Eglises d'Asie

Hongkong : l’actualité sociale et politique de ces derniers mois a permis un progrès de l’ocuménisme dans les différentes Eglises chrétiennes du territoire

Publié le 18/03/2010




Les problèmes de société et les questions politiques font l’unité entre les différentes Eglises chrétiennes de Hongkong et pourraient être le signe d’une plus grande et future coopération (1). C’est ce que vient de constater l’ensemble des responsables religieux présents au symposium qui les a réunis du 15 au 17 janvier dernier à Hongkong sur le thème : « Le mouvement ocuménique au XXIe siècle : défis et perspectives d’avenir ». Le symposium programmé dans le cadre de l’annuelle « Semaine de l’unité des Eglises chrétiennes » du 18 au 25 janvier coïncidait cette année avec le nouvel an lunaire, la plus grande fête de l’année à Hongkong.

Au cours de ce symposium, les interventions ont été nombreuses. Mgr John Tong Hon, évêque auxiliaire du diocèse catholique de Hongkong, a souligné que l’Eglise catholique à Hongkong avait étroitement coopéré avec les Eglises protestantes à l’occasion des manifestations du 1er juillet 2003 et du 1er janvier de cette année, deux grands succès où 500 000 puis 100 000 personnes, respectivement, ont réclamé plus de démocratie et une amélioration des conditions économiques. L’évêque a ajouté que l’Eglise catholique et les Eglises protestantes de Hongkong devaient apprendre à mieux travailler ensemble au profit des plus déshérités de la société sans oublier les Eglises de Chine continentale. Il a lancé, dans la même ligne, un appel pour une plus grande coopération entre les organisations caritatives, en particulier Caritas Hongkong, le service diocésain d’aide sociale, et la Fondation protestante Amity. Les deux organisations travaillent à Hongkong et en Chine continentale depuis longtemps mais sans se coordonner.

Le pasteur Nicholas Tai Ho-fai, professeur au Séminaire théologique luthérien, a déclaré quant à lui souhaiter un développement ocuménique qui se traduise en actes comme, par exemple, quand catholiques, protestants et orthodoxes de Hongkong se sont rencontrés pour prier avec onze autres responsables religieux en juin dernier au plus fort de l’épidémie du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère). A l’issue du symposium, le pasteur Tai a déclaré à la presse que l’ocuménisme progresserait si les Eglises encourageaient leurs fidèles à s’engager dans les activités sociales et à parler ensemble des problèmes politiques, ce qui serait « plus efficace », soulignant que Mgr Joseph Zen Ze-kiun, l’évêque de Hongkong, « se trouvait très seul, exposé en première ligne, sur la question des réformes constitutionnelles ». On se souvient que Mgr Zen avait, à de nombreuses reprises, critiqué le projet de loi proposé par le gouvernement de Hongkong sur la sécurité nationale et les réserves de ce même gouvernement quant aux réformes démocratiques. Mgr Zen avait été critiqué par Pékin comme n’étant qu’un « évêque politique ».

Le Révérend Tai, tout en exprimant l’espoir que le mouvement ocuménique ne s’arrête pas au niveau des responsables ecclésiastiques, a demandé plus d’échanges entre les jeunes des différentes confessions chrétiennes pour que l’esprit ocuménique se développe au sein des nouvelles générations. Mgr Thomas Soo Yee-po, évêque anglican de Hongkong et de Macao, est allé dans le même sens, demandant lui aussi que l’ocuménisme soit encouragé parmi les jeunes.

Sur le plan institutionnel, Mgr John Tong a suggéré davantage d’échanges entre catholiques et protestants dans les séminaires universitaires et les instituts de formation afin de préparer des responsables religieux plus ouverts à la dimension ocuménique. Le pasteur Tai a lui aussi proposé qu’une formation théologique à l’ocuménisme soit reconnue comme nécessaire par les Eglises protestantes de Hongkong. « Nous avons plus de trente séminaires protestants dans l’île. Plusieurs séminaires d’une même Eglise s’ignorent entre eux. C’est du gaspillage a-il déclaré.

Un autre intervenant, le métropolite orthodoxe Nikitas Lulias, qui est à la tête de l’Eglise métropolite de Hongkong et de l’Asie du Sud-Est, a lancé, quant à lui, une mise en garde pour que « l’ocuménisme ne soit pas décidé par les Eglises majoritaires au détriment des minoritaires ». Il doit être fondé sur un respect et une compréhension mutuels. Le métropolite, qui a enseigné la liturgie au séminaire universitaire de philosophie du diocèse catholique de Hongkong, a précisé encore que les enseignements d’une Eglise « peuvent ne pas être acceptables par les fidèles d’une autre Eglise mais devraient pouvoir être utilisés en vue d’une mutuelle compréhension ».

Mgr Tong n’a pas minimisé les désaccords qui existent entre chrétiens, par exemple sur les problèmes de morale comme l’avortement, le divorce et l’homosexualité, précisant cependant que « ces problèmes n’existaient pas seulement entre les différentes confessions chrétiennes mais également au sein d’une même communauté ». A ce sujet, le Révérend Tai a rappelé que les deux Eglises, catholique et anglicane, s’étaient l’an dernier heurtées au problème de l’homosexualité. En août 2003, des militants homosexuels ont interrompu une messe dominicale à la cathédrale de l’Immaculée Conception, pour protester contre une déclaration du Vatican refusant toute reconnaissance légale aux unions homosexuelles. A peu près au même moment, les responsables de l’Eglise anglicane des Etats-Unis approuvaient l’ordination d’un évêque ayant publiquement reconnu son homosexualité, provoquant ainsi une controverse importante au point de devenir une menace pour la Communion anglicane. Le pasteur Tai a reconnu que les Eglises protestantes hongkongaises avaient elles-mêmes accusé le choc, lequel avait déclenché de multiples discussions au sein des communautés. Pour lui, ces questions de morale séparent plus le Eglises qu’elles ne les unissent, mais « pourtant nous n’avons pas à les éviter. Il nous faut partager nos points de vue si nous voulons pouvoir donner un témoignage chrétien collectif Il a, dans le même temps, reconnu la difficulté de promouvoir l’ocuménisme parmi les chrétiens chinois qui, a-t-il estimé, sont moins ouverts à ce problème que les chrétiens occidentaux.