant que des policiers, des procureurs et des juges maintenaient des suspects en détention au-delà des délais prévus par le Code de procédure pénal, la Cour a dit que ces abus devaient être punis.