Eglises d'Asie

A Karachi, deux explosions font treize blessés et des dégâts matériels sur la place de l’église de la Sainte Trinité

Publié le 18/03/2010




En l’espace d’une demie heure, l’après midi du 15 janvier dernier, deux explosions ont secoué le quartier de l’église de la Sainte Trinité à Karachi, une église appartenant à l’Eglise du Pakistan (1). Une première fois, deux individus ont lancé une grenade à main à l’intérieur du bureau de la Société biblique du Pakistan sur le parvis de l’église, située dans un quartier très fréquenté de la ville. Les témoins ont déclaré que les deux agresseurs montés sur une moto s’étaient éloignés à grande vitesse aussitôt après l’explosion. Deux membres du personnel de la Société biblique, le gérant du bureau et un de ses collaborateurs, ont été légèrement blessés, des vitres du bureau brisées, des bibles et de nombreux livres religieux détruits. Quelque vingt minutes plus tard, après que la foule qui assistait à l’office était sortie de l’église et alors que de nombreux badauds examinaient les dégâts causés par la précédente explosion, une voiture piégée explosait dans la zone d’un parking attenant au bureau de la Société biblique. Au total, treize personnes ont été blessées, dont trois grièvement, du fait de ces deux explosions qui ont aussi détruit plus de dix voitures et un grand nombre de motos. Les témoins affirment que la prompte arrivée de la police après la première explosion a permis de disperser la foule qui avait accouru sur les lieux de l’attentat, évitant ainsi de plus grandes pertes humaines.

Selon son directeur, Zfar Iqbal, la Société biblique qui est une institution de l’Eglise du Pakistan était sans doute la cible principale des poseurs de bombe. Zfar Iqbal a également fait remarquer que ce sont les voitures de police garées le long du mur du bureau de la Société biblique après la première explosion qui ont obligé les possesseurs de la voiture piégée à ranger celle-ci loin du bureau. Si ce véhicule avait pu être laissé près de la porte principale du bureau, les dégâts auraient été redoutables et les victimes nombreuses. L’explosion, en effet, a été extrêmement puissante puisqu’elle a brisé les vitraux de l’église de la Sainte Trinité, située pourtant à une certaine distance.

L’enquête de la police se contente pour le moment d’accumuler les indices. Selon l’inspecteur général de police adjoint, la voiture piégée appartenait à un service gouvernemental et avait été volée le jour même. Par ailleurs, grâce aux renseignements fournis par des témoins, la police a pu dresser des portraits robots des motocyclistes lanceurs de grenade, portraits qui ont été montrés à la télévision. Des questions cependant restent encore sans réponse. On ne sait pas si la seconde explosion a été déclenchée par un mécanisme programmé ou si elle a été simplement télécommandée. Une réponse à cette question permettrait de découvrir la raison de l’intervalle entre les deux attentats. Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur de la province du Sind a déclaré aux médias qu’il était encore trop tôt pour désigner les coupables. Aucun groupe n’avait jusqu’à présent revendiqué la responsabilité de ces attentats.

Dans les milieux chrétiens, on souligne la soudaineté de ces attentats que rien ne laissait prévoir. Mgr Lawrence Saldanha, président de la Conférence épiscopale catholique du Pakistan, a publié le 16 janvier un communiqué de presse condamnant ces attentats : “Ce lancer de grenade et l’attentat à la voiture piégée ont profondément choqué et affligé les chrétiens du Pakistan. Il s’agit d’une tentative de profaner la Sainte Bible de la minorité chrétienne et d’une claire violation de la loi sur le blasphème…” Après avoir appelé les plus hautes autorités du pays à enquêter sérieusement sur ces crimes et à punir leurs responsables, l’évêque a lancé un appel à toutes les personnes désireuses de paix pour qu’elles créent un climat de tolérance et d’harmonie interreligieuse.

C’est le septième attentat visant une église ou un établissement d’Eglise depuis l’invasion de l’Afghanistan par les Etats-Unis en 2002. Durant cette période, 43 chrétiens sont morts et plus de 80 ont été blessés dans des attaques les visant directement. Les chrétiens déplorent d’être considérés par les musulmans comme les alliés objectifs des Etats-Unis et des autres puissances occidentales, tenues par beaucoup de Pakistanais comme des pays chrétiens.