Eglises d'Asie – Chine
Le nombre des femmes pasteurs augmente au sein des Eglises protestantes bien que certaines communautés acceptent difficilement d’avoir un pasteur qui ne soit pas un homme
Publié le 18/03/2010
Chen Meilin note encore qu’en dépit de la très forte progression du nombre des femmes pasteurs, des réticences parfois fortes se manifestent encore, les fidèles, y compris des femmes, acceptant avec difficulté l’idée que leur pasteur soit une « pasteure ». Certaines paroisses, remarque Chen Meilin, refusent d’ordonner des femmes et d’autres peuvent accepter nominalement la présence d’un pasteur de sexe féminin mais ne lui permettront pas de célébrer certains rites. « Encore aujourd’hui, écrit-elle, certaines personnes dans certaines églises croient que les femmes sont impures lorsqu’elles ont leurs règles et leur interdiront de prêcher durant ces jours-là. »
Selon différentes femmes exerçant le ministère pastoral interrogées ici et là, les conclusions de Chen Meilin se vérifient à peu près partout, à quelques nuances près. Pour le pasteur Li Yonghong, secrétaire générale du Conseil chrétien de Pékin, les fidèles ont désormais intégré le fait que des femmes peuvent être pasteurs. A Pékin, dix femmes sont pasteurs et, parmi les pasteurs âgés de moins de 50 ans, hommes et femmes sont en nombre égal. Depuis douze ans qu’elle est pasteur, elle a exercé son ministère dans dix-huit districts et comtés différents de Pékin, et elle estime que les fidèles lui ont toujours témoigné du respect. Selon elle, la difficulté du ministère pour une femme est moins liée à une question d’acceptation sociale qu’aux contraintes de la vie familiale. Elle explique ainsi qu’elle se fait du souci pour ses enfants et sa famille lorsqu’elle doit voyager hors de chez elle. « Se déplacer seule pour le travail (pastoral) le soir dans une banlieue inconnue est source de stress. Pour des raisons de sécurité, je n’emprunte que les bus publics explique-t-elle. Selon le pasteur Yu Xinli, président du Conseil chrétien de Pékin et du Mouvement des trois autonomies de la capitale, 60 % des 94 étudiants du Séminaire théologique de Yanjing à Pékin sont des femmes.
Pour le pasteur Lin Zhihua, vice-président du Séminaire théologique du Fujian, les femmes pasteurs sont bien acceptées dans cette province méridionale et côtière. Toutefois, précise-t-il, si « elles sont capables de bien accomplir leur ministère elles ne sont pas très présentes dans les fonctions de direction de l’Eglise. Plus de la moitié de ses 80 étudiants sont des étudiantes et toutes seront ordonnées.
Enfin, un pasteur en contact avec des communautés protestantes « officielles » et « clandestines » dans le nord du pays explique que l’acceptation des femmes pasteurs est la même dans les deux groupes. Pour lui, les mentalités chinoises, modelées par le taoïsme et le principe du yin et du yang, sont comme préparées à accepter de voir les communautés religieuses dirigées soit par un homme soit par une femme.
Selon le site Internet du Conseil chrétien de Chine, instance reconnue par le gouvernement, les protestants en Chine sont au nombre de seize millions. Soixante-dix pour cent d’entre eux vivent en milieu rural. En vingt ans, près de 5 000 étudiants ont reçu un diplôme des dix-huit écoles bibliques et séminaires protestants du pays.