Eglises d'Asie

Un jeune catholique de Sargodha, au Pendjab, affirme avoir été enlevé et forcé de se convertir à l’islam

Publié le 18/03/2010




Diverses associations et groupes d’Eglise, au Pakistan, ont été émus par les déclarations d’un jeune catholique pakistanais de Sargodha, une ville du Pendjab, éloignée de deux cents kilomètres d’Islamabad, affirmant avoir été forcé de se convertir à l’islam. Ce jeune homme nommé Zeeshan Gill, âgé de 15 ans, en classe de neuvième au moment des faits, raconte que, sur le chemin de l’école, au cours du mois d’octobre 2004, il a été invité par un ami musulman à visiter une mosquée de la ville. Là, il aurait été sermonné, menacé par une arme, frappé par des maulvi (ecclésiastiques musulmans) et obligé ainsi à devenir musulman. En outre, il aurait été contraint à participer à des classes d’instruction religieuse dans une école coranique (madrasa), où il aurait également reçu une formation de type militaire comprenant le tir au fusil et le lancer de grenade. Gill, qui, depuis, a réussi à s’échapper au mois de novembre dernier, vit aujourd’hui dans la clandestinité la plus absolue. La section diocésaine de la Commission nationale de ‘Justice et paix’ à Multan a pris en charge le jeune catholique et a également donné un hébergement à sa famille, sa mère et un jeune frère, dans un centre tenu par la Commission.

Gill a été récemment rencontré secrètement par un rédacteur de l’agence Ucanews à Lahore, à environ 170 kilomètres de son ancienne résidence de Sargodha. A cette occasion, il a confié à son interlocuteur qu’il lui semblait que tout avait été préparé à l’avance. En entrant dans la madrasa avec son ami, il avait eu l’impression que toute l’administration de l’école était au courant de sa prochaine arrivée. On l’avait obligé alors à prononcer la profession de foi musulmane : “Il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah” et à jeûner lorsque le temps du ramadan fut arrivé. Les enseignants le menacèrent aussi de le tuer s’il cherchait à s’enfuir.

Le récit des faits tels qu’ils se sont déroulés après l’enlèvement de Gill a été ainsi reconstitué par les enquêteurs de la Commission ‘Justice et paix’. La propre mère de Gill, Razia Bibi, est restée plusieurs jours sans nouvelles après sa disparition, jusqu’à ce qu’un jeune musulman vienne l’informer que son fils avait été enlevé, sans toutefois lui révéler le lieu où il se trouvait. Cependant, grâce aux confidences d’un autre ami de son fils, elle découvrit le lieu où il était gardé et se rendit à la madrasa. En fin de compte, elle put obtenir de voir son fils. Mais ce dernier lui déclara avoir embrassé volontairement l’islam et ne pas vouloir regagner la maison. Dépitée, la mère déposa une plainte devant un tribunal de Sargodha. Un huissier se présenta alors à la madrasa et ordonna aux responsables de présenter le jeune converti le 14 novembre devant le tribunal. Le jour de l’audience, celui-ci répéta que sa conversion avait été volontaire. Sa mère qui avait demandé de pouvoir parler à son fils en privé essuya le refus du juge qui déclara que, même mineur, le jeune garçon avait le droit de changer de religion. Peu de temps après, une personne appartenant à la direction de la madrasa lui téléphona pour lui dire qu’elle ne pourrait revoir son fils chez elle qu’à condition qu’elle-même se convertisse à l’islam. Le 20 novembre 2003, Gill revint une fois de plus à la maison chercher des vêtements, accompagné d’un garde du corps. Il confessa alors à sa mère avoir été enlevé et lui demanda de l’aider à se sauver. Quatre jours plus tard, lors d’une nouvelle visite, Gill, sa mère et son jeune frère s’enfuirent à Multan

Le directeur diocésain de ‘Justice et paix’ à Multan, Augustine Jalal, est persuadé de la véracité de la version des faits racontée par Gill. Selon lui, il n’est pas rare que des organisations militantes enlèvent de jeunes garçons musulmans et les entraînent à la guerre sainte. Il n’est donc pas surprenant qu’elles en fassent autant à l’égard d’un jeune chrétien et qu’elles l’obligent à se convertir au préalable. Le vice-coordinateur de la Commission ‘Justice et paix’ se prépare à porter plainte devant le tribunal. “Légalement, déclare-t-il, Gill est musulman, mais nous pouvons prouver qu’il s’agit d’une conversion forcée.” Selon les confidences recueillies auprès de la grand-mère et des voisins de Gill par des membres du bureau ‘Justice et paix’ venus enquêter à Sargodha auprès de sa maison, des enseignants musulmans de la madrasa étaient venus plusieurs fois le voir chez lui. Ces visites effrayaient Gill qui a déclaré que si ces émissaires de la madrasa le trouvaient, ils pourraient l’assassiner ou sinon, mettre en danger la vie de sa famille.