Eglises d'Asie

Les autorités politiques et religieuses condamnent les récentes violences dirigées contre des lieux de culte chrétiens

Publié le 18/03/2010




Après les fêtes de Noël qui, à Colombo, se sont déroulées dans un climat tendu, des rumeurs imputant aux chrétiens la mort d’un célèbre prédicateur bouddhiste engagé dans une campagne contre « les conversions non éthiques » de bouddhistes au christianisme (1), les autorités politiques et religieuses du pays ont, quasi unanimes, réagi aux violences anti-chrétiennes qui se sont produites dans les tout derniers jours de 2003 (2). Selon le catholique John Amaratunga, ministre des Affaires chrétiennes dans le gouvernement dirigé par le Premier ministre Ranil Wickremesinghe, une vingtaine d’églises chrétiennes, catholiques et protestantes, ont été attaquées par des fanatiques religieux ; ces attaques n’ont pas fait de victimes mais les dégâts matériels sont importants, certains lieux de culte ayant été totalement saccagés. Le ministre John Amaratunga s’est gardé de désigner nommément les fanatiques religieux en cause mais il était clair pour tous au Sri Lanka qu’il s’agissait de militants bouddhistes qui font campagne depuis quelques temps déjà contre ce qu’ils perçoivent comme une présence chrétienne jugée de plus en plus envahissante et entreprenante.

Au plus haut niveau de l’Etat comme dans l’ensemble de la classe politique, les réactions ont été immédiates pour condamner ces violences anti-chrétiennes. Tant la présidente Chandrika Kumaratunga, dans son message à la nation à l’occasion du Nouvel An, que le Premier ministre, dans un communiqué à la presse en date du 2 janvier dernier, ont attribué ces violences « à l’action d’une petite minorité ». La présidente a invité ces concitoyens à dépasser ce qu’elle a qualifié de tentative visant à semer un nouveau facteur de discorde dans un pays qui se relève à peine de plusieurs décennies de conflits ethniques. Le Premier ministre a appelé à la mise en place de commissions de paix à travers le pays afin de prévenir toute violence à caractère religieux. Des commissions qui comprendraient des travailleurs sociaux, des éducateurs ainsi que des représentants des quatre principales religions présentes dans le pays (bouddhisme, christianisme, hindouisme et islam).

D’autres responsables politiques ont également pris position. Le numéro 2 du Parti national uni, formation du Premier ministre, a déclaré qu’« un vrai bouddhiste » n’insulte par les autres religions ni ne s’en prend aux institutions les représentant.

Du côté des responsables religieux, les réactions sont globalement allées dans le même sens. Le vénérable Galagama Dhammaransi Thero, important moine bouddhiste, a appelé à l’unité de tous les Sri Lankais afin de faire barrage « aux fanatiques religieux qui s’agitent en eaux troubles alors même que les flammes de la guerre ethnique qui a si longtemps ravagée le pays ne sont pas éteintes ».

Chez les chrétiens, Mgr Duleep de Chickera, évêque anglican de Colombo, a, dans son message du Nouvel An, déclaré : « Le trésor que nous partageons – appartenir à un pays où se trouvent représentées quatre des grandes religions mondiales (bouddhisme, hindouisme, christianisme, islam) – représente un héritage national qui doit être apprécié, protégé et célébré. » Le 29 décembre, s’adressant aux médias, l’archevêque catholique de Colombo, Mgr Oswald Gomis, a réitéré ce que la Conférence épiscopale avait dit dans un message publié le 15 décembre, à savoir que l’Eglise catholique n’a aucun lien avec ce que certains bouddhistes dénoncent comme des « conversions non éthiques » de bouddhistes au christianisme (3).

Chez les hindous, le All Ceylon Hindu Congress a lui aussi condamné ces violences, tout en appelant les responsables de l’exécutif à veiller à ce que soient empêchées les conversions non éthiques. Le Congrès a aussi noté que des lieux de culte hindous avaient été attaqués par le passé et qu’il approuvait les propos du ministre des Affaires hindoues, Thiagarajah Maheswaran, appelant à l’interdiction des conversions non éthiques. En déplacement à Madras (Chennai), dans le sud de l’Inde, Thiagarajah Mahewaran a déclaré que, durant la décennie passée, près de 7 000 familles hindoues du nord, de l’est et du centre du Sri Lanka avaient été converties « non éthiquement » au christianisme.