Eglises d'Asie

Hongkong : Mgr Joseph Zen, évêque du diocèse catholique de Hongkong, déclare qu’il pourrait se joindre à la manifestation pour la démocratie prévue le 1er juillet 2004

Publié le 18/03/2010




Dans une interview accordée au South China Morning Post du 15 mars dernier, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse catholique de Hongkong, a déclaré qu’il pourrait prendre part à la manifestation que les milieux militant en faveur de plus de démocratie projettent d’organiser dans les rues de Hongkong le 1er juillet 2004. On se souvient que, lors de la manifestation monstre du 1er juillet 2003, Mgr Zen s’était contenté de présider une assemblée de prière dans le parc de la Reine Victoria d’où était parti l’imposant cortège de 500 000 manifestants (1). Le 1er janvier dernier, lors d’une nouvelle manifestation en faveur de la démocratisation des institutions politiques de la Région administrative spéciale (RAS) de Hongkong, Mgr Zen était à nouveau resté en retrait, se contentant de dire en chaire, à la cathédrale de Hongkong, que la manifestation marquait une étape significative pour la population locale et pour son combat en faveur de la démocratie (2).

La déclaration de Mgr Zen au principal journal anglophone de Hongkong s’inscrit dans le contexte d’un débat passionné où les tenants d’une démocratisation rapide de la vie politique à Hongkong se sont vus accusés par Pékin et ses alliés à Hongkong d’être des « antipatriotes ». Mgr Zen lui-même, qui a été très en pointe dans le combat, lors du premier semestre 2003, contre le projet de Loi sur la sécurité nationale (3), a été la cible d’attaques nominatives d’un haut responsable du gouvernement à Pékin qui a déclaré que l’évêque n’aurait pas dû se mêler de politique comme il l’a fait et qu’il « s’opposait à la nation ». Yang Tongxiang, directeur adjoint du Bureau des Affaires religieuses à Pékin, a accusé Mgr Zen de ne pas être fidèle à la Loi fondamentale, texte constitutionnel de la RAS de Hongkong. « Il est chinois. Pourquoi devrait-il s’opposer à son propre pays ? », avait déclaré Yang Tongxiang.

Au South China Morning Post, Mgr Zen a dit qu’il trouvait qu’« en ce moment, les gens commençaient à devenir un peu fous ajoutant qu’il espérait qu’à partir de maintenant « les gens conduiront les discussions de façon rationnelle ». Sur le fond, sa position n’a pas changé par rapport à celle qu’il avait au 1er juillet 2003. Interrogé sur le fait de savoir s’il allait inviter les 260 000 catholiques de Hongkong à descendre dans la rue le 1er juillet 2004, l’évêque a répondu : « Bien sûr. Je les encouragerai à y aller. Les gens doivent prendre part aux manifestations pacifiques s’ils ont des vues importantes à exprimer. Quant au fait de savoir si la participation de l’Eglise à la manifestation pouvait déclencher l’ire de Pékin, Mgr Zen a rétorqué : « Arrêteriez-vous de faire quoi que ce soit uniquement parce que vous craignez que des gens vous accusent d’être non patriotes ? » En écho à de récents propos de Tung Chee-hwa, le chef de l’exécutif local, selon lesquels « la vaste majorité » des Hongkongais sont des patriotes, Mgr Zen a estimé que la totalité de la population de Hongkong aimait la nation (chinoise) et aimait Hongkong. « L’Eglise est très patriote. Tous les gens à Hongkong sont clairement patriotes a-t-il ajouté.

Le Front civil pour les droits de l’homme, l’organisation qui assure la coordination de la préparation de la manifestation du 1er juillet 2004, a dit espérer un million de manifestants cette année dans les rues de Hongkong, pour réclamer l’introduction du suffrage universel dès 2007 dans les institutions de la RAS. Cette manifestation s’annonce comme ayant valeur de test, les élections pour le renouvellement du Legco, le Conseil législatif de Hongkong, se déroulant très peu de temps après, le 12 septembre 2004.