Eglises d'Asie

Le chef de l’Etat prend une certaine distance vis-à-vis des lois islamiques introduites par un de ses prédécesseurs

Publié le 18/03/2010




Lors de son intervention inaugurale à une session internationale de trois jours pour la promotion de la femme en milieu rural qui avait lieu cette année à Islamabad du 10 au 12 février dernier, le chef de l’Etat pakistanais, Pervez Musharaff, a fait mention du traitement réservé à la femme dans les sociétés régies par les lois islamiques, ce qui est le cas du Pakistan. Il a notamment cité les meurtres de femmes en vue de laver l’honneur des familles ainsi que la procédure judiciaire appliquée aux femmes victimes de viol ou accusées d’adultère.

Il a longuement évoqué le grave problème de l’assassinat des femmes, généralement tenu secret ou alors très discrètement mentionné. Devant les épouses des chefs d’Etat d’un certain nombre de pays d’Asie, il a en effet affirmé sa volonté d’en finir avec ce qu’il a appelé un “fléau à savoir le meurtre de femmes au nom de l’honneur de la famille. Il a déclaré qu’il réagissait immédiatement chaque fois qu’il était informé de ce genre de crimes. Il a cependant ajouté que l’élimination de cette odieuse coutume ne pouvait être l’ouvre d’un seul homme. Ce sont tous les Pakistanais qui doivent changer d’attitude devant les femmes : “Le fléau du meurtre pour l’honneur de la famille est totalement illégal et nous devons refaire notre éducation sur ce point.” Il a appelé tous ceux qui se trouvent en position d’autorité dans le pays à transformer leur mentalité à cet égard. Il a aussi déploré que, jusqu’à présent, ceux qui sont accusés de ce type d’agissements échappent généralement au châtiment qu’ils méritent, tirant avantage de la sympathie qui entoure encore de tels actes considérés comme de justes châtiments pour celles qui déshonorent la famille. Selon la Commission pakistanaise des droits de l’homme, en 2002, ces meurtres visant à venger l’honneur de la famille ont été responsables de la mort de sept cents personnes, la plupart des femmes.

Au cours de la même intervention, le président a aussi appelé à recourir avec prudence aux lois islamiques déterminant les châtiments à appliquer en cas de d’adultère ou de viol, des lois généralement considérées comme discriminatoires à l’égard des femmes. Ces lois avaient été introduites par le dictateur militaire, le général Zia Ul-Haq, dans les années 1980, avec le soutien très actif des islamistes. Selon ces lois, la victime du viol doit produire quatre témoins certifiant qu’ils ont assisté au viol, sinon la femme est jugée comme adultère alors que le violeur est relâché. Le président a appelé à un débat sur ces lois. “Aucun musulman ne doit enfreindre les prescriptions du Coran et les enseignements du Prophète, a-t-il dit, mais le problème est de savoir les interpréter correctement.” C’est une question complexe et épineuse, a-t-il encore précisé. Il a aussi exprimé le désir de voir les citoyens du Pakistan, les divers corps législatifs, en particulier les femmes qui en sont membres, se préoccuper de ce problème.

La conférence qui se tenait à Islamabad rassemblait des pays aussi différents que l’Australie, la Chine, l’Inde, l’Iran, l’Indonésie, le Kirghizistan, le Kazakhstan, les Maldives, la Papouasie-Nouvelle Guinée, les Philippines, Tonga, l’Ouzbékistan et le Vietnam, tous membres de droits. Quelques pays non membres avaient été invités comme l’Afghanistan, le Bangladesh, le Népal et la Thaïlande. Les pays étaient chacun représentés à la Conférence par l’épouse du chef de l’Etat ou une personnalité féminine d’envergure nationale. C’était Shebba Musharraf, épouse du chef de l’Etat pakistanais, qui avait été nommée présidente de l’assemblée réunie à Islamabad, qui, durant trois jours, a traité un certain nombre de problèmes concernant la femme dans la paysannerie asiatique.