Eglises d'Asie

En vue du scrutin du 21 mars 2004, le pouvoir en place cherche à mobiliser en sa faveur le vote chinois

Publié le 18/03/2010




Pour les élections législatives du 21 mars prochain, le pouvoir en place à Kuala Lumpur cherche à mobiliser en sa faveur le vote de la communauté chinoise. Selon les observateurs, il tente ce faisant de reproduire ce qui s’était passé en 1999, lors des dernières élections législatives. A cette date, l’UMNO (United Malays National Organisation) du Premier ministre de l’époque, Mahathir Mohamad, avait perdu beaucoup de terrain dans la communauté malaise musulmane traditionnelle au profit du parti musulman d’opposition, le PAS (Parti Islam SeMalaysia). La coalition qu’il dirigeait, le Barisan Nasional, avait toutefois réussi à conserver la majorité des deux tiers grâce à l’apport des électeurs chinois et indiens. Parmi ceux-ci, ceux qui avaient l’habitude de voter pour l’opposition s’étaient massivement reportés sur la coalition gouvernementale par peur d’une opposition dominée par le parti islamique (1). Cette fois-ci, estiment bon nombre d’observateurs locaux, le Barisan Nasional est à nouveau bien positionné pour bénéficier de la plus grande part du vote chinois, même si les termes du débat diffèrent légèrement en comparaison de la situation de 1999.

En 1999, en effet, la communauté musulmane malaise s’était divisée sur la question du sort réservé par Mahathir Mohamad à Anwar Ibrahim, son jeune ex-Vice-Premier ministre et héritier désigné, disgracié, emprisonné puis jugé. Aujourd’hui, cette affaire a quitté la ‘Une’ de l’actualité et le pouvoir en place à Kuala Lumpur a tout fait ces derniers temps pour s’assurer du vote chinois et du vote indien.

Selon Lim Guan Eng, secrétaire général adjoint du Parti d’action démocratique, parti fédérant une fraction minoritaire du vote chinois et situé dans le Barisan Alternatif, la coalition d’opposition, l’actuel Premier ministre Abdullah Badawi, qui est au pouvoir depuis trois mois seulement, jouit d’un état de grâce et s’est rendu très populaire auprès de la communauté chinoise en lançant une campagne anti-corruption. Nombre d’hommes d’affaires chinois locaux se sentent victimes de la corruption, car ils sont obligés de soudoyer les fonctionnaires pour débloquer leurs dossiers ou obtenir de l’administration les autorisations nécessaires à leurs affaires. Le parti majoritaire chez les Malaisiens d’origine chinoise, le Malaysian Chinese Association (MCA), de même que la formation politique majoritaire chez les Malaisiens d’origine indienne, le Malaysian Indian Congress (MCI), devraient donc être en mesure le 21 mars de faire le plein des voix issues de leurs communautés respectives. Le MCA et le MCI font partie du Barisan Nasional.

Afin de s’assurer que la majorité n’échappera pas à la coalition gouvernementale, Kuala Lumpur a profité de la révision, l’an dernier, de la carte électorale pour renforcer le poids du vote chinois et affaiblir le vote pro-PAS. Sur les vingt-cinq nouveaux sièges créés au Parlement fédéral, la Commission électorale n’en a accordé aucun aux Etats de Kelantan et de Terengganu, les deux Etats contrôlés par le PAS. De même, dans l’Etat de Kedah, région majoritairement malaise où la lutte entre le PAS et l’UMNO est frontale, aucun nouveau siège n’a été créé. Dans les assemblées législatives des Etats, 63 nouveaux sièges ont été créés mais il a été pris soin que les nouvelles circonscriptions électorales soient ethniquement mélangées afin de ne pas créer des circonscriptions purement malaises, supposées plus facilement gagnables par le PAS.

Pour les spécialistes de la carte électorale malaisienne, la confiance du Premier ministre et d’Ong Ka Ting, dirigeant de la MCA, est justifiée dans la mesure où le PAS fait effectivement aujourd’hui office de “repoussoir” pour une grande partie de la communauté chinoise. Mais ils mettent en garde contre une éventuelle surprise, citant l’exemple d’une élection partielle de 2000. Cette année-là, plus de 10 000 électeurs d’origine chinoise ayant voté l’année précédente pour le Barisan Nasional étaient passés à l’opposition pour protester contre la politique du gouvernement en matière d’éducation, estimant qu’ils n’obtenaient pas suffisamment de latitude pour organiser des écoles chinoises selon leurs souhaits.