Eglises d'Asie

Pris par la municipalité de Kuala Terengganu, capitale de l’Etat de Terengganu, un décret vestimentaire applicable aux femmes, musulmanes et non musulmanes, provoque des remous

Publié le 18/03/2010




Dans l’Etat de Terengganu, situé sur la côte orientale de la péninsule malaise et contrôlé depuis 1999 par le PAS (Parti Islam SeMalaysia), d’obédience islamique, un décret concernant la tenue vestimentaire des femmes, appli-cable aux musulmanes comme aux non-musulmanes, provoque de vifs remous. Ce décret, édicté par la munici-palité de Kuala Terengganu, capitale de l’Etat, stipule que les musulmanes au bureau doivent porter le “tudung masquant ainsi complètement leur chevelure, les foulards portés jusqu’ici par certaines d’entre elles et ne couvrant que partiellement les cheveux n’étant plus tolérés. Pour les non-musulmanes, employées dans des administrations publiques ou des entreprises privées, les jupes courtes, les jupes longues mais fendues, les chemisiers à manches courtes, les jeans serrés ainsi que les robes suggestives ne seront plus autorisés sur les lieux de travail.

Dans cet Etat, très majoritairement peuplé de musulmans et où la charia a été introduite dans le Code pénal pour les musulmans en juillet 2002 (1), la mesure a été amplement critiquée par certains non-musulmans dans la mesure où elle marque une étape supplémentaire dans l’imposition aux non-musulmans de mesures inspirées de l’islam. Des mesures avaient déjà été prises ces dernières années allant dans le sens d’une islamisation progressive de la vie publique, telles que l’interdiction de la vente d’alcool, des paris ou encore l’instauration de la non-mixité dans les piscines ou dans les files d’attente des supermarchés (2), mais c’est la première fois, semble-t-il, qu’une mesure est prise concernant spécifiquement les non-musulmans (3).

Sulaiman Abdullah, président du Conseil municipal de Kuala Terengganu, a justifié la mesure en déclarant que les conseillers municipaux non musulmans du Conseil avaient approuvé le décret. Il a précisé que le décret avait été voté l’an dernier mais que son application ne devenait effective qu’à partir de janvier 2004. “Il sera appliqué progressivement étant donné que ce décret vestimentaire relève d’une question de moralité a-t-il précisé, ajoutant que des circulaires allaient être distribuées aux entreprises et des consignes passées aux prédicateurs dans les mosquées afin de conseiller les uns et les autres face aux femmes qui ne respecteraient pas le décret.

A Kuala Lumpur, Tan Sri Muhyiddin Yassin, vice-président de l’UMNO, la formation politique du Premier ministre au pouvoir, a vivement réagi, accusant le PAS de ne pas tenir la promesse qu’il a faite et selon laquelle les non-musulmans ne seraient pas soumis aux règles applicables aux musulmans. Le Conseil national des organisations de femmes a appelé les non-musulmans et tous les Malaisiens mécontents de cette mesure à signifier au PAS leur opposition à une telle politique lors des prochaines élections législatives. Le Parti d’action démocratique a déclaré vouloir saisir la justice pour faire condamner le PAS, la mesure décidée par la municipalité de Kuala Terengganu étant, selon Karpal Singh, vice-président du Parti d’action démocratique, entachée d’inconstitutionnalité. Karpal Singh a également mis au défi les dirigeants du PAS de montrer que les responsables religieux non musulmans de Terengganu avaient été consulté sur le sujet. Selon le quotidien malaisien New Straits Times, aucun responsable religieux non musulmans n’a de fait été consulté.