Eglises d'Asie

Réalisées à partir de croquis dessinés par des missionnaires européens, des sculptures célèbres venues du Palais d’été de Pékin ont été exposées à Hongkong

Publié le 18/03/2010




Quatre sculptures qualifiées de « trésors nationaux » par la Chine, des têtes d’animaux en bronze réalisées pour la cour impériale à partir de dessins de missionnaires catholiques du XVIIIe siècle, ont été exposées à Hongkong à l’occasion du Nouvel an lunaire. Il s’agit des têtes d’un porc, d’un singe, d’un bouf et d’un tigre qui ornaient l’horloge à eau d’une des fontaines du Palais d’été à Pékin. Elles ont été exposées au Musée du patrimoine de Hongkong à Shatin, dans les Nouveaux Territoires, du 10 au 25 janvier dernier. L’exposition, intitulée : « Quatre têtes d’animaux en bronze du Yuanmingyuan », était organisée par les services de la Culture et des Loisirs de Hongkong, le Musée des arts de Pékin et l’Association pour la culture et les arts chinois de Macao. Elle a attiré des milliers de visiteurs durant les fêtes du Nouvel an, célébré cette année le 22 janvier. Les quatre têtes faisaient partie de l’ensemble des douze signes du zodiac chinois, d’après lesquels les douze années du cycle calendaire chinois traditionnel sont nommées. Les missionnaires européens qui résidaient à la cour impériale de la dynastie des Qing (1644-1911) en avaient réalisé les dessins. Ces derniers furent ensuite utilisés par les artisans de la cour pour sculpter et couler dans le bronze les statues. Les douze têtes ont été perdues lors du sac du Palais d’été par les troupes françaises et anglaises en 1860. En 2000, le Musée des arts de Pékin a pu acquérir les têtes du singe, du bouf et du tigre, rachetées à des collectionneurs privés vivant hors de Chine lors de deux ventes aux enchères organisées à Hongkong. Les bronzes représentant le rat et le lièvre sont à Paris tandis que celui du cheval est à Taiwan. Les têtes du chien, du bélier, du coq et du serpent n’ont pas été retrouvées.

Le Palais d’été formait un ensemble de trois jardins : Changchunyuan (‘Jardin de l’éternel printemps’), Quichunyuan (‘Jardin de la beauté printanière’) et Yuanminyuan (‘Jardin de la parfaite lumière’). Douze statues de pierre supportaient les têtes de bronze. Réalisées en style rococo propre au XVIIIe siècle, elles ornaient un ensemble horloger qui s’animait toutes les deux heures : à tour de rôle, un jet d’eau jaillissait de leur gueule pour indiquer l’heure et, à midi, elles s’animaient toutes ensemble.

A côté de ces quatre têtes, l’exposition proposait aux visiteurs un grand tableau représentant cette horloge à eau du Palais d’été, une reproduction d’une gravure, ouvre du jésuite italien, le Frère Joseph Castiglione (1688-1766) qui vécut à la cour impériale sous le règne de l’empereur Qianlong (1). Né à Milan, Fr. Castiglione avait étudié la peinture avant d’être envoyé en Chine en 1715. Il y est connu sous le nom de Lang Shining. Ses tableaux et son habileté avaient beaucoup impressionné l’empereur. Apprécié pour le style avec lequel il traitait les thèmes chinois en mêlant habilement technique européenne et chinoise, il avait participé à la décoration des résidences de la dynastie Qing. Une part importante du Changchunyan, appelé aussi « Xiyanglou » (‘Palais européen’), était un ensemble de bâtiments princiers de style européen, dessinés par Castiglione épaulé par deux autres missionnaires européens, les jésuites français Michel Benoit (1715-1774) et Jean-Denis Attiret (1702-1768). Fr. Castiglione est mort à Pékin. Il est inhumé dans le cimetière des missionnaires européens de Fuchen-men.