Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er novembre au 31 décembre 2003

Publié le 18/03/2010




LA CRISE POLITIQUE

Contrairement à ce que laissait entendre une petite note introduite en dernière minute dans notre dernière livraison (voir Cahier de documents de EDA 385), la réunion du 5 novembre n’a pas été suivie de résultats positifs.

Le 3 novembre, dans une lettre ouverte, le roi accuse indirectement les responsables des trois principaux partis de “se moquer du peuple “de ne penser qu’à leurs intérêts et ambitions personnels” et les invite à se réunir au palais le 5 novembre. Si cette réunion échoue, “vous serez inévitablement couverts de honte et condamnés par l’Histoire écrit le souverain. La veille de la réunion, les deux partis de l’Alliance des démocrates (AD), comprenant le FUNCINPEC et le PSR, font connaître leur position : ils souhaitent dissocier la mise en route de l’Assemblée nationale de la question du choix du Premier ministre, alors que le PPC désire un vote bloqué concernant le président de l’Assemblée nationale et celui du Premier ministre, afin d’éviter toute mauvaise surprise.

Avant même la tenue de la réunion, le roi, peu convaincu de son succès, prend date pour une autre rencontre le 13 novembre, puisque certains politiciens lui ont fait savoir que le 5 n’était pas une bonne date “d’un point de vue astrologique Il en envisage même d’autres en décembre et en avril si l’impasse n’est pas résolue…

Le 5 novembre, les responsables des trois principaux partis se réunissent au palais pendant cinq heures et parviennent à un accord qu’écrit le roi de sa propre main, qui est paraphé par Chéa Sim, Hun Sen, Ranariddh, Sam Rainsy et les supérieurs des deux ordres bouddhiques.

Aux termes de cet accord,

– le FUNCINPEC et le PSR acceptent d’avance comme Premier ministre la personnalité proposée par le PPC, vainqueur aux élections ;

– le PPC accepte que le gouvernement soit tripartite, et non bipartite. L’opposition au sein de l’Assemblée nationale sera individuelle, chaque député étant libre de son vote ;

– l’Assemblée nationale doit entrer en fonction le plus tôt possible, avant la formation du gouvernement ;

– le PPC accepte que Ranariddh, vaincu aux élections, soit le président de l’Assemblée nationale, si Hun Sen est accepté comme Premier ministre ;

– Le PPC accepte qu’il y ait un 3ème vice-président de l’Assemblée nationale pour permettre la représentation du PSR.

Deux groupes de travail sont chargés de mettre au point les modalités d’application de cet accord, l’un concernant l’Assemblée nationale, l’autre le gouvernement.

Le roi Sihanouk commente : “Un grand succès dont le peuple khmer peut être content.”

Si le porte-parole du PSR souligne “l’ambiance amicale et les échanges profitables un autre député fait état de la colère de Hun Sen qui s’est souvent levé de son siège, furieux.

Cependant, dès le lendemain, l’Alliance des démocrates fait savoir qu’elle n’a pas encore choisi Hun Sen comme Premier ministre, déclare ne pas être liée par l’accord final rédigé par le roi et avoir été soumise à une pression morale : personne ne peut s’opposer à ce qu’a écrit le roi qui, du reste, ne correspond pas au contenu des discussions : “C’eut été impoli de dire non devant le roi.”

Le roi fustige à nouveau “les personnalités khmères qui violent la lettre et l’esprit de l’accord du 5 novembre Le PPC accuse l’Alliance de manquer d’honnêteté, de poser trop de conditions et de manquer à sa parole. Plusieurs groupes d’opposition regrettent que le PSR accepte d’entrer dans le gouvernement, et certains menacent même de ne plus le soutenir (Chéa Vichéa du SIORC, Rong Chum de l’AIEC) s’il abandonne son rôle d’opposant.

Selon l’Alliance, aux termes de l’accord, le PPC contrôlerait 60 % des 25 ministères et des 50 secrétariats d’Etat, il reprendrait quatorze ministères contrôlés actuellement par le FUNCINPEC, et spécialement celui de l’Information. Il accorderait dix postes de secrétaires d’Etat à chacun des deux partis, et s’en garderait trente. Le PSR ne veut pas accepter de postes gouvernementaux sans avoir l’assurance que le mode de gouvernement sera réformé : l’Alliance ne rejoindra le gouvernement “que s’il s’engage à respecter les principes et programmes qui servent l’intérêt suprême de la nation” et “la mise en place de mécanismes qui permettront un bon fonctionnement du gouvernement 

L’Alliance demande que quinze commissions parlementaires soient créées, à la place des neuf existantes, que le chef du gouvernement ait l’obligation de répondre aux questions des députés et soit soumis à un vote de confiance si trente députés le demandent.

Après le 5 novembre, Ranariddh disparaît. On pense qu’il est parti en France, à l’université d’Aix-en-Provence, où il dirige quelques travaux de droit international, ce qui lui permet de bénéficier d’un salaire de professeur ainsi que d’une retraite. Le FUNCINPEC se refuse toutefois à préciser où se trouve son président qui est “mis au courant par téléphone”.

Les députés et sénateurs commencent à grogner, car ils n’ont pas reçu leurs 2 000 dollars de salaire depuis le mois de juillet.

Selon un scénario connu, chaque fois que la situation du pays est mauvaise, le roi Sihanouk évoque l’éventualité de sa mort prochaine, afin de faire pression pour trouver rapidement une solution politique. En novembre, il évoque donc le problème de sa succession. L’absence de loi sur le fonctionnement du Conseil du trône, qui doit nommer un nouveau roi une semaine après le décès d’un monarque, pourrait hypothéquer l’avenir de la monarchie. Devant l’impasse actuelle, où le consensus s’avère impossible, le roi demande donc d’adopter un système d’élection à la majorité simple des neuf membres du Conseil, à bulletin secret. Ce serait, de fait, autoriser Hun Sen à nommer le futur roi. Le roi envisage que la reine Monineath devienne gardienne du trône, symbole de la monarchie, comme l’a fait la reine Kossomak à la mort de Suramarith, père de Sihanouk.

Le 17 novembre, dans une lettre ouverte, le roi fait peu mention de Ranariddh comme éventuel successeur. Par contre, il ne tarit pas d’éloges pour Sihamoni, fils de Monique, 50 ans, en poste à l’Unesco à Paris, qui est “propre… possède une vaste culture… bien éduqué, gentil, poli, d’une fidélité parfaite à son père… pas engagé dans la politique…” Le roi indique également le nom de Chivan Monirak, de la branche rivale des Sisowath. On a pu noter la présence de Sihamoni lors des fêtes de l’Indépendance aux côtés de son père, et l’absence de Ranariddh, qui pourrait bien s’expliquer par ces tractations secrètes pour la succession au trône. Mais le roi, constitutionnellement, n’a aucun droit de nommer son successeur !

Le 23 décembre, So Chhay, député PSR, écrit une lettre au roi demandant à ce que la désignation du roi revienne au palais royal, et donc au roi de désigner son successeur, “sans que les politiciens puissent intervenir dans son choix 

Le 11 novembre, le roi convoque à nouveau les responsables des trois partis, accompagnés chacun d’un journaliste, et leur pose deux questions : “1.) Avez-vous subi des pressions de ma part ?” Ils répondent : “Non.” “2.) La déclaration du 5 novembre est-elle conforme au contenu de l’accord négocié ? Ils répondent : “Oui.” Ils accusent la presse d’avoir donné une mauvaise version des faits. Dans une lettre ouverte publiée le 15 décembre, le roi s’emporte : “C’est une humiliation pour le peuple qui souffre.”

Une réunion de travail à l’initiative du PPC était prévue le 18 novembre. Mais le FUNCINPEC pose une nouvelle condition : que les trois plaintes en diffamation déposées par le PPC, le 4 novembre, contre Ranariddh soient retirées. Ranariddh, en effet, dans une lettre à son père, aurait accusé Hun Sen d’être à l’origine du meurtre du rédacteur de la radio royaliste Ta Prohm, le 18 octobre, en ayant proféré des menaces contre la radio deux jours auparavant. Se sentant menacé, le FUNCINPEC estime ne pas pouvoir mener sereinement des négociations. Le 22 novembre, le porte-parole du PPC demande à Ranariddh de présenter ses excuses à Hun Sen, soit en écrivant une lettre, soit par téléphone, puis de “clarifier” ses propos. Les royalistes refusent. On a l’impression que d’un côté comme de l’autre cette histoire de plaintes n’est qu’un prétexte pour gagner du temps, car des divisions internes existent de part et d’autre.

Le 28 novembre, le roi Sihanouk convoque les responsables des trois partis au palais, pour une discussion sous l’oil des caméras de télévision. Chaque parti utilise la réunion comme une tribune pour faire valoir son point de vue. Le 1er décembre, Sirivuddh annonce avoir déposé une plainte contre Hun Sen pour incitation à la violence. Cette plainte ne peut être que politique, puisque Hun Sen est protégé par l’immunité parlementaire. Le roi demande vivement aux uns et aux autres de mettre de côté ces histoires de plaintes.

Le 25ème anniversaire de la création du FUNSK (Front uni national de salut du Kampuchéa), anti-Pol Pot, a été célébré dans la discrétion, le 2 décembre, alors qu’initialement le PPC voulait en faire une grande fête avec plus de 10 000 participants.

Le 4 décembre, puis le 6 décembre, les représentants des trois partis se réunissent (pendant huit heures, le 6) sous la présidence du roi : le seul résultat est la convocation prochaine de l’Assemblée nationale, à une date non précisée. Hun Sen et le roi s’en prennent violemment à Sirivuddh qui avait promis de ne pas s’engager en politique après son amnistie, en 1995.

Le 14 décembre, le roi n’exclut pas l’idée de proposer un référendum au “peuple souverain” afin de modifier l’article de la Constitution qui exige une majorité des deux tiers pour approuver un gouvernement, et qui bloque toute la vie politique du pays. “Les pays extrêmement riches pourraient financer ce référendum pour la survie, le salut du Cambodge, dont la tendance suicidaire n’est que trop connue dit le monarque. Le président Chirac adresse un message au roi Sihanouk pour le “féliciter de ses efforts persévérants pour trouver une solution constitutionnelle aux difficultés actuelles Cependant, le 17 décembre, le roi abandonne son idée qui n’a pas rencontré les soutiens attendus.

Le 15 décembre, l’Assemblée nationale se réunit, à la convocation de son doyen Chéa Soth. On lit la liste des députés qui sont accrédités, et donc reçoivent l’immunité parlementaire, Ranariddh, sa fille Rattana Dévi, et trois autres députés sont absents. La séance ne dure que vingt minutes. Le 17 décembre, une réunion de six heures entre les trois partis n’arrive même pas à les mettre d’accord sur un ordre du jour. “Cette réunion a permis de mieux nous connaître dit le représentant du PPC. Une autre réunion, tenue le 19 décembre, ne donne rien. Sihanouk déclare ne plus vouloir s’“impliquer dans cette triste et honteuse affaire Il accorde des surnoms aux responsables politiques : Hun Sen “The Strong Man “Sam Rainsy le Terrible “Ranariddh l’Invisible”. Désormais Hun Sen refuse toute discussion : ce sera l’accord du 5 novembre et rien d’autre.

Selon un astrologue, la crise politique actuelle est due à la divinité de l’année. Après le mois d’avril, date du Nouvel An, tout va se débloquer.

Le 19 décembre, Sihanouk révèle qu’un astrologue a prédit qu’un grand leader politique aux initiales “HS” tomberait en décembre. Contrairement à la manière d’interpréter de l’opposition, il ne s’agit pas de Hun Sen, mais de Saddam Hussein. Un haut fonctionnaire affirme, sous le ton de la confidence, avoir été en contact avec la divinité qui protège Hun Sen : elle lui a révélé le sens de l’Histoire khmère de ces dernières décennies. Brahma était fort mécontent des péchés des Khmers, il a envoyé des “thmèls des “impies sans religion” pour les punir : ce sont les Khmers rouges. Ensuite il a envoyé le fils d’une divinité sévère et dur, pour chasser les Khmers rouges : c’est Hun Sen. Maintenant, cette divinité lui révèle qu’elle a fini son travail, et qu’elle ne protège Hun Sen que pour quelques années encore.

Un astrologue indien a prédit que le roi Sihanouk ne mourrait pas avant l’âge de 96 ans, mais que la reine mourrait avant lui.

Le 27 décembre, le roi annonce qu’il partira en Chine pour se faire soigner le 19 ou 20 janvier. Vraie ou fausse maladie, ce départ à l’étranger est un moyen de pression qui a souvent porté des fruits. En octobre, il avait déjà annoncé cette date butoir.

Au 31 décembre, on ne voit toujours pas de sortie de crise. Le Congrès américain envisage d’accorder un don de sept millions de dollars à l’opposition, dont cinq aux ONG qui travaillent avec elle…

JUGEMENT DES EX-RESPONSABLES KHMERS ROUGES

Le 11 novembre, le groupe de travail créé le 20 octobre pour réfléchir à l’établissement du tribunal des ex-responsables Khmers rouges présente un budget de quarante millions de dollars, étalé sur trois ans. L’ONU se propose de fournir la moitié de la somme, le gouvernement l’autre moitié, en faisant appel à l’aide internationale. L’Australie (engagement de verser 1,5 million le 19 décembre 2003), la Grande-Bretagne, la France, l’Inde, le Japon, la Russie et les Etats-Unis ont déjà exprimé leur intention de fournir du personnel ou des fonds.

3,44 millions sont destinés à l’achat de matériel et à la logistique, 7,25 millions aux services, 10,15 au personnel administratif, 8,4 millions à la sécurité, 8,8 millions aux juges et avocats, 1,2 aux relations publiques. Plusieurs observateurs estiment les sommes excessivement gonflées.

Une équipe de l’ONU, présidée par Karsten Herrel, dont le voyage est financé par l’Australie, se rend à Phnom Penh le 7 décembre pour une semaine de négociations avec le secrétaire cambodgien à la Justice. Un rapport sera présenté devant l’assemblée générale de l’ONU en février prochain.

Khieu Samphan, ex-président du praesidium du Kampuchéa démocratique, cherche en vain un avocat, les juristes cambodgiens se défilant. Nuon Chéa, ex-numéro deux du régime, déclare pour sa part vouloir se défendre lui-même, les avocats étant au service des riches.

Youk Chang, directeur du Centre de documentation du Cambodge (sur les Khmers rouges), est invité en Irak par le Département d’Etat américain pour aider à mettre sur pied un centre de documentation semblable.

Le 5 novembre, la Cour d’appel confirme la condamnation de Chouk Rin à la perpétuité pour l’assassinat des trois jeunes touristes occidentaux, dont Jean-Michel Braquet, en 1994. L’avocat de Chouk Rin fait appel devant la Cour suprême, le 21 décembre. Il est laissé en liberté, car il bénéficie de la loi d’amnistie de 1994 pour les cadres Khmers rouges qui se sont rendus au gouvernement.

Droit international

Le 14 novembre, l’Union européenne rend publique une liste de dix bateaux interdits de navigation dans les eaux communautaires, et de 143 autres qui seront exclus s’ils ne font pas les réparations prescrites. Quatre des dix bateaux interdits portent le pavillon de complaisance cambodgien, mais n’ont pas été enregistrés par la nouvelle société ISROC, qui a remplacé le Cambodian Shipping Compagny (CSC) en février dernier. Un pétrolier de 98 m. battant pavillon cambodgien, heureusement vide, a dû être remorqué de toute urgence par la marine grecque, au sud d’Athènes.

Onze Montagnards auraient été renvoyés au Vietnam le 9 novembre dernier. Les chefs de la police locale de Ratanakiri et de Mondolkiri démentent. Ces Montagnards faisaient partie d’un groupe de 61 personnes, 34 d’entre elles sont retournées au Vietnam volontairement ou ont disparu, dix-huit ont été refoulées, neuf seraient sous la protection de l’UNHCR.

Trois membres des minorités ethniques du Vietnam se réfugient au Cambodge. Comme ils ont déjà rejoint le bureau provincial de l’UNHCR, à Banlung, les autorités locales déclarent le 17 décembre qu’elles ne peuvent pas les renvoyer au Vietnam. L’UNHCR demande leur transfert à Phnom Penh. Le 28 décembre, le gouverneur de Ratanakiri menace de fermer le bureau de l’UNHCR à Banlung s’il n’a pas accès aux trois fugitifs.

Après six mois d’interruption, due à un désaccord entre les gouvernements cambodgien et américain sur leur assistance, le rapatriement des citoyens khmers condamnés aux Etats-Unis reprend. Trois cents dollars par personne seront versés aux autorités de Phnom Penh, six cents par personne pour ceux qui suivront le programme officiel de réinsertion. Sur les soixante-six personnes renvoyées depuis juin 2002, huit à dix seulement ont trouvé un emploi, et encore, dans l’organisme d’accueil, les autres n’ont rien trouvé.

Le 19 décembre, l’agence internationale d’adoption de Seattle décide d’engager des poursuites judiciaires contre deux Américaines impliquées dans des fraudes d’obtention de visas pour favoriser des adoptions frauduleuses d’enfants “orphelins par le biais des orphelinats Wova, installés à Kompong Speu et à Sihanoukville. Elles achetaient les enfants pour environ vingt-cinq dollars tête, et les revendaient en moyenne 10 500. La LICADHO se réjouit, mais déclare qu’“il serait temps pour les autorités cambodgiennes de poursuivre les Cambodgiens impliqués dans ces trafics” (généralement des grands dignitaires du régime). Le chef de cabinet de Chéa Sim, président du Sénat, défend les deux personnes inculpées comme de bonnes personnes, cherchant le bien des enfants.

ECONOMIE

Forêts

La déforestation continue à un rythme soutenu.

Au début de l’année, le gouvernement allemand a décidé de financer un programme de protection de l’environnement, mis en ouvre par la Commission du Mékong, pour la protection de l’environnement et éviter le cycle inondation-sécheresse. Ce programme, doté d’un budget de quatre à cinq millions de dollars sur trois ans, est mis en ouvre simultanément au Cambodge, au Laos, au Vietnam et en Thaïlande. Au Cambodge, l’attention se concentrera sur la chaîne des Cardamomes où “les coupes de bois se poursuivent à grande échelle 

Au début du mois de novembre, un raid mené par vingt-sept fonctionnaires, soldats et policiers, détruit au moins trois scieries illégales, opérant dans la province de Kompong Thom, qui travaillaient depuis plus d’un mois sur ce qui restait à piller dans les concessions de GAT et de Pheapimex.

Le 19 novembre, une nouvelle opération est lancée. Au moins trente tronçonneuses couperaient des arbres dans la zone protégée de Prasat Balang.

Une opération semblable est lancée dans le Phnom Aural (zone déclarée réserve naturelle !) dans la province de Kompong Speu où tra-vaillent activement vingt scieries, avec plus de quatre-vingt tronçonneuses, repérées par hélicoptère. Mais, comme d’habitude, lorsque les fonctionnaires arrivent, ils ne trouvent rien, les délinquants, à la solde de grands chefs de l’armée, ont été prévenus à temps.

Le 25 novembre, le gouvernement loue officiellement les services de la Société Générale de Surveillance (SGS) à la place de Global Witness, limogée en avril, pour la surveillance de ses forêts. Ce contrat de 425 000 dollars court sur un an (contre 120 000 à Global Witness). Le financement est assuré par la Banque mondiale (BM). La mise en place d’un organisme de surveillance était la condition pour le déboursement par la BM du déboursement d’un prêt de 15,5 millions de dollars promis en 2000 à titre de crédit d’ajustement. La SGS est simplement chargée d’“évaluer et de vérifier les rapports du gouvernement sur les délits forestiers 

Les organisations de défense de l’environnement crient à la flibusterie. Les deux partis de l’Alliance réclament le gel du contrat passé avec la SGS à cause de sa mauvaise réputation passée (elle aurait versé d’importants pots de vin au Pakistan, en 1994, pour arracher un marché). Selon Global Witness, “passer un contrat avec la SGS est une violation de la loi sur la surveillance indépendante”. “L’anarchie qui a prévalu en 1999 est de retour dit la présidente de la LICADHO. Néanmoins, le 17 décembre, la BM décide de débourser le prêt de quinze millions de dollars gelés…

Jute

La culture du jute, réduite à 485 hectares, est en voie de disparition si le gouvernement ne prend pas des mesures d’encouragement. Le nylon et le plastique sont à l’origine de la baisse de production. La seule usine de transformation de Daun Teav, à Battambang, a fermé ses portes en 2000. Avant la guerre, cette usine tissait 6 300 tonnes de toile, les plantations de jute couvraient 7 500 hectares. En 2002, 636 tonnes de jute ont été produites. Un investisseur anglo-saxon envisageait récemment de reprendre l’usine de tissage, mais a dû y renoncer en raison du coût de l’électricité et des frais nécessaires pour importer de nouvelles machines.

Canne à sucre

Le cours domestique de la canne à sucre a chuté à cause de la surproduction, due à l’absence d’inondation qui n’a pas détruit les cultures, mais également à la fermeture des entreprises de transformation (six artisans ont fermé à cause de la concurrence étrangère). L’entreprise Angka Moul Nithi Norkor Samreth a investi dix millions de dollars dans une usine de production de sucre, située dans la province de Kompong Cham, mais manque de disponibilités financières pour acheter l’ensemble de la production des 20 000 hectares plantés dans le secteur. Elle fonctionne avec 2 000 hectares seulement. Le sucre produit par l’usine est vendu 1 200 riels le kilo, mais les clients cambodgiens lui préfèrent le sucre thaïlandais vendu à 1 500.

Pêche

Le 14 novembre, un sous-décret du Conseil des ministres alloue plus de 2 095 hectares d’étangs aux pêcheurs de la province de Kandal, en vue de supprimer les disputes entre pêcheurs individuels et sociétés privées. En octobre, 500 000 hectares avaient déjà été remis aux artisans pêcheurs.

Un poisson-chat dont le poids se situerait entre 160 et 200 kg, pris dans les filets de pêcheurs au large de Ponhéa Lu, dans le Tonlé Sap, est relâché puis meurt de ses blessures. Une dizaine de ce type de poisson, dont le poids a varié entre 97 et 237 kilos, ont été pris et relâchés cette année. Cette espèce (pangasianodon gigas) est en grave danger de disparition. Ces poissons ne sont présents qu’au Cambodge, au Vietnam, au Laos et en Thaïlande. Ils vivent habituellement par 20 m. de fond, peuvent mesurer 3 mètres et peser jusqu’à 300 kg.

Crocodiles

Les 507 élevages de crocodiles dispersés à travers le pays sont en proie à une chute des commandes. Jadis la Chine en achetait 10 000 par an, mais, suite à l’épidémie du SRAS, la Chine redoute que ces bêtes n’introduisent de nouveaux virus. La Thaïlande, jadis gros acheteur, a réduit ses achats, sa production locale suffisant à ses besoins. Le Vietnam a augmenté ses achats de 10 000 bêtes par rapport à l’an dernier. La population des crocodiles est de 90 000 bêtes, avec 50 000 naissances par an.

Tourisme

La compagnie Kampuchéa Air Lines relie désormais directement plusieurs villes du Japon à Siemréap. Des vols directs relient également plusieurs villes de Chine à Siemréap.

En 2002, 800 000 touristes sont entrés au Cambodge et se sont acquittés des vingt dollars pour l’obtention des visas. Cela aurait dû se traduire par une entrée de devises de seize millions de dollars. Or, dans le bilan de 2002, on ne trouve que dix millions. L’exemption des visas pour les ressortissants de l’ASEAN décidée à Bali en octobre dernier ne devrait pas affecter les ressources nationales, mais se traduire par un afflux de 20 % de touristes supplémentaires. Le Vietnam qui a supprimé les visas pour les ressortissants japonais attire plus que le Cambodge.

Le 1er décembre, la SCA (Société concessionnaire de l’aéroport) a entamé des travaux d’élargissement de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Pochentong, qui doit passer de 40 à 45 m. afin de permettre aux Boeing 747 et aux Airbus A 340 et A 330 d’atterrir. Les travaux s’effectueront de nuit jusqu’en mai 2004. Ces travaux représentent un investissement de cinq millions de dollars.

Industrie

Le nombre des usines de fabrication de chaussures a diminué de seize à dix durant les dernières années, à cause de la concurrence chinoise. En 2002, l’industrie de la chaussure a exporté pour 32 millions de dollars. Le Vietnam, second producteur après la Chine, en a exporté pour 708 millions. Au Cambodge, il faut un délai de trois à quatre mois pour honorer une commande vers l’Europe, mais seulement deux au Vietnam. A cela, il faut ajouter les importants frais “cachés Pour le transport d’un conteneur, le coût revient à 858 dollars au Cambodge, 555 à Hongkong, 367 à Madagascar. Selon un responsable de l’association des usines de fabrication de chaussures, “le plus grand coût est la corruption Selon ce responsable, “une ou deux usines devraient fermer bientôt… Tout le monde le sait, mais ça ne change rien 

Taxes

Afin de mieux faire rentrer les taxes et impôts, le ministre des Finances donne des directives pour la comptabilité des petites et moyennes entreprises qui devront désormais se conformer à 15 des 40 règles internationales en matière de comptabilité et d’audit d’ici 2005. Jusqu’en 2004, ce sera “une période de formation Le gouvernement espère ainsi récupérer 6,3 millions de taxes non perçues par 32 usines (déficit de 54 % dans ses prévisions de rentrées d’impôts durant les huit premiers mois de l’année), et combler son déficit budgétaire de 55 millions de dollars.

Hun Sen décide de baisser, à partir du 1er janvier, la taxe d’importation de 230 % sur les voitures de luxe, qu’aucun des riches ne paie.

Electricité

L’Union européenne a inclus le Cambodge dans son programme de trois ans, baptisé “Cogen 3 pourvu d’une enveloppe de 15 millions d’euros, pour produire de l’électricité à partir de la biomasse. La rizerie Angkor participe à ce programme qui produit de l’électricité à partir de la balle de riz, qui fait fonctionner son usine et éclaire le village voisin. Cependant, pour développer ce type d’énergie, l’Etat devrait baisser les droits d’importation du matériel. La Thaïlande a approuvé 31 projets de ce type qui produisent 511 MGW. Mais au Cambodge, le prix de revient est cinq fois plus élevé qu’en Thaïlande.

La coopération japonaise a financé un programme d’électricité solaire, à hauteur de quatre millions de dollars à Teuk Chha, dans la province de Kompong Cham, qui fournit 106 KW/H. 60 KW sont fournis par deux turbines hydro-électriques, 41,2 par des panneaux solaires, dont la capacité est de 67,5. Cette installation occupe un peu moins d’un hectare. Mais si l’électricité fournie est à un coût moindre que celle vendue par les groupes électrogènes, les villageois n’ont pas les moyens d’installer des lignes pour conduire le courant chez eux.

La BAD octroie un prêt de 44,3 millions de dollars pour l’installation d’une ligne à haute tension reliant Chaudoc (VN) à Phnom Penh.

Intégration économique régionale

Les 11 et 12 novembre, lors d’une conférence des chefs de gouvernement tenue à Pagan, en Birmanie, le Cambodge, la Thaïlande, la Birmanie et le Laos projettent un plan de coopération économique qui supprimerait les taxes d’importation sur les matières premières et les biens de consommation. La Thaïlande fait figure de meneur régional. Les PIB de la Birmanie, du Cambodge et du Laos réunis représentent à peine 10 % de celui de la Thaïlande.

La Thaïlande et le Cambodge signent un protocole d’accord pour relancer la construction d’une centrale électrique de 400 MGW dans la province de Koh Kong. Ce projet avait été lancé dans les années 1970, puis abandonné à cause de la guerre. Un premier accord avait été signé en 1996, mais non suivi d’effets. 80 % de la production de cette usine, qui représentera quatre à cinq fois la consommation électrique de Phnom Penh, et quarante fois celle de l’unique usine hydroélectrique de Kirirom, devraient être exportés en Thaïlande. Or le Cambodge, l’un des pays où l’électricité est la plus chère au monde, en importe du Vietnam et de Thaïlande : “Nous n’avons pas les moyens de construire des réseaux vers les zones peuplées. Il est plus économique d’exporter le courant en Thaïlande et d’en importer dans les zones où la construction de ces réseaux est moins coûteuse dit le secrétaire d’Etat à l’Industrie et à l’Energie.

En 2002, le Cambodge a exporté pour près de 8 millions de dollars de biens vers la Thaïlande, pour 2,5 vers le Laos, et aux environs de 55 000 vers la Birmanie. Le Cambodge a importé pour plus de 238 millions de la Thaïlande, spécialement du carburant, du sucre, du sel et des véhicules. Il a importé pour près de 100 000 dollars de denrées en provenance de Birmanie, spécialement en machines, et seulement pour 20 000 dollars du Laos. Le Cambodge propose la suppression des taxes sur 249 produits, en plus des 48 détaxés actuellement.

En 2002, le cumul des exportations et importations entre le Vietnam et le Cambodge s’élevait à 243 millions de dollars, contre 16,8 millions en 1990. Cependant, ces échanges sont inégaux : durant les huit premiers mois de 2003, on note 56 millions d’exportations cambodgiennes vers le Vietnam contre 170 millions d’importations.

Le commerce avec la Malaisie s’est élevé à 70 millions de dollars en 2002.

A Pagan est annoncée officiellement l’ouverture de trois nouveaux points de passage internationaux entre la Thaïlande et le Cambodge : Païlin, Daung (province de Battam-bang) et Anlong Veng (province d’Oddar Méan Chhey). Il y a donc désormais cinq postes de passage pour les ressortissants des pays tiers. “A titre d’essai les habitants des provinces frontalières de Bantéay Méan Chhey (Cambodge) et de Sakéo (Thaïlande) pourront séjourner sans plus de formalité dans les provinces de Sakéo et de Prachimbury (Thaïlande) et dans celles de Bantéay Méan Chhey et de Siemréap (Cambodge). Le cahier des charges est arrêté pour une étude de faisabilité d’une zone industrielle à Koh Kong avec le partenariat technique de la Thaïlande.

Depuis le 11 novembre, le poste frontière de Poïpet est ouvert jusqu’à 20 heures, soit trois heures de plus qu’auparavant. Cela permet de drainer davantage de touristes, et surtout les riches Thaïlandais qui viennent jouer dans les casinos.

Le Premier ministre thaïlandais Taksin annonce l’ouverture d’une ligne annuelle de crédit de 2,5 millions de dollars pour aider le Cambodge, le Laos et la Birmanie.

Budget national

Le 28 novembre, le Conseil de ministres approuve le budget de 2004, qui s’élève à 768 millions de dollars, soit une augmentation de six millions. Selon la Constitution, il devrait être adopté par l’Assemblée nationale le 31 décembre…

La réunion annuelle du “Groupe consultatif” des pays donateurs d’aides au Cambodge annule sa réunion annuelle sine die à cause de l’impasse politique du pays. Prévue initialement en juin, la réunion avait été reportée après les élections du 27 juillet. Ce report ne signifie pas expressément l’arrêt de l’aide, bien que certains pays ont déjà supprimé leur participation : les Pays-Bas ont rayé le Cambodge de leur liste des pays aidés. Selon la FEER du 4 décembre, la Belgique réduit le nombre de pays bénéficiant de son aide à titre prioritaire de 25 à 18 pays, dont le Cambodge, à cause du manque de transparence dans l’usage des fonds. Cependant, le 22 décembre, la Belgique annonce un don de 496 000 dollars pour un projet visant à aider 4 050 familles, à Koh Sla, dans la province de Kampot.

Un rapport de la BM et de la BAD révèle que les finances publiques ont le taux de prélèvement le plus bas du monde (12 %). Le ministère de l’Agriculture, des Forêts et des Pêches, ainsi que le ministère de l’Hydrologie et Météorologie étaient crédités d’un budget de 12,5 millions de dollars, soit moins de 3,3 % du budget de l’Etat (environ un dollar par habitant). Mais les administrations des deux départements consomment 61 % des ressources, le restant – 39 % – étant alloué aux provinces…

INVESTISSEMENTS ET AIDES

Le 19 novembre, le gouvernement présente un nouveau guide d’investissement, écrit en collaboration avec la Chambre internationale de commerce et la Conférence de l’ONU pour le commerce et le développement. Ce plan vise à “encourager l’investissement et à poursuivre l’intégration internationale du pays”. Le Cambodge est classé comme le 35ème pays sur 170 le plus libéral pour les investisseurs, avant la Thaïlande (40ème), et loin devant le Vietnam (135ème). Les investissements ont augmenté durant les neuf premiers mois de 2003 : 222 millions de dollars pour 39 projets (2002 : 175 millions pour 25 projets), dont 25 concernent des entreprises cambodgiennes ou mixtes. La majorité de ces projets ont toutefois été déposés avant les élections du 27 juillet, quatre seulement depuis cette date. Quinze usines de confection textile ont augmenté leur activité avec 50 millions d’investissement (2002 : onze usines avec 15 millions). Deux obstacles freinent l’investissement : la méconnaissance des potentialités d’investissement du pays, ainsi que le coût élevé de la corruption et des services. On peut ajouter le manque de personnel qualifié. “Nous sommes comme un enfant de 9 ans que les étrangers regardent, dit le patron des patrons. La création d’une cour commerciale est nécessaire pour gagner la confiance des investisseurs.”

La Banque mondiale octroie un prêt de 2,6 millions de dollars, consacré à la réfection de la route N° 3, reliant Phnom Penh et Kampot, devenue en partie impraticable. Depuis juin dernier, la société chinoise China Jebouha Water and Power Group y travaille.

Le gouvernement français s’engage à financer la rénovation des trois marchés anciens de Phnom Penh (Nouveau Marché ou Phsar Thmey, Marché central ou Phsar Kandal, et Vieux marché ou Phsar chas), à hauteur de 4,5 millions de dollars, mais pose ses conditions : la création d’une autorité indépendante qui gèrera toutes les finances du nouveau marché, indépendante de la municipalité, afin d’assurer la transparence et un meilleur agencement ; le gouvernement cambodgien s’engage à financer la réparation des rues autour du marché et la construction des échoppes à l’intérieur du marché. Selon la municipalité, 1,3 million sont déjà prévus à cet effet dans le budget. Le Phsar Thmey a été construit en 1937 mais n’a pas été entretenu correctement. Il faudra entre un an et demi à deux ans de travaux.

Le 9 décembre, le Japon s’est engagé à débourser cent millions de dollars (don ou prêt) pour la construction d’un pont sur le Mékong, à Néak Loeung, et vingt-quatre millions pour la énième réparation de la route Phnom Penh-Néak Loeung. Ce pont mesurera 2 km., atteindra 40 m de hauteur, sa construction commencera en 2006 et sera terminée en 2009. Hun Sen estime que la construction demandera 118 millions (le pont Kizuna de Kompong Cham, de 1 350 m, avait coûté 51 millions). Le Japon accepte de prendre en considération la construction d’un autre pont sur le Bassac, à Ta Khmau, qui permettra de relier la route de Battambang à celle du Vietnam, dans le cadre de l’autoroute Bangkok-Ho Chi Minh-Ville.

Le 8 décembre, la BAD accorde 800 000 euros pour la formation de 200 fonctionnaires des six pays de la sous-région du Grand Mékong (Cambodge, Chine, Laos, Birmanie, Thaïlande, Vietnam), pour deux ans, suivant le “Plan de Phnom Penh 

Le 27 novembre, la Chine signe deux accords économiques et de coopération technique : l’un porte sur une aide de six millions de dollars, pour usage général du gouvernement ; le second, de 23,5 millions, servira à financer la réfection de la route nationale reliant Kratié et la frontière du Laos.

Une filiale de l’Agence française de développement accorde un prêt de 8,5 millions de dollars à CamGSM-Mobitel pour l’extension de son réseau de téléphone portable.

Le 25 décembre, le Japon accorde un don de 2,1 millions de dollars pour six projets : construction d’écoles, percement de puits, déminage, écoles professionnelles. Cette année, le Japon a déboursé 4,1 millions pour 38 projets du même type “terre à terre 

Cinq délégations d’entrepreneurs originaires d’Australie, de Corée du Sud, du Bangladesh et du Vietnam, comprenant entre dix et trente représentants de sociétés différentes, visitent le Cambodge, mais demeurent dans l’expectative à cause du climat politique. Un entrepreneur malaisien, associé à Mong Rethy, pour la construction d’une raffinerie d’huile de palme près de Sihanoukville, et qui avait promis d’investir sept millions de dollars, n’en débloque que 300 000.

Coopération militaire

Le 16 décembre, le ministre cambodgien de la Défense annonce la destruction prochaine de 233 missiles sol-air A-72 de fabrication soviétique, importés dans les années 1980, actuellement stockés dans les entrepôts du ministère de la Défense. Ils sont capables de détruire des hélicoptères mais pas des avions. Durant les derniers mois, on a accusé le Cambodge de fournir des armes aux Tigres tamouls, aux rebelles d’Indonésie, et six missiles de ce type avaient été découverts le 1er octobre dernier en Thaïlande, à la veille du sommet de l’APEC. Le pays posséderait un arsenal de missiles sol-sol BM-12, BM-13, BM-21. L’ambassadeur des Etats-Unis remercie Hun Sen d’avoir permis à une équipe du Département d’Etat d’effectuer une mission d’évaluation, et propose l’aide d’experts américains pour détruire ce stock d’armes. Il propose également une assistance de 233 000 dollars pour mieux gérer les stocks d’armes.

La Chine accorde une aide militaire annuelle de trois millions de dollars. En 2003, cette aide a été consacrée à la construction de baraquements dans la région de Kompong Chhnang, à la re-construction de l’hôpital militaire de Phom Penh, et à la construction d’une nouvelle école militaire à Kompong Speu.

Le 10 décembre, la BM annonce qu’elle suspend son aide à la démobilisation des 30 000 soldats cambodgiens, car un grand nombre de ces “démobilisables” n’ont jamais servi l’armée ni reçu de salaire.

Dans le cadre du programme de réduction des armes légères (ASAC) mené par l’Union européenne, la police de Kompong Speu et celle de Kandal sont dotées d’entrepôts de stockage d’armes qui en recevront 1 260 chacun. Désormais les policiers n’auront aucune excuse pour emporter leur arme à la maison. Un entrepôt plus important est en construction pour recevoir 7 000 armes de la “réserve nationale Deux entrepôts ont déjà été construits dans la région militaire N° 2 (Kompong Chnang) et dans la région N° 5 (Battambang) ; deux autres sont en construction, dans la région N° 4 (Siemréap) et dans la région N° 1 (Stoeung Treng). Toutes les armes ont été enregistrées sur ordinateur avant leur stockage. Au ministère de l’Intérieur, les armoires regorgent de plus de 4 200 armes, dont 445 hors service. Désormais, pour obtenir une arme, un policier doit obtenir l’aval des trois personnes qui possèdent la clé. Durant la campagne nommée “Flammes de la paix 112 000 armes ont été collectées, 74 000 brûlées.

Le 13 novembre, les autorités provinciales d’Oddar Méan Chhey découvrent une cache où sont entreposés trente-six obus de mortier, dix-sept mines anti-personnel et deux obus d’artillerie. Le tout est bien graissé et en état de fonctionnement, et faisait partie d’un stock Khmer rouge et d’autres mouvements de résistance. 172 fusils de divers types ont été remis par les Khmers rouges d’Anlong Veng aux autorités provinciales, en présence de Japonais.

SOCIETE

Justice

Le 11 novembre, la première promotion de cinquante élèves-magistrats, lauréats d’un concours présenté par 500 candidats, débute sa formation, qui s’adresse également aux professionnels déjà en exercice. La France a joué un rôle décisif dans la mise en place de cette formation, notamment grâce au concours de l’Ecole nationale de la magistrature de Bordeaux (ENM).

Le 25 novembre, Nim Sophéa, neveu de Hun Sen, est arrêté puis inculpé d’homicide volontaire, pour avoir tiré à l’AK 47, après un accident qui avait fait un mort et un blessé grave, dans la nuit du 27 octobre, tuant deux personnes et en blessant trois autres. Les organisations de défense des droits de l’homme sont partagées entre espoir et suspicion : il vivait tranquillement chez lui et se rendait à ses cours quotidiennement sans être inquiété… Cette arrestation tendrait à impressionner Peter Leuprecht, représentant spécial de l’ONU pour les droits de l’homme au Cambodge, en visite au pays… Ces années passées, deux autres neveux de Hun Sen inculpés pour fusillade ont été relâchés quelques jours après leur arrestation… Effectivement, Nim Sophéa est autorisé à sortir de prison après versement d’une caution…

Le 28 novembre, une cour d’appel thaïlandaise condamne Sok Yoeun, militant du PSR, accusé visiblement à tort de tentative d’assassinat de Hun Sen à Siemréap en 1999 (il était alors à Phnom Penh !), à être extradé vers le Cambodge. L’UNHCR a accordé à Sok Yoeun le statut de réfugié politique. Sa famille est réfugiée en Finlande. Ce verdict est qualifié de “décision scandaleuse” par Amnesty International. Peter Leuprecht espère que cette extradition n’aura pas lieu. Sam Rainsy y voit une tentative pour l’attaquer lui-même par militant interposé. Le Comité cambodgien d’action pour les droits de l’homme, regroupant dix-sept ONG, proteste.

Le gouvernement décide de dégager 50 000 dollars dans le budget 2004, en plus des 12 500 attribués par le Premier ministre sur ses fonds propres, à l’ordre des avocats, afin d’ouvrir en province des bureaux d’assistance juridique pour les plus pauvres. Actuellement, le pays dispose de 339 avocats. Il en aurait besoin au moins d’un millier. Seuls 20 % des pauvres bénéficient d’une défense. Le gouvernement envisage d’augmenter cette aide, à moyen terme, à 300 000 dollars… grâce à l’aide étrangère.

La municipalité interdit à la KHRACO, organisation khmère de lutte contre la corruption, d’organiser une manifestation publique, le 14 décembre, aux abords de Vat Botum, à Phnom Penh. Cent policiers sont postés pour interdire cette manifestation non violente.

Le 17 décembre, le ministre du Commerce demande que soient faites des réformes en urgence : “Nous parlons sur la réduction de la pauvreté dans un hôtel à cinq étoiles. Nous parlons au sujet de la pauvreté, mais nous sommes venus en voitures de luxe. Nous parlons au sujet de la pauvreté, mais nous participons à des cocktails.”

Conflits sociaux

En 2003, on comptabilise 108 grèves, contre 85 l’an passé. Le climat social ne s’est guère amélioré.

Le 11 novembre, 200 ouvriers sur 1 000 de l’usine de confection textile Da Young Cambodia Ltd. se mettent en grève, car la direction veut supprimer la prime de cinq dollars mensuels pour travailler durant la fête des Eaux. Du coup les grévistes élargissent leur cahier de revendications et demandent le respect du code du travail. “Lorsque les observateurs dépêchés par les bailleurs de fonds ou les inspecteurs du ministère des Affaires sociales visitent l’entreprise, on nous ordonne de dire que tout va bien ou de se taire.” Après cinq heures de négociations en présence d’émissaires du ministère des Affaires sociales, les syndicalistes concluent un accord avec la direction.

Le 12 novembre, environ 700 employés de l’usine Top-One Garnment se mettent en grève pour protester contre une année de négociations sans résultats afin d’obtenir une augmentation de salaires et de meilleures conditions de travail. Ils demandent, entre autres, la construction de toilettes individuelles pour les femmes, un dispensaire avec des médicaments, le remboursement des jours de congés maternité. Les ouvriers reprennent le travail le 14 après-midi.

Trois cents balayeurs intérimaires, employés pendant la fête des Eaux, demandent une rémunération plus élevée : ils ont reçu trois dollars par jour, ainsi que la nourriture et l’eau potable. Ils affirment que l’an dernier ils avaient reçu le double. Un accord intervient après trois heures de discussions et donne en partie droit aux employés intérimaires. Les employés de la société de nettoyage canadienne Cintri reçoivent un salaire compris entre 30 et 35 dollars par mois.

Le 17 novembre, environ 150 policiers anti-émeute, certains armés de fusils d’assaut AK 47, de matraques électriques, de casques et boucliers, bloquent plus de 1 000 grévistes de l’usine textile Von Rex, (3 000 ouvriers) qui se rendent au ministère des Affaires sociales et à l’Assemblée nationale. Les manifestants avaient déjà parcouru trois kilomètres à pied. Ils demandent une revalorisation de leurs salaires et une amélioration de leurs conditions de travail, l’application du co-de du travail et le remplacement de leurs représentants syndicaux choisis par la direction parmi les partisans du PPC. Certains manifestants sont blessés par des coups de matraque. Les manifestants avaient reçu le soutien de Sam Rainsy. La police opère sous l’ordre de la “plus haute autorité Les autorités accusent les meneurs syndicaux d’avoir organisé cette manifestation lors de la visite des observateurs venus des Etats-Unis. Les affrontements continuent le 19 novembre, 300 grévistes sont bloqués par 600 policiers anti-émeutes, épaulés par six camions équipés de lances à eau et un semi-remorque de fils de fer barbelé. Sept représentants syndicaux sont brièvement arrêtés.

– L’association ADHOC estime “disproportionné” le déploiement des forces de police et “inacceptable” la violence contre des manifestants non violents. Le bureau des droits de l’homme de l’ONU au Cambodge critique le gouvernement pour la création d’un climat de violence et faisant systématiquement opposition au droit de parler librement et l’usage excessif de la force.

– Le 21 novembre, le roi Sihanouk accuse la police nationale d’utiliser des “méthodes fascistes pour supprimer le droit de manifestations non violentes “Notre second Royaume du Cambodge est, hélas, une démocratie libérale seulement sur le papier dit le monarque.

– Les 3 000 ouvriers reprennent le travail le 22 novembre, après un accord sur neuf des dix points en litige. Reste celui du renvoi demandé par les ouvriers d’un salarié faisant régner la terreur parmi les ouvriers.

Le 23 novembre, la police intervient pour interdire l’élection des représentants de l’usine United Ath Garnment.

Le 28 novembre, 3 000 ouvriers de Sportwear Garnment reprennent le travail après trois jours de grève, pour protester contre le licenciement abusif de 86 ouvriers.

Le 11 décembre, quelque 500 ouvriers de l’usine coréenne de textile Dai Young entrent en grève pour manifester contre le licenciement d’un responsable syndical et le refus de payer les heures supplémentaires effectuées durant les fêtes de l’anniversaire du roi et de la fête des Eaux.

Les 400 employés des hôtels de luxe Raffles de Siemréap et de Phnom Penh font grève les 24-25 décembre : ils réclament une hausse de leur salaire (45 dollars), et notamment de toucher la prime de 10 % réclamée aux clients pour le service, leur titularisation, assurance, etc. La police tente de faire pression sur les grévistes qui reçoivent le soutien de l’Union internationale des Food Workers-Asia and Pacific, fédération qui regroupe 330 syndicats, présente en 126 pays. Le travail reprend le 26, mais les négociations continuent sous les auspices du Conseil d’arbitrage.

Le 22 décembre, 500 employés de l’usine textile Cambodia Apparel Industry entrent en grève après le licenciement abusif de leurs trois responsables syndicaux, qui réclamaient des WC pour les femmes et le bonus de 2002.

Le secrétaire-adjoint du syndicat SIORC est exclu du syndicat pour avoir touché un chèque de 1 200 dollars d’un directeur d’usine.

Avant l’attribution des quotas d’exportations textiles par les Etats-Unis, pour 2004, en échange du respect du code du travail, les syndicats rappellent qu’en cinq ans, les conditions de vie des travailleurs ne se sont pas améliorées, leurs droits ne sont pas protégés. “Les patrons continuent de violer le code du travail en trichant sur les salaires, en obligeant les salariés à effectuer des heures supplémentaires et en harcelant les responsables syndicaux affirment Chéa Vichéa, président du SIORC, et Chhom Sokha, celui du CCAWDU (Coalition des syndicats démocratiques des ouvriers cambodgiens). Ces quotas doivent prendre fin le 31 décembre 2004. Le 3 novembre, les Etats-Unis annoncent qu’ils augmentent les quotas d’importations textiles de 12 à 14 %. Ce bonus de 14 % est dû à l’amélioration des conditions de travail. La mission d’évaluation du Département d’Etat, qui s’est rendue au Cambodge le 19 novembre, estime, pour sa part, que la situation s’est améliorée, grâce notamment à la création du Conseil d’arbitrage en mai dernier.

Le 13 novembre est signée la première convention collective en seize points, conclue dans le secteur de la confection textile entre la direction et les salariés de l’usine Four Seasons (700 ouvriers). Il a fallu treize mois de négociations, à raison d’une réunion tous les week-ends pour obtenir ce résultat, qui est “la seule vraie solution de résoudre les problèmes qui se posent dans le secteur industriel estime un représentant d’ACILIS (Centre américain de solidarité internationale des travailleurs).

Le 4 novembre, des membres de 218 familles armées de bâtons et de couteaux ont bloqués cent militaires et fonctionnaires qui venaient les déloger du terrain qu’ils ont déminé, défriché, et où elles vivent depuis 1997, à O Chrov (Poïpet). Un casino doit être construit sur leur parcelle de 280 sur 220 m. Les villageois ont perdu leur procès en appel. Le 6 septembre, le roi Sihanouk était intervenu en leur faveur. Depuis trois mois, deux représentants des villageois sont en prison.

Information

Reporters sans frontières place le Cambodge au 81ème rang dans son état annuel de la liberté de la presse dans 166 pays, soit un rang en dessous de la Thaïlande, mais dix places au-dessous de l’an dernier.

Santé

A quatre kilomètres à l’ouest de Pochentong, l’hôpital de l’amitié Chéa Sim, commence à sortir de terre. Il comprendra onze étages, 300 lits dans un premier temps, puis 1 000, et sera équipé du matériel le plus moderne tel que des scanners, il disposera d’un service d’urgence, d’un centre de prévention des catastrophes, d’un centre de médecine préventive, d’un service pour accueillir les malades du sida. Il sera relié par voie informatique à deux hôpitaux coréens, et promet de prodiguer gratuitement ses soins aux nécessiteux (on croit rêver !). C’est la société coréenne Dea-Ath qui est chargée de la construction dont le coût n’est pas révélé, mais qui est financée par de “généreux donateurs Le terrain de 80 000 m a été offert par l’oknha Try Heng, les sociétés Reasmey Angkor, Indochina International Development Investment, ont été mises à contribution. On affirme que cette construction n’a pas bénéficié d’argent sale.

Le 28 octobre, 54 étudiants de l’université des sciences de la santé de Phnom Penh sont partis en France poursuivre leurs études comme internes en médecine et en chirurgie dans différents hôpitaux publics français, notamment à Paris, Bordeaux et Marseille. La majorité d’entre eux sont sélectionnés selon leurs résultats en fin de 6ème année, et envoyés à l’étranger à la fin de leur 9ème année.

Le 25 novembre, la reine a inauguré un nouveau pavillon de l’hôpital national pédiatrique, financé par l’organisation japonaise FIDR à hauteur de 238 000 dollars. Ce nouveau pavillon de deux étages compte 52 lits. Officiellement, 47 % des 70 000 à 100 000 enfants accueillis chaque année sont admis gratuitement. On compte 437 morts sur 100 000 accouchements, 95 enfants sur 1 000 meurent avant l’âge de 1 an, et 124 avant l’âge de 5 ans.

Une pilule contraceptive chinoise largement utilisée au Cambodge est qualifiée de dangereuse par nombre de chercheurs cambodgiens.

588 lépreux ont suivi une multi-thérapie entre janvier et juillet. 299 nouveaux cas ont été détectés. Le programme de lutte contre la lèpre dispose d’un budget de 380 000 dollars, soit 80 000 de moins que l’an dernier. La lutte contre la lèpre n’est plus une priorité au Cambodge.

Le 19 décembre, neuf infirmières en psychiatrie reçoivent leurs diplômes après 18 mois de formation. Il y a au Cambodge actuellement 20 psychiatres et 29 infirmières. Il en faudrait au moins 500.

Une étude de la BM et de la BAD révèle que le budget de santé a triplé durant les huit dernières années (de un à trois dollars par habitant et par an), devenant le troisième poste après la Défense et l’Education nationale. Les salaires représentent 12 % du budget, “une des plus faibles proportions au monde Une grande partie du budget alloué aux frais d’utilisation des équipements, 30 % du budget, est détournée par le personnel. 70 % des sommes allouées à la santé n’ont été débloquées qu’en décembre. 37 % des sommes allouées l’année dernière n’ont jamais été versées. Les habitants des provinces, qui représentent 80 % de la population, ne recueillent que 57 % des fonds de l’Etat. En 2002, 82 % des 991 centres de santé étaient capables de prodiguer les soins élémentaires. Moins de 55 % de la population des provinces vit à moins de dix kilomètres d’un dispensaire.

Le service du SAMU est interrompu le 1er janvier 2004, faute de crédit (40 000 dollars). Depuis sa fondation, en septembre 1997, il a sauvé près de 4 800 personnes. Il comptait 23 employés.

Quarante masseurs non voyants suivent un stage de spécialisation par deux masseurs non voyants japonais. L’association des non-voyants du Cambodge a déjà ouvert huit centres de massage dans le pays.

Drogue

Le 3 novembre, un trafiquant est arrêté à Phnom Penh avec 10 000 pilules d’amphétamines.

Le 11 novembre, les autorités de Koh Kong découvrent deux hectares de marijuana plantés dans un verger de poivriers. Personne n’est arrêté. L’ADHOC pense que la plantation appartient à un militaire de haut rang. Le 9 décembre, les autorités de Bantéay Méan Chhey découvrent et brûlent 7 300 plants de marijuana.

Un volontaire thaïlandais de la lutte contre la drogue louait des Cambodgiens de la province d’Oddar Méan Chhey pour transporter de la drogue en Thaïlande, où il les faisait arrêter pour toucher une prime.

En 2003, la police est intervenue dans 47 affaires de drogue et a arrêté 117 personnes, dont 28 étrangers.

Pédophilie

On signale durant les deux derniers mois de nombreux cas d’incestes et de très nombreux viols de tout jeunes enfants, parfois par des jeunes de moins de 15 ans ! Parfois des viols sont des actes de vengeance au sein d’une même famille ou dans un village. L’attention est plus focalisée sur les étrangers pédophiles mais ne doit pas faire oublier une réalité cambodgienne beaucoup plus répandue. L’ONG Action pour les Enfants semble vouloir traquer les pédophiles étrangers.

Un pédophile notoire, Gary Glitter, porte plainte pour diffamation contre le ministre des Affaires féminines et des Vétérans parce que le ministère a demandé d’inscrire son nom sur la liste rouge, lui interdisant l’accès au Cambodge.

Le 6 novembre, un Australien âgé de 73 ans, est arrêté dans une chambre d’hôtel avec une gamine de 13 ans, avec laquelle il a des rapports sexuels depuis quatre ans. Il est relâché le 7, au scandale de l’ONG Action pour les Enfants, qui proteste. Il a construit deux maisons pour les parents de la gamine, pour une valeur de 10 000 dollars. Les parents affirment que leur fille est âgée de 16 ans.

Le 15 novembre, les autorités cambodgiennes expulsent un citoyen américain accusé de débauche avec des enfants de 8, 10 et 13 ans.

Le 26 novembre, deux pédophiles sont arrêtés à Svay Pak, un Allemand de 61 ans et un Japonais de 54 ans, en compagnie de Vietnamiennes âgées de 12 et 14 ans.

Un Français, arrêté le 21 décembre en compagnie de deux jeunes garçons, est accusé de pédophilie. Un Américain est arrêté le 22 décembre avec une gamine. Il est relâché le 25, faute de preuves, puis à nouveau arrêté dans une guest house le 27, avec un jeune garçon…

En dépit de toutes les descentes de police, le trafic de mineures continue allègrement à Svay Pak : “Pas de problème, il suffit de payer la police… Pour 60 à 80 dollars, on est protégé de la police dit un tenancier. Les maisons de Kien Svay, au bord du Mékong, sont un autre “havre sûr pour les hauts fonctionnaires 

La lutte contre la délinquance sexuelle et le trafic d’être humains a connu de très nets progrès depuis la mise en place du programme Leasec, avec l’aide de la coopération néerlandaise. La police a sauvé 1 352 personnes victimes d’abus sexuels et arrêté 669 personnes de janvier à novembre, contre une trentaine en 1999, 80 pour exploitation sexuelle d’enfants, 97 pour trafic d’êtres humains, 465 pour viol, 27 pour débauche et pornographie. La moitié des victimes étaient des mineurs. Cent cinquante policiers sont désormais spécialisés dans la recherche de ce type de crimes. Soixante et un raids ont été menés dans des bordels, libérant 519 prostituées.

Education

Rong Chun, président de l’AIEC, affirme être menacé de radiation, comme 27 membres de son syndicat, depuis le mois de juillet. Les 27 membres ont été limogés sans avertissement préalable.

Norton University prévoit de construire une université près du pont Monivong, pour un coût de sept millions de dollars, prêtés en grande partie par la Banque mondiale, par l’intermédiaire de la Mekong Private Sector Development Facility.

Le 14 novembre, plus de 2 000 candidats se sont présentés au concours de maître d’école et d’assistant de maternelle. Les candidats reçus devront suivre deux ans de formation à la faculté de pédagogie provinciale, ou un an pour les maternelles.

Le 17 novembre, dans une lettre ouverte au gouvernement, Rong Chum, président de l’AIEC demande que soient payées les heures supplémentaires de certains professeurs d’une école de Païlin, dues depuis plus d’un an. Une grève commence le 29 décembre, mais après une demi-journée, la direction paye deux mois d’arriérés de salaire.

6 878 handicapés ont reçu une formation professionnelle, dont 3 257 exercent un métier. 798 sont employés dans la confection textile.

Le 24 décembre, Rong Cham, président de l’AIEC, dénonce l’achat de faux diplômes universitaires. Les diplômes les moins réputés se négocient entre 700 et 800 dollars, les autres beaucoup plus.

DIVERS

L’Association des Vietnamiens du Cambodge est autorisée à ouvrir des branches en dix-neuf municipalités et provinces. Le PSR proteste et demande au ministère de l’Intérieur de surseoir à cette autorisation jusqu’à ce que le gouvernement soit formé.

En octobre, un sous-secrétaire d’Etat a été nommé à la vice-présidence du Comité national pour la standardisation des lettres khmères sur ordinateur, selon le système unicode. On peut donc espérer une harmonisation entre les systèmes PC et Macintosh.

L’ambassadeur de France André-Jean Libourel est remplacé par Yvon Roé d’Albert.

Festivités

Le 31 octobre, le roi Sihanouk célèbre son 81ème anniversaire, lors d’une cérémonie au palais à laquelle participent 80 moines. Malgré sa demande de ne pas lui envoyer de messages ni de cadeaux (en raison, semble-t-il de son mécontentement devant l’impasse politique), de nombreuses personnes lui manifestent leur sympathie.

La fête des Eaux, du 7 au 9 novembre, a vu concourir 386 pirogues, soit un peu moins que l’an dernier, certaines pirogues de province ayant eu des difficultés à trouver un sponsor. L’affluence a été également moindre, le climat politique expliquant une certaine peur de se déplacer loin de chez soi. Les maisons de prostituées semblent avoir été moins fréquentées par les 23 630 rameurs, sans doute à cause de la peur que commence à provoquer le sida et les campagnes de sensibilisation anti-sida. 1 500 volontaires ont distribué 200 000 préservatifs et des milliers de brochures pour éduquer les gens dans dix provinces, durant le week-end qui a précédé la fête des Eaux.

Le 9 novembre, le roi préside le cinquantième anniversaire de l’indépendance (9 novembre 1953) en grande pompe, avec un défilé grandiose. Un détachement militaire français de la frégate Prairial, mouillant à Sihanoukville, est invité à participer aux cérémonies. Le prince Sihamoni était aux côtés de son père, ce qui semble indiquer par là qu’il est choisi comme éventuel successeur.

Les onze feux d’artifice tirés pour l’anniversaire du roi, la fête de l’Indépendance et la fête des Eaux ont nécessité l’achat de 8 000 fusées en Chine, pour un coût total de 60 000 dollars.

Patrimoine

Le 7 novembre, le ballet royal cambodgien devient chef-d’ouvre oral et immatériel de l’humanité à l’UNESCO.

Vingt-six hôtels, soit 4 400 chambres (contre 3 500 actuellement), sont en construction à Siemréap. Le gros problème que posent ces nouvelles constructions, souvent anarchiques, est la pollution de la rivière de Siemréap et l’épuisement de la nappe phréatique. La cité hôtelière, à l’est de la ville, est gérée par Apsara (Autorité pour la préservation, la sauvegarde et l’aménagement de la région d’Angkor), qui a acquis le terrain avec l’aide de la coopération française qui y a investi 3,8 millions d’euros. En 2000, les entrées des touristes sur le site d’Angkor ont généré 5,8 millions. Selon le contrat passé avec la société Sokhimex assurant la billetterie, 50 % des bénéfices inférieur à trois millions et 75 % au-dessus doivent être versés à l’Etat. 80 % de la somme versée à l’Etat doit revenir à Apsara.

Une bâtisse datant de 1949 abritant une réplique de la statue de Boudha Kork Thlok, située dans l’enceinte des temples d’Angkor, est détruite par le chef de la police de Phnom Penh qui envisage de la reconstruire en béton, au grand dépit de la population et d’Apsara. La construction est interdite.

Les 14 et 15 novembre se tient à Paris une “Conférence intergouvernementale sur la sauvegarde et le développement d’Angkor et de sa région qui réunit les représentants de 35 pays donateurs et ceux de 12 organisations internationales. La France copilote avec le Japon le Comité international de coordination pour Angkor (CIC) qui gère toutes les opérations de sauvegarde et de développement du site. Dominique de Villepin souhaite que l’Unesco “prépare une charte d’Angkor” qui en définisse les principes de conservation et de sauvegarde. La première conférence de ce type s’était tenue à Tokyo en octobre 1993. Les participants demandent un renforcement de l’autorité d’Apsara et de la CIC dont la compétence s’étend au-delà des 401 km du site proprement dit et lancent un appel international pour prévenir “le pillage des autres sites 

Le 14 novembre, des paysans découvrent un temple souterrain à Sbeuv, district de Samrong, dans la province d’Oddar Méan Chhey, et en retirent vingt et une statues.

Le 15 octobre, un temple oublié du Xe siècle est découvert dans la région de Phum Kulen (province de Préah Vihéar). Il mesure 40 m. sur 30. 55 % de sa structure sont intacts. On a ainsi découvert plus de soixante temples oubliés dans la région. Des fonctionnaires découvrent deux cimetières datant de 250 avant Jésus-Christ, dans la province de Pursat (à Bakan et Phnom Kravanh) qui sont pillés par les villageois. On y trouve des bracelets, des vases, des ceintures, des ossements d’animaux, des épées et des javelots.

Sports

Le 7 novembre, Eng Pouthang décroche la ceinture mondiale de boxe libre, en prenant sa revanche aux points sur le Soudanais Fayçal Zakkaria, qui l’avait mis KO en 2002.

La FIFA avait donné 250 000 dollars à la Fédération cambodgienne de football pour l’année 2003. Le Japon lui accorde un don de 13 234 dollars. Le Japon a déjà donné environ 50 000 dollars depuis le début de l’année. Cependant, le Cambodge s’incline 5-1 devant Singapour le 6 décembre, 6-0 devant la Birmanie le 3, 8-1 devant la Malaisie le 29 novembre. Les joueurs se plaignent de n’avoir jamais reçu d’argent, de ne pas avoir de matériel ni de terrain pour s’entraîner.

Le Cambodge remporte dix-sept médailles aux 22ème Jeux du Sud-Est asiatique qui se sont terminés le 13 décembre au Vietnam, dont une médaille d’or pour la pétanque (devant Brunei, dix médailles, Timor aucune, derrière le Laos, quinze médailles, loin derrière la B