Eglises d'Asie – Chine
Pékin : les autorités souhaitent donner une certaine visibilité à la construction de nouveaux édifices du culte chrétiens dans la capitale chinoise
Publié le 18/03/2010
Selon la pasteur Li Yonghong, secrétaire générale du Conseil chrétien de Pékin, et selon le pasteur Yu Xinli, président du Mouvement des Trois autonomies, l’équivalent pour les protestants de l’Association patriotique des catholiques chinois, la construction de deux temples s’inscrit dans un plan d’ensemble plus large qui prévoit l’édification au total de sept nouveaux lieux de culte. Le gouvernement, a expliqué le révérend Yu, a apporté son soutien à l’opération en facilitant l’échange de terrains, entre des sites situés dans le centre de Pékin, propriétés de l’Eglise protestante, et les sites où seront édifiés les nouveaux temples. “De tels échanges sont nécessaires car la majorité de nos fidèles ont déménagé dans les banlieues et il leur faut plus d’une heure en transport en commun pour venir au culte le dimanche a-t-il précisé, ajoutant que la vente de terrains qui ont pris une grande valeur dans le centre de la capitale permet de financer les nouvelles constructions. Des dons collectés localement ou à l’étranger complètent le montage financier.
Selon le révérend Yu, appuyé en cela par un responsable du Bureau des Affaires religieuses de la capitale, il est inexact d’établir un lien entre la construction de ces églises chrétiennes et l’organisation des Jeux olympiques à Pékin en 2008. “Les Jeux olympiques ne rentrent pas dans nos considérations. Nous aurions bâti plus d’églises si nous pouvions nous le permettre financièrement a affirmé le révérend Yu, qui précise que Pékin compte 40 000 protestants pour une population de 13,8 millions d’habitants. Sans compter les sept futurs lieux de culte protestant, la capitale abrite huit temples et une structure temporaire faisant office de temple.
Selon les observateurs, les bouleversements qu’a connu ces dernières années et que continue de connaître Pékin ont des conséquences directes sur la vie des croyants, toutes religions confondues. Dans la frénésie de destruction et de construction, des édifices religieux ont été détruits, tel ce temple taoïste du XVe siècle. En vue des Jeux olympiques, les autorités rénovent bien certains édifices religieux mais uniquement pour mieux en écarter les fidèles et favoriser leur fréquentation touristique. La restauration du temple bouddhiste de Tianning permettrait ainsi une moindre fréquentation du temple de Yonghegong, temple bouddhiste tibétain où les autorités estiment que les pèlerins sont trop nombreux. S’agissant de l’Eglise catholique, les opérations de restructuration urbaine autour de Beitang (‘l’église du nord’), à proximité de la Cité interdite, ont provoqué le départ des fidèles qui vivaient près de l’église. Contraints de partir s’installer à Haidian, en banlieue nord-ouest, les catholiques se désolent de ne pas obtenir l’autorisation de bâtir une nouvelle église (1). Ils ont le choix entre se réunir dans une construction temporaire et illégale ou prendre le bus aux aurores pour assister à la messe du matin dans leur ancienne église.