Eglises d'Asie

LE POINT SUR LA SITUATION POLITIQUE ET SOCIALE du 1er mars au 30 avril 2004

Publié le 18/03/2010




IMPASSE POLITIQUE

Après les élections du 27 juillet 2003, qui ont vu une large victoire du PPC, avec 73 députés sur 122, la situation politique cambodgienne est bloquée, car au terme de la Constitution de 1993, un article imposé par Hun Sen, à l’époque, prévoit que le gouvernement doit être accrédité par deux tiers des voix de l’Assemblée. L’opposition qui a perdu les élections tend à faire payer très cher sa participation au gouvernement.

A la fin février, quatre personnalités du FUNCINPEC, Nhiek Bun Chhay, Serey Kosal, Por Bun Sreu et Lay Virak auraient écrit une lettre à Ranariddh, président du FUNCINPEC, pour lui demander de négocier la composition d’un gouvernement bi-partite. Cependant ces personnalités affirment n’avoir pas signé cette lettre. On sent un vent de discorde souffler au sein du FUNCINPEC, dont certains membres se laisseraient volontiers séduire par des offres alléchantes. Le 21 janvier, le magnat de la drogue, Lieng Phat, n’a-t-il pas proposé trente millions de dollars à Ranariddh, et autant au FUNCINPEC, pour former un gouvernement bi-partite, correspondant aux voux de Hun Sen. Cependant on ne tient pas à se brouiller avec Sam Rainsy. Des rumeurs vont bon train sur une éventuelle scission au sein du FUNCINPEC, ou autour d’une scission de l’Alliance des démocrates. On accuse les 4 signataires de traîtrise. Nhiek Bun Chhay s’emporte et rappelle que certains, à l’intérieur du FUNCINPEC ne sont pas d’accord avec le prince Sirivuddh, secrétaire général, ni avec la façon dont sont menées les négociations avec le PPC.

Le 6 mars, Ranariddh rentre au Cambodge après quatre nouvelles semaines d’absence passées en France. Il continue à se déclarer favorable à un gouvernement tri-partite (PPC, Funcinpec, PSR), mais Hun Sen et le PPC ne veulent plus qu’un gouvernement bi-partite (PPC-Funcinpec). Il nie toute division au sein du FUNCINPEC. Sihanouk, de Pékin, écrit un mail donnant trois scénarios de sortie de crise : Ranariddh rejoint Hun Sen dans un gouvernement bipartite, il perd alors toute crédibilité à l’intérieur et à l’extérieur du pays ; il crée un gouvernement tripartite avec la participation de Sam Rainsy : on va inévitablement vers une implosion d’un tel gouvernement ; si les négociations échouent, l’alliance des démocrates sombrera « comme le Titanic » !

De Pékin, le roi est de plus en plus amer sur l’évolution du Cambodge. Le 10 mars, il écrit que le pays n’a plus d’indépendance économique et financière et est devenu un état mendiant, ne survivant que grâce aux aides étrangères (dont celle de la Chine), qu’il a perdu son intégrité territoriale (terre et mer), et est confronté à de « très gros problèmes » que sont le trafic humain, les assassinats, etc.

Dans le but de déstabiliser Hun Sen, Sam Rainsy maintient sa plainte contre le Premier ministre déposée le 2 février : il l’accuse d’homicide volontaire avec préméditation, lors de l’attentat du 30 mars 1997. Il demande une compensation de 50 millions de dollars comme dommages et intérêts pour les familles des victimes, et un emprisonnement de 10 à 20 ans pour Hun Sen. Le 17 mars, le juge d’instruction de la cour de Phnom Penh accepte de recevoir sa plainte. Un groupe de sénateurs américains (dont les républicains John MacCain, Mitch Connell, Saxby Chambliss, et les démocrates Tom Daslie, Patrick Leahy, Zell Miller) appellent le FBI à reprendre son enquête et à en rendre publique ses résultats : « Il est dans l’intérêt de la sécurité des Etats-Unis – et de tous nos alliés dans la lutte contre le terrorisme – que la responsabilité et la transparence prennent racine au Cambodge. » Quelques mois après l’attentat, un article du Washington Post en rendait Hun Sen responsable, et citait à charge le rapport du FBI, classé depuis.

Le 23ème congrès du FUNCINPEC qui devait réunir quelque 10 000 personnes les 20 et 21 mars, est reporté en fonction de la situation politique actuelle, et des problèmes financiers du parti qui aurait dû dépenser 200 000 dollars pour ce rassemblement.

Le 15 mars, Hun Sen se rend à la résidence de Ranariddh, où les deux hommes échangent pendant 4 heures pour chercher un plan de sortie de crise, non comme chefs de partis, mais comme des « petit frère et grand frère Hun Sen offre à Ranariddh « la possibilité de choisir des membres venant d’autres partis autre que le FUNCINPEC pour faire partie du futur gouvernement. D’où la formule d’un gouvernement « Bi-partite et demi « Bi-plus ou « deux et demi façon élégante d’inclure le PSR sans que Hun Sen ne perde la face. Pour Sam Rainsy, consulté le lendemain, « l’Alliance des démocrates est plus solide qu’avant Il se déclare « fier » de Ranariddh qui a su garder les principes de l’Alliance.

A partir du 19 mars, Hun Sen et Ranariddh se mettent d’accord pour que leurs partis respectifs ne diffusent pas de nouvelles sur les négociations en cours : « Les négociations sont comme un jeu de cartes, on ne peut montrer son jeu avant la fin de la partie dit Hun Sen. Les négociations portent sur la plate-forme politique commune pour former un gouver-nement. Hun Sen se moque du PSR qui « maintenant, est prêt à entrer au gouvernement par la jambe de pantalon d’un autre 

Le 25 mars, le roi Sihanouk, depuis Pékin, annonce qu’il ne rentrera pas au Cambodge comme prévu, à cause du mauvais climat politique qui y règne. Il se rendra en Corée du Nord pour fêter l’anniversaire de Kim Il-Sung, le 15 avril. Le 27 mars, Ranariddh part aux Philippines puis en France. Le 23 mars, Sam Rainsy part en France pendant dix jours « pour vacances et raisons familiales Le 2 avril, de Pékin, le roi Sihanouk accuse les deux partis d’opposition d’avoir saboté son accord du 5 novembre, pour revenir au « Canossa hunsénien ». « Il n’y a plus de dignité, de face, d’honneur… et de crédibilité face au peuple électeur s’attriste le monarque.

« Nous avançons à pas de tortue, mais nous avançons dit le conseiller du PPC. Sur la table des négociateurs, un dossier en 73 points qui pourrait devenir un programme du futur gouvernement. Les sessions du 9 et du 16 avril, ont permis un accord sur 50 points mineurs. Les négociations reprennent le 28 avril, après le retour de Hun Sen de Chine, mais au 1er mai, il reste 13 points importants à résoudre, dont la création d’un organisme de défense des droits de l’homme indépendant du gouvernement, la convocation mensuelle du Premier ministre devant l’Assemblée, le salaire minimum des fonctionnaires fixé à 100 $ par mois, la réforme judiciaire, les subventions aux ONG, etc.

A forum de Boao, en Chine, Sirivudh rencontre Hun Sen et s’engage à former un gouvernement le plus rapi-dement possible. Le ministre du Commerce, peu optimiste, annonce qu’il ne demandera pas un nouveau report de l’entrée du Cambodge dans l’OMC, prévue le 31 mars, puis reportée au 30 septembre… Pour les deux partis d’opposition, l’entrée dans l’OMC n’est pas une priorité.

Assassinats politiques

Les apparences restent feutrées, on se parle apparemment avec douceur. Cependant, dans les provinces, on assiste à une monté de la violence, des viols de jeunes enfants, des meurtres, spécialement en direction de membres du PSR. Les journaux relatent de plus en plus souvent les cas d’arrestations de présumés coupables, parfois de leur condamnation :

Le 27 février, un militant du PSR est retrouvé mort dans sa rizière, dans la province de Kompong Chhnang, sans doute tué à coups de bâtons. Aux dernières élections, il avait convaincu les villageois de voter pour le PSR. Après les élections, il a aidé quelques 200 villageois à utiliser les eaux du lac Santhi, réservé jusqu’alors aux membres du conseil communal PPC. Plusieurs fois il a affirmé être menacé de mort.

Pour le seul mois de février et dans la seule province de Kompong Speu, l’association ADHOC dénombre 6 meurtres, dont deux de militants du PSR. Des meurtres sont également commis dans les provinces de Oddar Méan Chhey, de Banteay Méan Chhey et de Kompong Thom. « Dans tous les cas, les auteurs n’ont nullement été inquiétés… » Certains sont bien connus des services de police.

Le 15 février des hommes en uniformes de la brigade 70 tuent purement et simplement un homme de 24 ans qui achetait de l’alcool pour sa femme en train d’accoucher. Selon l’association ADHOC, les autorités « connaissent le coupable, mais ne l’arrêtent pas parce qu’il est puissant 

Le 30 mars, un militant du PSR est tué dans le village de Trapéang Kampléanh, province de Kampot.

Le 2 avril, le corps d’un jeune militant PSR de Kompong Speu est retrouvé la nuque brisée, à 2 Km de chez lui.

Le 13 avril, un membre du PSR de Maung Russey (Battambang) reçoit plusieurs balles dans les jambes.

Le 18 avril, un militant du PSR est abattu à Puok (Siemréap).

Dans les provinces reculées, les militaires ont carte blanche pour se payer sur l’habitant, par le vol ou la razzia, à condition de ne pas se faire prendre. La route de Préah Vihéar n’est plus très sûre, certains militaires « démobilisés » se sont reconvertis dans le banditisme.

JUGEMENT DES EX-DIRIGEANTS KHMERS ROUGES

Du 10 au 18 mars, une délégation de l’ONU se rend au Cambodge pour régler les derniers détails techniques concernant le procès des ex-dirigeants khmers rouges. Le coût du procès devrait s’élever au moins à 50 millions de dollars. Le gouvernement voudrait que l’argent lui soit direc-tement versé, mais les pays donateurs montrent une certaine réticence. Le 30 avril, Youk Chhang, responsable du Centre de Documentation sur le régime khmer rouge, estime que tant d’argent ne peut que favoriser la corruption et ne peut garantir un jugement crédible et honnête.

Le 8 avril, même Colin Powell défend sans convictions le tribunal devant juger les ex-responsables Khmers rouges : « C’est seulement un jeux dit-il.

Le 17 avril, à l’occasion du 29e anniversaire de la prise de Phnom Penh, le roi Sihanouk demande à nouveau que soient brûlés les ossements des victimes des Khmers rouges, et traite à nouveau le futur tribunal de « comédie et d’insulte aux âmes souffrantes des victimes S’il est convoqué devant ce tribunal, il ne se rendra pas à la convocation de juges, que toute la communauté internationale taxe d’« incompétents et de corrompus Le roi préconise un tribunal international neutre du type de celui de La Haye. Quelques jours plus tard, suite à une lettre ouverte contre cette position, le roi assure qu’il n’a pas voulu mépriser les juges de son peuple et qu’il ira témoigner, que la Reine témoignera aussi, et qu’il signera le décret établissant le dit tribunal, s’il voit le jour.

En début avril, 15 défenseurs cambodgiens des droits de l’homme signent une lettre écrite par Son Chhay, député PSR, demandant au procureur de la cour d’appel de lancer un mandat d’arrêt contre les ex-responsables khmers rouges Noun Chéa, Ieng Sary et Khieu Samphan, pour que l’on soit sûr de leur présence en cas d’un jugement. Hanrot Raken, Procureur général de la cour d’appel, refuse, prétextant que le gouvernement cambodgien a négocié leur reddition, à partir de 1996. Le 27 avril, Khieu Samphan écrit une lettre ouverte à ses compatriotes, affirmant que son livre lui a attiré beaucoup de sympathie et de soutien, et a poussé à la réflexion.

ECONOMIE

Selon un rapport de la Banque Mondiale rendu public le 20 avril, 43 % de la population cambodgienne vit au dessous du seuil de pauvreté (mois de 1 $ par jour), 78 % avec moins de 2 $. En dépit de tous les séminaires et plans, en dépit des sommes considérables déversées sur le pays, cette proportion ne cesse de s’accroître, et le fossé avec les pays voisins ne cesse de se creuser (taux annuel de croissance du Vietnam et Thaïlande : 7,2 % par an, Cambodge 4,8 en 2003, 5,5 prévus en 2004). La corruption et la crise politique sont sans doute les causes qui freinent les investisseurs à venir s’installer au pays.

Riz

Le Cambodge a enregistré un surplus historique de 1 million de tonnes de paddy, au cours de la saison 2003-2004, soit 4,7 millions de tonnes, grâce aux bonnes conditions météorologiques. Cette bonne récolte est obtenue sur une surface cultivée moindre que celle des années 1960.

Bois

Le 11 mars, la police et les gardes forestiers de Kompong Cham arrêtent un camion chargé de bois, voyageant en convoi avec la voiture de Kép Chutéma, gouverneur de Phnom Penh. Ce camion était suivi par les gardes forestiers depuis la province de Préah Vihéar. Il transportait 25 m3 de bois précieux, dont la valeur et estimée à plus de 25 000 $. Les gardes décident de l’arrêter pour inspection, près de Skun. Mais les gardes du corps de Kép Chutéma font feu sur les gardes, qui doivent battre en retraite. Global Witness salue l’intervention des gardes forestiers, estimant que c’est l’un des premiers cas où ces agents osent s’opposer à des puissants.

Le 23 mars, des soldats attaquent des gardes forestiers du parc protégé de Phnom Aural. C’est un cas parmi tant d’autres. « Presque tous les crimes repérés et documentés dans le renforcement de nos opérations, sont liés aux militaires déclare l’ONG responsable de la surveillance de la zone protégée.

Le ministère de l’Agriculture dans le cadre de son bilan annuel, et le PNUD font état d’une croissance de la surface boisée de 58,6 % à 61,1 % de 1997 à 2002, soit 11 millions d’hectares au total, inférieur au 13 millions d’hectares d’autrefois, où la forêt couvrait 73 % du territoire. Le ministère de l’Agriculture se félicite d’avoir saisi plus de 40 000 m3 de bois coupés illégalement, d’avoir constaté près de 3 400 infractions, saisis le matériel de 653 entreprises artisanales. Selon Global Witness, « ces chiffres sont dénués de toute crédibilité… et relèvent du non-sens, à moins d’admettre que les bambous sont des arbres Selon un témoin visuel, « le rythme de la destruction de la forêt dans la province de Ratanakiri est devenu frénétique Global Witness s’inquiète de la perspective d’une prochaine reprise de coupes de bois, en l’absence d’étude indépendante des plans de gestion durable, contrairement aux engagements pris lors du groupe de travail des donateurs en janvier 2003. Phéphimex (société très corrompue, proche de Hun Sen) est en train de marquer les arbres dans 3 concessions, en vue de leur abatage.

Le 11 avril, un haut cadre du département des forêts de Siemréap, responsable de l’inspection de 5 provinces du nord (Siemréap, Kompong Thom, Préah Vihéar, Oddar Méan Chhey et Bantéay Méan Chhey), et trois responsables forestiers provinciaux sont mis à pied pour trafic de bois. Il semble que ce soit un règlement de compte entre les militaires dont il a saisi beaucoup de bois, la puissante société Phéphimex, et lui-même. Beaucoup de bois saisis par ses services n’ont pas été retrouvés. Selon Global Witness qui a pris des photos, le bois coupé illégalement et saisi à partir de décembre 2003 représentait 800 m3, mais du 24 janvier à la fin février, tout ce bois a été transporté on ne sait où. C’est du « beng » (sorte d’acajou) et de l’ébène. Global Witness pense que tout ce bois a été vendu en douce, et l’argent empoché par les fonctionnaires.

On confirme de toutes parts que le bois précieux est utilisé à foison à Siemréap dans la construction des hôtels et leur ameublement.

Depuis le début avril, une société taïwanaise, la Green Rich Group a commencé une opération « agro-industrielle » sur une superficie de 18 000 hectares, coupant la mangrove dans la région de Koh Kong pour y planter des eucalyptus. Or la loi cambodgienne interdit d’accorder des concessions de plus de 10 000 hectares… et, qui plus est, dans une réserve ! L’eucalyptus est bien connu pour ses effets dévastateurs sur les autres espèces et son peu de valeur marchande. Le Premier ministre, le ministre de l’Environnement et les hauts fonctionnaires ont donné toutes les autorisations nécessaires.

Le 23 avril, le groupe des donateurs remet un imposant rapport de 600 pages sur les forêts cambodgiennes et conseille fortement la fin des concessions, ainsi que la poursuite du moratoire des coupes, décidé en janvier 2001.

Tourisme

L’aéroport de Sihanoukville, construit par la société malaisienne Ariston, après des années de retard, est inauguré le 12 avril. Il peut recevoir 5 avions par jour, d’abord des vols nationaux, puis régionaux. En 2003, 38 000 touristes étrangers et 80 000 nationaux se sont rendus à Sihanoukville.

Le bateau hébergeant le casino flottant Naga, appartenant à la même société Ariston, doit retourner à Singapour, mais auparavant il doit s’acquitter de 10 millions de dollars en location et pénalités au gouvernement cambodgien. Depuis le 25 mars 2002, il doit également payer une astreinte de 40 000 dollars par jour d’absence de Singapour.

Taxes sur les Véhicules

Quelque 3,75 millions de dollars ont été perçus depuis le début de l’année en taxes sur les véhicules passés en contrebande qui ont bénéficié d’un délai de versement jusqu’au 29 février. De 167 et 211 % selon les véhicules, les taux ont été ramenés à 115 %. Environ 1 000 propriétaires de véhicules ont acquitté les taxes, mais il en reste entre 20 et 30 000 qui ne l’ont pas encore fait (appartenant aux membres des familles des dignitaires du régime) sur 120 000 véhicules dûment enregistrés.

COMMERCE EXTERIEUR

Noix de cajou

Selon le ministère du Commerce, 300 tonnes de noix de cajou ont été exportées en 2003, soit environ 10 % de la production totale du pays, le reste passant en contrebande à l’étranger. Cette exportation représente une valeur de 960 000 dollars. 30 000 hectares sont plantés en anacardiers (dans les provinces de Kompong Cham, Kompong Thom et Ratanakiri). Un hectare peut produire de 1 à 2,5 tonnes de noix, vendues entre 2 à 7 000 $ la tonne, selon les variétés (une trentaine). Il faut environ 5 kg de noix fraîches pour produire 1 kilo de noix décortiquées. Les exportations légales partent en Chine, aux Etats-Unis, au Canada, en Thaïlande et à Singapour. Une usine de décorticage employant 500 personnes, tourne à plein régime, dans la province de Kompong Cham. Cependant le pays manque encore d’usines pour apprêter les noix et les empaqueter.

Ricin

L’ONG bouddhiste pour le développement, dirigée par Heng Monychenda, pousse les paysans d’Oddar Méan Chhey à se lancer dans la culture du ricin, qui trouverait son débouché en Thaïlande dont les besoins sont évalués à 30 000 tonnes par an. Le ricin peut rapporter 200 dollars par hectare.

Caoutchouc

Les quelques 40 000 tonnes de caoutchouc exportées chaque année par le Cambodge doivent passer par le Vietnam ou lA Malaisie qui en confirme la qualité, et majorent le prix de 20 %. En 2002, ces exportations ont rapporté 30 millions de dollars au pays. Grâce à un accord passé avec la France, le 27 avril, à partir de 2005, le Cambodge pourra exporter directement, après avoir créé un laboratoire reconnu sur le plan international, qui en certifiera la qualité, généralement supérieure à celle des pays voisins. Le Cambodge y gagnera 8 millions de dollars. D’après le ministère de l’Agriculture, les plantations de caoutchouc qui actuellement couvrent 37 000 hectares pourraient s’étendre sur 300 000, « sans toucher aux forêts » (?). Beaucoup de plantations ont été replantées récemment, d’autres ont étendue leur superficie.

Cambodge-Chine

En mars, Mme Wu Yi, vice-Premier ministre chinois, effectue une visite officielle au Cambodge, accompagnée d’une vingtaine d’entrepreneurs chinois. Cette visite est destinée à renforcer les liens économiques et commerciaux entre les deux pays. 9 accords ou protocoles d’accord sont signés le 23 mars entre les deux pays (renforcement des échanges commerciaux, mise en place d’une coopération pour la création de la zone industrielle d’exportation de Sihanoukville, participation de la Chine à l’étude sur l’inter-connection ferroviaire entre la Thaïlande, le Cambodge et le Vietnam, construction de la seconde usine hydroélectrique de Kirirom et du barrage de Kamchay, rénovation des bâtiments et de la bibliothèque du Sénat, don de 400 motos à la police, prêt sans intérêt de 500 000 $ pour la réfection de la route reliant Kratié et la frontière laotienne.

La Chine a exporté pour 280 millions de dollars au Cambodge en 2003, et importé pour 40 millions de dollars de produits cambodgiens. Mme Wu Yi voudrait que le commerce entre les deux pays s’élève à 500 millions l’an prochain. La Chine devient le troisième fournisseur du Cambodge et son 7e client. Plus de 100 entreprises chinoises sont implantées au Cambodge, principalement dans le domaine textile. La Chine est devenue le premier investisseur privé au Cambodge, et il devient de plus en plus difficile à un investisseur non-chinois de s’implanter au Cambodge. On estime que les produits chinois possèdent désormais une qualité comparable à ceux en provenance de Thaïlande, mais vendus à un prix nettement inférieur. Le marché du prêt-à-porter semble désormais dominé par la Chine. Selon un industriel cambodgien, « le Cambodge est en train de devenir un marché chinois… Les Chinois ne sont pas vraiment concernés par l’absence de lois La langue chinoise semble devoir devenir la langue d’avenir du pays.

La Chine fait don annuellement de 1 000 à 1 500 m3 de fer au gouvernement pour la construction de ponts. Cependant, à cause d’une demande accrue pour ses propres constructions, qui absorbe désormais le tiers de l’acier mondial, accentuée par la baisse du dollar, le prix de l’acier et du fer ont plus que doublé au Cambodge. Le fer qui valait 290 $ la tonne en décembre 2003, en vaut actuellement aux environs de 600. Or le Cambodge importe pour 80 % de son fer de Chine, le reste du Vietnam, de la Thaïlande, ou d’Indonésie.

La Chine décide de supprimer les droits de douanes sur 297 produits cambodgiens : entre autres le poivre, le gingembre, la noix de cajou, le jacquier, le safran.

Hun Sen en Chine

Le 19 avril, Hun Sen se rend en Chine pour une visite diplomatique de six jours, accompagné de 57 dignitaires du PPC. Cette visite, initialement prévue en février, puis reportée pour cause de crise politique, est qualifiée d’« historique » par le Premier ministre. Il visite Shanghai, Chunking, plusieurs barrages hydro-élcriques sur le Yangtse (dont celui des « trois gorges puis assiste au forum économique de Boao à Hainan. Il rencontre son homologue chinois, Wan Jinbao, le 20 avril, et avec lequel il signe seize accords bilatéraux, dont un prêt à faible intérêt de 30 millions de dollars, et cinq contrats « très vitaux » avec des entrepreneurs chinois. La Chine a promis de construire un terrain de golf à Siemréap, un immeuble de dix étages à Phnom Penh, des usines textiles à Sihanoukville, une aide pour construire un nouveau conseil des ministres, des tracteurs et excavateurs pour réparer les routes et le système d’irrigation afin de permettre de faire deux récoltes par an, une expertise sur les gisements de minerais au Cambodge. Le Cambodge emprunte 1,8 millions de dollars pour développer le ministère des Postes et Télécommunications, et une somme non précisée pour acheter des vedettes afin de lutter contre le trafic de drogue. Les entrepreneurs chinois vont construire un centre culturel à Siemréap, une nouvelle cimenterie à Kampot. Hun Sen décide d’ouvrir un consulat dans une province de Chine.

Cambodge-Thaïlande

Au terme d’un accord passé entre les ministres du Commerce du Cambodge et de la Thaïlande, le 8 mars, la Thaïlande supprime les droits de douanes pour l’entrée de nombreux produits cambodgiens sur son sol, dont les noix de cajou, le soja, le maïs, les arachides, etc. Le commerce entre les deux pays atteint un volume de 697,6 millions de dollars annuellement, dont 90 % d’exportations thaïlandaises. 95 sociétés thaïlandaises sont implantées au Cambodge. L’appréciation du bath thaïlandais de 10 % par rapport au dollar rend moins compétitifs les produits thaïlandais par rapport aux produits chinois.

Tensions frontalières

Le 22 mars, deux garde-frontières sont tués en pleine nuit, par les soldats thaïlandais, alors qu’ils venaient réclamer 2 500 $ que leur devaient des officiers thaïs. Le 25, un jeune Cambodgien est arrêté sur le sol thaïlandais, accusé de coupe illégale de bois en Thaïlande, puis relâché. Les responsables militaires demandent la création de nouveaux postes le long des 356 km. de frontière commune entre les deux pays.

Le 8 avril, une centaine de militaires cambodgiens font face à 60 militaires thaïlandais de part et d’autre de la route-digue K5, à environ 5 km. au nord de Poïpet. Les Thaïlandais sont soutenus par plusieurs blindés. Ils ont l’intention de détruire un mur construit par les soldats cambodgiens à 500 m de la frontière, près de leur caserne, car les Thaïlandais considèrent la zone comme neutre. Grâce à des interventions en haut lieu, la tension diminue rapidement. Cependant, le 12 avril, les soldats cambodgiens accusent la police thaïlandaise d’avoir construit un poste pendant la nuit, à 300 m à l’intérieur du Cambodge. Les autorités militaires cambodgiennes demandent que le problème soit résolu d’une manière pacifique.

Le 25 avril, Sar Kheng, Vice-Premier ministre et co-ministre de l’Intérieur, se rend sur les lieux. Le 29 avril, il déclare que des discussions devront avoir lieu au niveau gouvernemental pour éviter que de tels incidents ne se reproduisent. Sihanouk parle d’un « très sérieux accident Il prophétise que dans quelques centaines d’années, le Cambodge angkorien sera réduit à la dimension de Monaco.

Cambodge -Pakistan

Le 29 avril, au terme d’une visite officielle de deux jours, le Premier ministre pakistanais accorde un prête de 10 millions de dollars au Cambodge.

DONS et PRETS

A l’issue d’une visite de cinq jours dans le royaume, du 29 février au 4 mars, une délégation de la BAD (Banque Asiatique pour le Développement) a invité le gouvernement à améliorer sérieusement son système législatif et financier, de façon à sortir le pays de la misère. Le 9 mars, la BAD débloque 79 000 dollars d’assistance technique pour la mise en place d’une charte de comptabilité uniformisée dans le secteur bancaire. La BAD a promis 239 millions de dollars en prêts pour les années 2004-2006.

Le 9 mars, l’Australie débloque 26 600 dollars pour financer cinq projets de « développement communautaire 

L’association de micro-finance ACLEDA devient la 14e banque accréditée au Cambodge. Depuis sa fondation, en 1993, l’ONG a prêté pour plus de 261 millions de dollars à près de 900 000 personnes. Le montant moyen des prêts s’élève à 428 dollars. Elle se place, annuellement, au troisième rang pour les prêts (100 000 personnes), et au 8e pour les dépôts (40 000 personnes). Elle dispose du premier réseau bancaire du royaume, avec 103 agences dans 21 provinces, et 1 500 salariés. 49 % de son capital est détenu pas des institutions financières étrangères d’aide au développement.

La route qui relie Néak Loeung à la frontière vietnamienne (105 km) est rénovée depuis décembre 2003, pour un coût de 22,8 millions de dollars, financé à 86 % par la BAD et 14 % sur les fonds propres du gouvernement. Une étude est lancée sur la rénovation de la route reliant Phnom Penh à Néak Loeung. Les travaux commenceront dans deux ans avec un don du Japon. La plupart des routes nationales du Cambodge sont désormais goudronnées.

C’est devenu habituel : comme chaque année, le gouvernement cambodgien tend la main pour demander 1,5 milliard de dollars d’aide pour les trois années à venir. Le Cambodge n’est pas un pays pauvre, mais mal géré. Ces deux dernières années, le Groupe consultatif des pays donateurs ont donné beaucoup plus que ce qui lui était demandé. On sent cependant une certaine lassitude parmi les pays donateurs qui sont découragés par le manque de progrès dans les réformes du système judiciaire, l’absence de loi anti-corruption, le peu de fonds attribués réellement à l’Education et à la Santé. De toutes façons, le Groupe Consultatif ne se réunira que lorsque la crise politique sera résolue…

Le Comité National des Elections (CNE) a dépensé 1,5 million de dollars de moins que prévu, et a donc reversé 500 000 $ au ministère des Finances, et le reste sur un fonds de l’ONU, alimenté par les pays donateurs.

Le 26 avril, l’Allemagne signe trois accords de coopération financière et technique d’un montant de 35,4 millions de dollars.

Barrages hydroélectriques

Le Vietnam a des projets de construction d’un barrage hydro-électrique, au Laos, dans la région d’Attopeu, sur la Sékong qui se jette dans le Mékong à Stoeung Treng. La plus grande partie de l’électricité fournie sera exportée vers le Vietnam. Le coût de la construction est estimé à 273 millions de dollars. On s’inquiète des retombées écologiques sur le niveau de l’eau du Mékong, qui cette année est à environ un mètre plus bas qu’à son niveau normal. On en rend les barrages construits en Chine (Dachaoshan et Manwan) comme responsables, mais c’est surtout la déforestation au Cambodge, en Thaïlande, au Laos, qui a fait diminuer la pluviosité sur l’ensemble de la cordillère annamitique. Seule 12 % de l’eau du Mékong proviendrait de Chine, mais la construction du barrage de Manwan a perturbé la vie aquatique et la concentration des sédiments.

Un barrage hydroélectrique géant est prévu à Kamchay, à 15 km. de Kampot, qui permettrait de produire 180 mégawatts, soit une fois et demi la consommation actuelle de Phnom Penh. Le coût de la construction est estimé à 280 millions de dollars. 32 sociétés ont posé leur candidature pour la construction. Les ONG de défense de l’environnement s’insurgent contre le projet. Avec la canicule, Phnom Penh consomme journellement 107 MGW, soit 2 MGW de plus que d’habitude. Des coupes de courants y sont devenues habituelles.

La compagnie chinoise Cetic va construire une seconde centrale hydroélectrique de 18 mégawatts, à Kirirom, pour 30 millions de dollars.

SOCIETE

Selon une étude sponsorisée par l’OIT (Organisation internationale du travail), et menée par le gouvernement cambodgien, 28 000 enfants (soit 10 % de la tranche des de 7 à 17 ans) travaillent comme domestiques à Phnom Penh, souvent 7 jours sur 7, le plus souvent sans salaire, et sans possibilité d’aller à l’école (Rappelons que la racine du mot grec d’« école » signifie « loisir, temps libre C’est une pratique traditionnelle qui montre l’état concret de la pauvreté des campagnes, où simplement le fait de disposer d’un toit et d’un couvert est déjà extraordinaire. C’est à la fois un symptôme et un facteur aggravant la future pauvreté du pays.

Mouvements sociaux

Depuis l’assassinat de Chéa Vichéa, le 22 janvier, les licenciements de responsables syndicaux se multiplient, non seulement parmi les membres du SIORC, mais également dans les rangs d’autres syndicats proches du pouvoir. Il semblerait qu’avec la réduction progressive des commandes dans l’industrie textile, et la suppression future des quotas, les syndicats ne font plus peur aux employeurs « qui agissent comme bon leur semble ».

Le 2 mars, 800 ouvriers de l’usine de confection Eternity Apparel Co Ltd mettent fin à une semaine de grève qui avait commencé après le licenciement de quinze syndicalistes. L’un d’entre eux a été réembauché, quatre ont reçu des indemnités, le département de l’inspection du ministère des Affaires sociales ordonne à la direction de réembaucher les neuf autres sous menace de retirer la licence de l’usine. La direction de l’usine décide de saisir le Conseil d’arbitrage.

Le 10 mars, une centaine des 380 ouvriers de l’usine MS International Garment entrent en grève pour demander des dédommagements pour leur mise en chômage technique depuis le mois de janvier, à cause de rupture de commandes. Finalement, le 13 mars, les deux parties se mettent d’accord sur le versement d’une indemnité de 20 % des salaires.

Le 21 mars, 500 ouvriers de l’usine de confection King Land se mettent en grève pour réclamer la réinsertion d’un employé et pour demander d’être payés dans des délais normaux.

Le 5 avril, 300 ouvriers de l’usine de confection chinoise Hong Da se mettent en grève pour obtenir de meilleures conditions de travail. Après trois heures de négociations, un accord est trouvé sur 26 points. : plus d’heures supplémentaires obligatoires, 7 jours de congés payés, doublement du tarif horaire pour le travail de nuit, titularisation au bout de trois mois, présence d’un médecin dans l’usine, pose de ventilateurs, etc. Deux points n’ont pas été résolus : paie le 5 au lieu du 10 du mois, cinq jours de congé pour le Nouvel An au lieu de trois. L’usine ferme ses portes la 10 avril, mais ne verse pas les indemnités de 19 dollars prévues par la loi à 40 employés nouvellement embauchés qui s’enferment dans l’usine, le 20 mai.

Le 28 mai, plus de 700 ouvriers de l’usine Bumin-ex-GoldenTime Camb se mettent en grève pour demander l’application du code du travail en matière de licenciement.

Hun Sen émet une circulaire demandant que lors du 1er mai, chaque usine organise une fête, cinéma, kermesse. La municipalité en profite pour interdire un meeting prévu par 4 syndicats d’opposition. Les syndicats préfèrent ne pas braver les autorités, mais estiment que l’interdiction de manifester le 1er mai est contraire à la Constitution, à la garantie des libertés et à la convention conclue avec l’Organisation mondiale du travail.

Grève dans le secteur hôtelier de grand luxe

Le 14 mars, après avoir souvent menacé de passer à l’action, et essayé de négocier avec le patronat, les syndicats du secteur hôtelier, la FOEST (Fédération des Ouvriers et Employés du Secteur Touristique du Cambodge, comprenant 11 syndicats représentant 3 000 employés), votent la grève, pour contraindre leurs employeurs (huit hôtels de grand luxe) à leur verser intégralement la taxe de « 10 % pour le service 

C’est en fait une longue histoire qui a commencé en 1999, avec un soubresaut en 2001 et que l’on a laissé pourrir. Les syndicats demandaient que 90 %, puis 75 % de la taxe de 10 % prélevée sur chaque facture à titre du « service soient reversés aux employés. Le patronat n’en versait alors que 30 %. Une première grève au moment des fêtes de fin d’année s’était conclue sur des promesses non tenues. Certains patrons préfèrent supprimer purement et simplement cette taxe. Le 26 février, le ministre des Affaires sociales et du Travail intime aux patrons d’hôtels de reprendre la collecte des 10 % de « service Les patrons font savoir qu’ils refusent d’obtempérer.

– Le 22 mars, la FOEST accorde une dernière chance au patronat jusqu’au 5 avril, et consent à renoncer à 25 % de la taxe.

– La grève reprend donc le 5 avril, faute d’accord, malgré les recommandations du Conseil d’arbitrage qui a donné un avis favorable aux employés. A Siemréap, devant le Grand Hôtel d’Angkor, la police, armée de bâtons électriques, s’attaque aux grévistes qui brûlent des pneus devant l’hôtel. Le responsable du syndicat reçoit plusieurs menaces de mort par téléphone.

– Les patrons d’hôtels préfèrent augmenter les salaires plutôt que de verser la prime de « service « Nous demandons à faire comme 95 % de la profession qui ne pratique pas la taxe de service. Nous sommes ciblés, comme des étrangers qui font de l’argent et qui doivent payer. Que tous les établissements concernés par l’article 134 du Code du travail soient mis sur le pied d’égalité. » L’article du code cité stipule que « si une taxe figure sur la facture, elle est considérée comme un pourboire, et doit être intégralement versée ». Les employés des hôtels gagnent en moyenne 85 dollars par mois. Cependant, si la chambre au Grand Hôtel d’Angkor, à direction singapourienne, coûte 310 $ et plus au consommateur, la moitié des employés ne touchent que 30 $ par mois…

Le 10 avril, une trentaine d’enfants des pagodes, milice fasciste au service de Hun Sen, se présentent devant le Cambodiana. Comme d’habitude ils veulent provoquer des troubles et rendre nécessaire l’intervention de la police. Cependant les grévistes sont vigilants et les intrus repartent.

Le 12 avril, la grève se termine à Siemréap après intervention du Conseil d’arbitrage. Il reprendra son analyse de la situation le 21 avril, après le Nouvel An. Le directeur du Cambodiana décide de ne pas percevoir la taxe de service, et de fixer un salaire mensuel. Quatre hôtels interdisent l’entrée de leurs employés jusqu’au 21 avril. A Siemréap, le Grand Hôtel d’Angkor suspend ses réservations jusqu’au 1er mai, 195 employés sont licenciés. Il n’a plus que 50 employés. L’hôtel Raffles de Phnom Penh en licencie 97 pour n’avoir pas obéi aux décisions prises le 8 et 9 avril par la cour demandant aux employés de reprendre le travail dans les 48 heures (contrairement à la décision du Conseil d’arbitrage). A l’hôtel Intercontinental de Phnom Penh, seuls les 160 non-grévistes sont admis à reprendre le travail, 180 employés sont suspendus, mais finalement, seulement 50 seront interdit de travail. Au Cambodiana, au moins cinq membres du personnel sont licenciés. Le directeur fait remarquer qu’avec un taux de remplissage de 20 % et un personnel pléthorique, un certain nombre de contrats de travail ne seront pas renouvelés. Le 19 avril, la police de Phnom Penh éloigne les grévistes de l’hôtel Raffles de 20 m, à Siemréap de 100 m. Sofitel Angkor de Siemréap, règle le problème en accordant une rallonge de 45 $ aux salaires de ses employés, Panséa Angkor règle le problème par la conciliation dès le 5 avril, en accordant 5 % des taxes de services aux employés. L’hôtel Sunway estime avoir perdu 20 000 dollars du fait de la grève. Le 22 avril les syndicats acceptent de ne plus réclamer que 70 % de la taxe service, et non plus 75 % comme initialement.

Le 25 avril, Andrew Stem, président du Syndicat américain des services, donne une conférence de presse devant l’hôtel Royal dans laquelle il prend fait et cause pour les grévistes cambodgiens : « Votre combat est notre combat dit-il.

Pour la première fois dans l’histoire des conflits sociaux au Cambodge, Michael Gay, un médiateur professionnel international, membre de Industrial Relation Commission, organisme lié au Conseil d’arbitrage cambodgien, arrive au Cambodge le 30 avril pour tenter une médiation. L’hôtel Sunway et les deux hôtels Raffles préfèrent porter l’affaire en justice.

Ce conflit est suivi avec intérêt par d’éventuels investisseurs : ils dénoncent la lenteur du gouvernement à réagir et sa faiblesse à faire appliquer les arrêts du Conseil d’arbitrage ainsi que l’intransigeance des deux parties qui n’acceptent aucune concession.

Spoliations

On note de très nombreuses manifestations de groupes de familles expulsés de leurs terres manu militari, qui veulent retrouver leur bien : entre autres, le 30 mars, 96 familles de Tapen, dans le district de Bantéay Srey, manifestent à Siemréap pour récupérer 400 hectares accaparés par les militaires depuis 2002. Le 27 avril, environ 400 personnes de Kompong Speu bloquent le trafic de la nationale 4 en signe de protestation contre les militaires qui leur ont volé leurs terres. Le 28, les forces armées ouvrent le feu sur les manifestants : on déplore 2 blessés.

Justice

Le 27 février, après une audience du tribunal devant juger les 5 membres présumés de la Jemaah Islamiyah, le procès est reporté sine die, « pour manque d’éléments à charge ». « Voici un procès où l’on invoque des lois qui n’existent pas et des preuves que l’on ne montre pas s’indigne leur avocat, qui fait appel auprès du Bureau de défense des droits de l’homme de l’ONU. Les prévenus ont largement dépassé le temps de détention préventive. En bonne logique communiste, Om Yentieng, conseiller de Hun Sen, affirme que les suspects sont coupables, puisqu’ils sont en détention ! Leur avocat, par contre, affirme que si les Etats-Unis ne présentent pas les éléments qui ont motivé leur arrestation, ils doivent être innocentés !

Le 1er mars, un groupe de députés PSR citent en justice le ministre des Postes et Télécommunications pour toucher 2 500 dollars mensuels de la société Mobitel depuis des années. On l’accuse d’avoir ainsi favorisé la dite société. Le ministre nie recevoir tel argent, alors qu’en 2001 il l’avait admis comme chose naturelle. Le 29 mars, la plainte est classée « sans suite sans que le juge ne fournisse la moindre explication.

Le 11 mars, la cour municipale de Phnom Penh condamne Nhim Sophéa, neveu de Hun Sen, à trois ans d’emprisonnement, dont un an et demi avec sursis. Il est l’auteur présumé de 3 meurtres à l’arme à feu, lors d’un accident de voiture, survenu le 27 octobre 2003 à Phnom Penh. Désigné par son ami et conducteur de la voiture folle comme tireur, il avait été inculpé initialement d’homicide « volontaire mais le 14 janvier, son chef d’accusation est modifié en « homicide involontaire On accuse un certain Sam Doeun, personnage fictif que personne ne connaît, et contre lequel aucun mandat d’arrêt n’est lancé, d’être le tueur. Les familles des victimes ont retiré leur plainte, étant donné que celle de Nhim Sophéa leur a versé 8 000 dollars. Aucun journaliste ni membres d’ONG de défense des droits de l’homme ne sont autorisés à entrer dans la salle de jugement. Après le jugement, Nhim Sophéa se repose dans un hôpital, dans une chambre privée, avec air conditionné, télévision et téléphone mobile, etc.

L’enquête sur le meurtrier de Chéa Vichéa piétine. Le 7 mars, un cyclo présenté comme témoin du drame ne reconnaît pas le meurtrier dans les portraits que lui propose la police. La police s’empêtre dans des faux témoignages pour prouver que les deux suspects qu’elle a arrêtés sont bien les coupables.

Rong Chum, président de l’AEIC (Association Indépendante des Enseignants du Cambodge) écrit à l’OIT pour demander une enquête internationale. L’OIT promet d’étudier la requête.

Le SIORC demande l’autorisation d’élever une statue en hommage à Chéa Vichéa, sur les lieux de son assassinat, mais la municipalité refuse.

L’épouse de Chéa Vichéa, 39 ans, et son enfant, obtiennent le droit d’asile en Finlande. Elle y donnera le jour à une seconde fille.

Le 19 mars, le juge Hing Thirith, de la cour municipale de Phom Penh, décide de lever les chefs d’accusation portés contre Born Samnang et Sok Sam Doeun, suspectés de l’assassinat de Chéa Vichéa, pour « manque de preuves La réaction gouvernementale ne se fait pas attendre : le 23 mars, le Conseil suprême de la Magistrature mute le juge. De même, le juge Oun Bunna qui avait déclaré en août dernier qu’il n’y avait pas de preuves suffisantes pour justifier la détention préventive d’un Cham et des trois musulmans étrangers, fait partie de la charrette. Bien sûr, les mutations sont présentées comme des opérations habituelles, et on tente même de salir les deux juges, mais le caractère politique de la mutation ne trompe personne. Les deux juges révèlent l’un et l’autre, avoir subi des pressions de gens très haut placés. Selon le juge Hing Thirith, 30 % des affaires sont jugés sur pression des autorités. Le juge pense faire appel au roi qui est président du Conseil suprême de la magistrature. Il se sent menacé et demande aux ambassades étrangères de le protéger.

– A la mi-janvier, le juge avait été désavoué par ses autorités pour avoir instruit le cas de Nhim Sophéa, neveu de Hun Sen, et en établissent clairement sa culpabilité. Il avait déplu aux autorités en ordonnant que la station radio 90FM soit rendue au FUNCINPEC, d’avoir autorisé des membres du PSR à rendre visite à des membres du PSR incarcérés à Prey Sâr pour avoir distribué des tracts. « Le principal tort de Hing Thirith est d’avoir tenté de faire appliquer la loi déclare un député PSR.

– Le 26 mars, le bureau de l’ONU pour la défense des droits de l’homme exprime sa profonde préoccupation devant ces deux mutations, marquant à l’évidence le manque d’indépendance des juges par rapport au pouvoir. Le Comité d’action regroupant 17 associations cambodgiennes de défense des droit de l’homme, écrit une lettre au roi Sihanouk pour lui demander d’intervenir en tant que Président du conseil suprême de la magistrature.

Le 9 avril, le Comité cambodgien pour les droits de l’homme, créé par le gouvernement rend public son rapport sur la situation des droits de l’homme au Cambodge en 2002 : tout va très bien, ou presque. Des félicitations sont adressées à la Cour suprême de la magistrature pour avoir démis deux juges de leurs fonctions. « Le comité travaille pour le gouvernement. Comment peut-il faire des enquêtes dit simplement Kem Sokha, directeur du Centre cambodgien pour les droits de l’homme.

– Le 19 avril, le juge Kim Sophon remet en liberté deux prévenus suspectés du meurtre du juge Sok Séthamoni, en avril 2003, pour insuffisance de preuves. Il voulait le faire dès le 17 décembre, mais craignait une réaction de la police. Il voulait le faire en mars, mais la destitution de ses deux collègues l’a amené à différer sa décision.

Une ONG de « Défense légale des Cambodgiens » Cambodian defense Project qui aide entre 50 à 60 personnes par mois, doit cesser ses activités par manque de fonds (versés jusqu’à présent par Forum Syn d’Australie).

Depuis mai 1999, le gouvernement a détruit 118 000 armes, dont 80 000 avec l’assistance de l’Union Européenne (programme Asac, appelé « Flamme de la paix Le 31 mars et le 2 avril, les militaires cambodgiens, assistées d’experts américains et Trust ont détruit les 223 missiles sol-air de construction soviétique A-72, appelés également Strela 2M.

Santé

La grippe aviaire semble terminée au Cambodge, non pas à cause de l’activité des autorités gouvernementales qui n’ont rien fait pendant plusieurs semaines, mais par extinction naturelle du virus. Une bonne occasion pour l’Etat de récolter de l’argent. L’épidémie a fait des ravages avant que le gouvernement ne s’en alerte.

Un laboratoire américain commence à recruter 960 prostituées pour les soumettre à des tests avec du tenofovir, un anti-retroviral (produit par Gilead Sciencs Inc). La moitié d’entre elles seront soumises au médicament, l’autre avec un placebo. Des études similaires sont lancées au Cameroun, au Ghana, au Nigeria, ainsi qu’en Californie et en Géorgie. Oxfam et plusieurs ONG de défense des droits de l’homme, s’opposent résolument à une telle expérimentation humaine qui ne donne pas d’assurance sur la santé des participantes 20 ou 30 ans après la fin de l’étude.

Le Cambodge a compté 22,5 % de cas de malaria en plus qu’en 2002, soit 132 571 malades. Le nombre de décès a progressé de 7,1 % avec 492 morts. Plus de 85 % des tuberculeux détectés sont guéris, grâce au programme Dots (traitement direct à court terme strictement suivi). Actuellement 27 000 malades suivent ce traitement. L’agence de coopération japonaise JICA a fourni près de 1,6 millions de dollars depuis 1999 pour la lutte contre la tuberculose. Officiellement, en 2003, le taux de détection des tuberculeux a atteint 59 % de la population.

Les campagnes de vaccinations des enfants se généralisent, et pourtant le niveau de mortalité augmente (124 pour mille, contre 115 il y a dix ans), soit 60 000 décès d’enfants de moins de 5 ans chaque année. Seulement 14 % des foyers consomment du sel iodé, avec, pour conséquence, 18 % de goitres, et 85 000 enfants nés avec des problèmes mentaux. Seuls 57 % des enfants reçoivent chaque année une dose supplémentaire de vitamine A. On estime à 63 % les enfants de moins de 5 ans déficients en fer, ainsi que 58 % de femmes, ce qui cause chaque année la mort de 520 femmes en couches.

28 % des médicaments anti-malaria vendus au Cambodge sont des faux, sans molécules actives. On comprend donc que de nombreux morts soient à déplorer.

L’Institut Pasteur du Cambodge traite gratuitement 13 000 patients ayant été mordus par des chiens soupçonnés de rage par an. Il examine 150 têtes de chiens, dont la moitié sont porteuses du virus de la rage.

Education nationale

Le 19 avril, le gouvernement autorise la réouverture de l’école Om-Alqura fermée depuis le 28 mai 2003, permettant ainsi à 600 enfants de suivre une scolarité. Les responsables s’engagent à choisir leurs sponsors de l’extérieur et à la visite d’inspecteurs gouvernementaux. Jusqu’en 2003, l’éducation des 600 enfants chams était totalement gratuite, moyennant un don de 50 000 dollars mensuels. Le matin les enfants suivront le programme de l’Education nationale, l’après-midi des cours sur la religion musulmane. Les professeurs seront avant tout des Chams, et peu de professeurs viendront de Thaïlande ou de Malaisie. Mais il semble que les Chams rechignent à y envoyer leurs enfants, puisque, désormais, l’école sera en partie payante.

Pour la première fois dans l’histoire, depuis le 1er mars, une radio en langue cham émet pendant une heure chaque jour. Elle diffuse surtout des sujets religieux et de la musique malaise ou arabe.

DROITS DE L’HOMME

Trafic d’êtres humains

Le 3 mars, une descente de police libère 90 candidates à l’expatriation en Malaisie, séquestrées dans les locaux de la société de recrutement Philimore Cambodia Co. Si l’on ne peut à proprement parler de trafic d’êtres humains, les conditions de vie de ces « candidates » s’y apparentent fort.

Dix-huit enfants cambodgiens sont découverts travaillant dans une conserverie près de Bangkok. Dans la province de Battambang 11 % de la population a quitté un jour sa province pour chercher du travail en Thaïlande, dont 45 % étaient âgées de moins de 19 ans. Les enfants cambodgiens de la province de Svay Rieng vont mendier au Vietnam, d’où ils sont régulièrement expulsés vers le Cambodge. 89,5 % d’entre eux motivent leur départ par le manque de nourriture dans leur village, 71,3 par des dettes contractées par leurs parents, 25 % à la suite d’une nouvelle naissance. En moyenne, sur vingt jours passés au Vietnam, ils travaillent cinq jours, et passent quatorze jours en détention avant leur renvoi au Cambodge… Le 14 mars, 142 femmes et 94 enfants cambodgiens sont renvoyés de Thaïlande au Cambodge. Chaque jour, à Poïpet, la police thaïlandaise rapatrie entre dix et vingt Cambodgiens entrés illégalement.

Le 5 avril, de Pékin, le roi Sihanouk prie les mères cambodgiennes de tout faire pour protéger leurs filles de la prostitution et de l’esclavage à l’étranger, de « ne pas se laisser tromper par des paroles enrobées de miel et d’accepter… » « Pour ne pas compromettre l’honneur de leur famille et de leur nation. »

Réfugiés Montagnards vietnamiens

En mars, une quarantaine de montagnards vietnamiens se présentent au bureau de l’UNHCR à Phnom Penh. Le ministère de l’Intérieur cambodgien accuse l’UNHCR d’« arrogance de vouloir transformer le pays en un repaire de terroristes. Il ne peut pas supporter les actes d’immigration illégale, les montagnards sont frauduleusement trompés par l’UNHCR qui viole la souveraineté du Royaume. L’UNHCR répond que le Cambodge se doit d’honorer les engagements pris en signant la Convention de 1954 sur les réfugiés. Il semblerait que la persécution des montagnards protestants se soit intensifiée depuis le mois de janvier dans les provinces de Dak Lak et de Gia Lai au Vietnam. Selon Human Rights Watch, les autorités cambodgiennes auraient refoulé 270 montagnards en 2003.

Le 10 avril, lors de manifestations, 2 montagnards auraient été tués, une douzaine blessés, des dizaines, voire des centaines ont disparus. Le gouvernement cambodgien ferme hermétiquement la frontière. 160 montagnards sont refoulés, 100 capturés à Pech Chenda, le 12 avril, 60 du côté de Dak Dam, d’autres se cacheraient. Les militaires et policiers vietnamiens se promènent en territoire cambodgien librement et leur font la chasse. Selon le gouvernement vietnamien, une dizaine de milliers de montagnards se seraient réunis et auraient attaqué des locaux gouvernementaux, et tenté de créer un état Déga. 80 soldats et militaires auraient été blessés.

Le 14 avril, suite à une lettre d’un député de l’opposition, de Pyonyang, le roi Sihanouk « supplie » le gouvernement que soient ouvertes les frontières du Cambodge aux montagnards, et que l’on cesse de les traiter d’immigrants illégaux. Le 16 avril, le siège de l’UNHCR de Genève se déclare « très préoccupé Le ministre italien des Affaires étrangères demande au Vietnam que l’UNHCR soit autorisé à se rendre sur les hauts plateaux du Vietnam, et que le Cambodge ouvre ses portes aux réfugiés. Peter Lumprech, chef du bureau de l’ONU pour les droits de l’homme au Cambodge, reproche au Vietnam de faire pression sur la politique cambodgienne en l’obligeant à considérer les montagnards comme des immigrants illégaux. Le 20 avril, des Congressmen américains envoient une lettre à Collin Powell pour lui demander de condamner Hanoi le plus vigoureusement possible pour violation des libertés religieuses, et presser le Cambodge d’ouvrir ses frontières aux réfugiés. Les montagnards cambodgiens témoignent : « La police nous interdit de cacher les réfugiés plusieurs ont vu des cadavres, dont les mains étaient liées derrière le dos, flotter dans la Se Sann, les Vietnamiens donnent des sacs de riz et de la nourriture aux soldats cambodgiens pour qu’ils arrêtent les montagnards, ils proposent même 125 $ par personne livrée. Le chef de la police locale reconnaît l’existence de ces « dons Human Rights Watch demande une enquête indépendante sur les événements qui se sont passés au Vietnam.

Le 28 avril, de plusieurs sources, on apprend que 4 montagnards détenus au Cambodge sont refoulés au Vietnam, 26 autres se cacheraient dans la forêt. Le porte parole du gouvernement cambodgien propose à l’UNHCR d’ouvrir des bureaux dans les hauts plateaux vietnamiens.

Drogue

Un rapport du département d’Etat américain estime qu’en 2003, entre 300 à 600 kg d’héroïne ont traversé chaque mois le Cambodge pour être revendus sur les marchés internationaux. 100 000 pilules de méthamphétamine entreraient chaque jour au pays dont 75 % en provenance de Thaïlande. 305 personnes ont été arrêtées en 2003 au Cambodge pour affaire de drogue, mais les gros bonnets arrêtés ont été relâchés sur ordre de Hun Sen. « La corruption et le manque de capacités font du Cambodge un pays de prédilection pour les trafiquants précise l’auteur du rapport. La lutte contre la drogue ne vient qu’en second lieu dans la stratégie américaine, après le terrorisme.

Le Cambodge est l’un des 13 pays dans le monde qui n’ont signé aucun traité de lutte contre la drogue.

Le Cambodge n’a toujours pas approuvé la Convention anti-tabac, approuvée par 192 pays à Genève en mai 2003, et signée par 96 pays. D’après l’ONG adventiste Adra, 6 000 morts par an au Cambodge sont à mettre au compte de la consommation de tabac.

Le 25 avril, un capitaine et quatre hommes sont arrêtés à Phnom Penh en possession de 500 kg de produits chimiques et du matériel pour fabriquer des métamphétamines.

Patrimoine

Le 27 février, le Conseil des ministres approuve les plans définissant des zones protégées autour des temples de Koh Ker et de Boeung Méaléa.

Le 28 avril, la société taïwanaise Ta Yuan remet la première tranche des travaux du stade olympique, remise prévue initialement en août 2001.

Religion

Du 3 au 24 mars, quelque 200 moines et villageois ont marché sur 375 Km., de Kompong Thom à Préah Vihéar, par 35°C à l’ombre. Le message des marcheurs, outre le rappel des cinq commandements bouddhiques, porte sur la prévention du sida et la protection de l’environnement.

Divers

Une quarantaine de cyclistes de 7 nationalités différentes, partis de Birmanie le 15 mars, sillonnent la Birmanie, la Thaïlande, entrent au Cambodge le 26 mars par la frontière laotienne, arrivent à Phnom Penh le 1er avril, d’où ils repartent pour la Thaïlande et arrivent à Bangkok le 8 avril. C’est une véritable opération de promotion du tourisme, donnant la preuve que ces pays sont désormais en paix et que la traversée entre les pays est possible.

La maison du Cambodge a rouvert ses portes depuis l’entrée universitaire de 2003. Dans ses 221 chambres flambant neuves, elle abrite des étudiants de 40 nationalités, dont 20 % de Cambodgiens. C’est la plus belle maison de la cité universitaire. La chambre est louée 395 euro pas mois.

Le 10 avril, Hun Sen est déclaré docteur honoris causa par une obscure Université Irlandaise Internationale, dont le siège est en Malaisie, mais dont personne n’a jamais entendu parler. Par le passé, Hun Sen a déjà reçu de nombreuses semblables distinctions.

In memoriam

Math Ly est décédé le 6 mars, à l’âge de 74 ans. Il avait rejoint le mouvement Khmer Issarak anti-français en 1948. Ancien membre du Comité permanent du Kampuchéa Démocratique (1976), puis second vice-président de l’Assemblée des représentants du peuple du Kampuchéa (1977), il fuira vers le Vietnam en 1978 et deviendra l’un des 14 membres fondateurs du mouvement de résistance à Pol Pot. Il sera membre du Comité central du PPC et conseiller du roi Sihanouk. Il a été l’artisan de la reconstruction de la communauté musulmane décimée par Pol Pot.

Toh Lah, vice-premier ministre FUNCINPEC et ministre de l’Education nationale depuis 1998, est mort le 5 avril, à l’âge de 64 ans. Il a tenu le poste de secrétaire général du FUNCINPEC de 1995 à 2002.