Eglises d'Asie

A Hongkong, des spécialistes des Eglises chrétiennes estiment que l’évolution rapide de la société chinoise favorise la liberté religieuse

Publié le 18/03/2010




A mesure que les changements sociaux et économiques s’approfondissent en Chine continentale, les religions gagnent en espace de liberté. Telle est l’opinion de différents spécialistes des Eglises chrétiennes de Chine, exprimée le 18 avril dernier à l’occasion d’un colloque organisé par la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse catholique de Hongkong.

Selon Anthony Lam Sui-ki, du Centre d’études du Saint-Esprit, centre de recherches du diocèse catholique de Hongkong, il y a lieu de faire preuve d’un certain optimisme quant aux perspectives de voir la liberté religieuse s’accroître en République populaire de Chine. Certes, le plein respect des droits de l’homme passe par un changement de gouvernement, mais dès aujourd’hui et encore plus demain les changements à l’ouvre dans la société permettent des progrès significatifs dans l’exercice par les citoyens chinois de leurs droits fondamentaux. Devant une cinquantaine de personnes, en majorité des catholiques, dont certaines venaient du continent, Anthony Lam a cité, à titre d’exemple, l’essor des communications, que ce soit les télécommunications ou les déplacements physiques des personnes, qui contribue à donner « plus d’espace » aux croyants. Le développement rapide d’Internet, malgré le contrôle dont il est l’objet de la part des autorités, a grandement facilité le développement de mouvements tels que le Falungong, aujourd’hui interdit. De même, une des premières choses que la police fait lorsqu’elle arrête un évêque « clandestin », comme cela a été le cas dernièrement avec Mgr Wei Jingyi (1), est de fermer sa ligne de téléphone mobile.

Peut-être plus significativement encore, Anthony Lam a expliqué qu’il sent chez certains responsables chinois du continent une plus grande ouverture d’esprit envers la religion que celle dont font preuve les responsables du gouvernement de Hongkong. Ainsi, à sa grande surprise, deux représentants d’une organisation semi-officielle chinoise lui ont récemment rendu visite à Hongkong pour lui demander s’il était prêt à écrire une biographie du cardinal Ignace Gong (Kung) Pinmei. Le cardinal Gong Pinmei a passé trente années de sa vie dans les prisons chinoises ; libéré en 1985, il est parti aux Etats-Unis en 1987 pour se faire soigner avant d’y mourir en 2000. Il symbolise, aux yeux de nombreux catholiques chinois comme pour les autorités chinoises, la résistance de l’Eglise de Chine à la tentative de mainmise des autorités sur elle.

Pour le pasteur Chan Kim-kwong, secrétaire exécutif du Conseil chrétien de Hongkong et observateur attentif des Eglises protestantes du continent, le gouvernement chinois est devenu plus réaliste sur les questions religieuses. Après plus de deux décennies de réforme, les autorités ont abandonné la posture qui était la leur auparavant, à savoir celle d’une confrontation idéologique totale entre communistes et croyants (2). Avec la mise en place en 2002 de la théorie des « trois représentations » par l’ancien président Jiang Zemin, il est suggéré aux Chinois que « tout ce qui peut contribuer au développement social et économique du pays est bienvenu Ayant compris que les religions ne disparaîtront pas par la persécution ou du fait du « progrès social les dirigeants chinois sont prêts à adopter une attitude plus ouverte envers elles. Le pasteur Chan précise qu’une telle ouverture n’est bien entendu pas désintéressée et que le Parti cherche à utiliser à son profit l’essor actuel des religions en Chine (3).

Parmi les participants à ce colloque se trouvait Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse de Hongkong. Il a pris la parole « au nom des prêtres du continent qui ne peuvent s’exprimer par eux-mêmes rappelant par là que le contrôle du gouvernement chinois sur l’Eglise catholique, tel qu’il est pensé et mis en ouvre par Pékin, est inacceptable.