Eglises d'Asie

Le pays traversant une grave crise politique, les responsables religieux du pays appellent à l’unité à l’occasion de la fête nationale

Publié le 18/03/2010




Le 4 février est jour de fête nationale au Sri Lanka, les Sri-Lankais fêtant ce jour-là l’indépendance du pays obtenue des Britanniques le 4 février 1948. Cette année, comme il est d’usage (1), les responsables des principales religions ont publié des messages commentant l’actualité. Pour ce 56e anniversaire de l’Indépendance, l’actualité de ces dernières semaines était chargée dans un contexte marqué par l’enlisement du processus de paix avec les Tigres tamouls, la crise à la tête de l’Etat où la cohabitation entre la présidente et son Premier ministre s’envenime et les récentes violences anti-chrétiennes attribuées à des éléments bouddhistes fondamentalistes (2). A cela s’est rajoutée, le 7 février dernier, l’annonce-surprise par la présidente Chandrika Kumaratunga de la dissolution du Parlement, la troisième en l’espace de quatre ans, et la convocation de nouvelles élections législatives pour le 2 avril prochain (3).

Dans son message du 4 février, le vénérable Udugama Buddharakkhitha Mahanayake Thero, responsable d’une des quatre principales branches du bouddhisme au Sri Lanka (4), a déclaré que l’indépendance telle qu’elle se manifestait aujourd’hui dans la société, en particulier sur la scène politique et dans la sphère religieuse, n’était pas satisfaisante. Il a mis en relief la montée progressive des différends à caractère politique, religieux et communautaire dans l’île.

Le responsable hindou Swami Athmaghanananda, de la Mission Ramakrishna, a choisi lui de réfléchir à la nécessité de la diversité dans la société humaine. Le plus grand problème de l’humanité aujourd’hui, a-t-il souligné, “est de trouver l’unité dans la diversité et susciter l’harmonie dans une société caractérisée par de grands changements dans la religion, la langue et la culture”.

Muhammed Ruzaik Farook, président de la Société islamique du Sri Lanka, a appelé tous les Sri-Lankais à dépasser les différences de castes, de races et de religions pour travailler au bien commun de tous.

L’évêque anglican de Kurunegala, Mgr Kumara Illangasinghe, a déploré la montée de l’intolérance et les récentes tentatives visant à créer des tensions interreligieuses. Déclarant que la véritable indépendance appelle l’unité et l’harmonie entre tous, il a défendu la liberté de religion, une liberté qui ne doit pas être mise à mal par le vandalisme, l’incendie, le pillage, voire par la voie législative, allusion transparente au projet de loi à l’étude interdisant les “conversions non éthiques” (5).

Enfin, Mgr Oswald Gomis, président de la Conférence des évêques catholiques du Sri Lanka, a dénoncé la récente campagne de violences anti-chrétiennes comme une tentative “de division de la nation selon des critères religieux”. Déplorant que la conclusion d’une paix durable et stable entre les Tigres tamouls et Colombo reste une perspective “très éloignée il a dénoncé la priorité donnée à “des expédients politiques” et à “la rapacité des personnes”. Trois jours plus tard, la crise politique ouverte par la dissolution du Parlement venait comme confirmer ses propos. Selon des responsables de l’Eglise catholique s’exprimant le 8 février sous le sceau de l’anonymat, la campagne électorale qui s’annonce risque d’attiser les divisions à l’ouvre dans le pays. “Les choses iraient mieux si [la présidente et le gouvernement] avaient résolu leurs problèmes a déclaré l’un d’eux.