Eglises d'Asie

Un prêtre issu d’une minorité ethnique a été nommé évêque auxiliaire du diocèse catholique de Mymensingh

Publié le 18/03/2010




Le P. Paul Ponen Kubi, âgé de 47 ans et provincial adjoint de la Congrégation de la Sainte-Croix, a été nommé auxiliaire de Mymensingh et ordonné le 13 février dernier, par Mgr Francis Anthony Gomes, son évêque, dans les locaux de l’école primaire de la Sainte Famille à Mymensingh. Sa nomination par le pape remonte au 24 décembre dernier. Mgr Kubi devient ainsi le premier évêque “adivasi” (autochtone) du Bangladesh. Il appartient à la minorité ethnique des Garo dont, en 1914, quelques leaders baptistes protestants étaient venus demander à l’évêque catholique de Dacca de leur envoyer un prêtre.

Les enfants de l’orphelinat de Mymensingh, vêtus de leurs costumes garo, conduisaient la procession. Tous les évêques du Bangladesh étaient présents, le nonce apostolique, Mgr Paul Tschang In-nam, plusieurs évêques venus de l’Inde voisine et des représentants de la Sainte-Croix, congrégation qui a récemment fêté le centenaire de sa présence au Bangladesh. De nombreux laïcs d’autres diocèses s’étaient joints aux catholiques des environs.

La veille de l’ordination, une grande fête avait été organisée pour accueillir le futur évêque. Selon la coutume garo, Mgr Kubi portait le “khotup” (turban), symbole du respect de la communauté envers un de ses chefs. Avant l’ordination, Mgr Kubi a déclaré à la presse qu’il souhaitait tout spécialement que les prêtres des minorités ethniques fassent preuve de “plus de dévouement, d’engagement et d’esprit de coopération ajoutant qu’il demandait aussi aux catholiques “coopération, collaboration et dévouement pour mieux affronter les jours à venir”.

Mgr Kubi est né le 29 juin 1956 à Dewachala. Il a été ordonné prêtre en 1986 par le pape Jean-Paul II, alors en visite au Bangladesh. On sait que, déjà au XVIe siècle, des catholiques vivaient dans la région de l’actuel diocèse de Mymensingh, érigé en 1987 à partir d’une partition de l’archidiocèse de Dacca. D’après l’Annuaire catholique du Bangladesh (2003), en 1914, l’Eglise reçut une nouvelle impulsion quand cinq chrétiens baptistes garo venant d’une lointaine région, celle de l’actuelle paroisse de Ranikhong, « l’Eglise mère des Garo parcoururent 150 Km pour rencontrer l’évêque catholique de Dacca et lui demander un prêtre. Un prêtre assisté d’un frère fut envoyé pour étudier la situation et l’année suivante un prêtre résident fut nommé (1). Avec le temps, le catholicisme se développa dans les régions de Mymensingh, Jamalpur, Netrokona, Kishorganj, Sherpur et Tangail. Après 1926, dans le Bhalukapara notamment, de nombreuses paroisses furent érigées pour desservir les tribus garo.

Le diocèse de Mymensingh, dont les fidèles sont majoritairement composés de minorités ethniques, a célébré son quinzième anniversaire en 2002. La croissance du nombre des catholiques y est rapide si l’on en croit l’Annuaire de l’Eglise du Bangladesh : 61 639 fidèles en 2002 et 66 246 en 2003 (pour une population totale de 13,6 millions d’habitants). Pour un catholique local, l’ordination épiscopale de Mgr Kubi “est un signe de la maturité catholique des Garo dans le diocèse”.