Eglises d'Asie

Mis en cause dans le rapport annuel du Département d’Etat américain sur la liberté religieuse dans le monde, Kuala Lumpur accuse les Etats-Unis de nuire à son image internationale

Publié le 18/03/2010




Les autorités malaisiennes ont vivement réagi à la publication, le 18 décembre dernier, par le Département d’Etat américain de son annuel rapport sur la liberté religieuse dans le monde. Mis en cause par ce rapport, parmi d’autres pays tels que la Turquie, la Russie, l’Indonésie, Brunei, la Biélorussie ou encore Israël, Kuala Lumpur accuse les Etats-Unis de chercher à nuire à l’image de la Malaisie sur la scène internationale. Le rapport américain estime en effet que les différentes composantes religieuses présentes dans la société malaisienne ne vivent pas en bonne intelligence.

Un des points soulevés par le rapport américain concerne la difficulté pour un musulman en Malaisie à changer de religion. Pour le ministre malaisien des Affaires étrangères, Syed Hamid Albar, « à juger de la façon dont le rapport a été préparé les rédacteurs du rapport avaient un « objectif en tête : ternir notre image en tant que pays plurireligieux ». Selon les propos du ministre repris par l’agence nationale d’information Bernama, la liberté de culte en Malaisie n’est que plus évidente en Malaisie si on la compare avec la situation de certains pays occidentaux qui, non seulement, interdisent le port du foulard dans les écoles mais ont mis en place diverses lois discriminatoires envers les musulmans. Le ministre a ajouté que son gouvernement allait demander des explications à l’ambassade américaine à Kuala Lumpur avant d’éventuellement formuler une plainte officielle.

Le Premier ministre Abdullah Ahmad Badawi a lui aussi dénoncé le rapport du Département d’Etat, citant comme preuve de l’esprit de tolérance à l’ouvre dans le pays le fait que tous les Malaisiens célèbrent ensemble les fêtes les plus importantes des grandes religions représentées en Malaisie, un pays multiracial et plurireligieux. Abdullah Badawi a récemment envoyé personnellement des cartes de voux à 1 500 pasteurs, prêtres et responsables chrétiens, une première pour un Premier ministre malaisien, selon le quotidien The Star. Dans ses voux, le chef de l’exécutif fédéral a remercié les chrétiens pour leurs prières et leur a demandé de continuer à ouvrer pour que la Malaisie offre « une demeure plus tolérante, accueillante et confortable pour nous tous ». Il ajoute : « Au cours de cette période de fêtes, continuons à être bons voisins et bons amis. Je veux saisir cette opportunité pour vous remercier, vous et les membres de vos Eglises, pour vos aimables prières et bons voux. » Signée de sa main, la carte représente un ensemble de personnages appartenant aux divers groupes ethniques composant cette nation de 24 millions d’habitants. Les personnages se tiennent par la main et dansent en cercle, accompagnés des mots suivants : « Dans votre cour, la paix. Chez vous, le bonheur. Dans le monde, l’amour. Dans notre pays, l’unité. »

Enfin, le 25 décembre, le Premier ministre a participé à une réception organisée à l’occasion de Noël à laquelle assistaient deux cents personnalités chrétiennes. Au mot de bienvenue prononcé par le pasteur Julius P’Paul, évêque de l’Eglise évangélique luthérienne de Malaisie, Abdullah Ahmad Badawi a répondu que les Malaisiens, musulmans comme non musulmans, avaient « appris à vivre selon leurs plus hautes aspirations religieuses au sein d’un pays multi-racial plutôt que dans une terre fantasmée de pureté raciale ou religieuse ». Il a ajouté que, si les Malaisiens ne devaient jamais baisser la garde contre toute manifestation d’extrémisme et d’intolérance, ils étaient aussi devenus de plus en plus confiants dans le caractère « pluriel » de leur nation.