Eglises d'Asie

Hongkong : lors d’un banquet, Mgr Joseph Zen Ze-kiun a brièvement rencontré de hauts responsables chinois, dont le directeur du Bureau des Affaires religieuses

Publié le 18/03/2010




Le 26 mai dernier, la venue à Hongkong d’une relique de Bouddha (1) a été l’occasion de rassembler pour un banquet les principaux responsables religieux de Hongkong et quelques hauts dirigeants chinois. Liu Yandong, directrice du Bureau du travail du Front uni, organe chargé de rassembler des soutiens au gouvernement chinois, et Ye Xiaowen, directeur de l’Administration d’Etat des Affaires religieuses (anciennement Bureau des Affaires religieuses), ont ainsi pu s’entretenir brièvement avec Mgr Zen Ze-kiun, évêque de Hongkong, et son auxiliaire, Mgr John Tong. La rencontre entre les deux responsables chinois et les deux évêques de Hongkong a été remarquée dans la mesure où, ces dernières années, les responsables chinois des Affaires religieuses de passage à Hongkong ont toujours évité de rencontrer les responsables de l’Eglise catholique locale. Les virulentes critiques de Mgr Zen à l’endroit du gouvernement de Hongkong et de la politique de Pékin étant connues de tous (2), cette rencontre indiquerait que Pékin souhaite améliorer ses relations avec l’évêque de Hongkong.

La rencontre lors du banquet de Hongkong est le second événement dénotant un éventuel réchauffement des relations entre les deux parties. Du 28 au 30 avril dernier, Mgr Zen s’est rendu à Shanghai, à l’invitation de Mgr Jin Luxian, évêque “officiel” de Shanghai, pour se recueillir sur la tombe de ses parents – Mgr Zen est originaire de Shanghai (3) -, voir sa sour et effectuer un pèlerinage au sanctuai-re marial de Sheshan. C’était la première fois en six ans que Mgr Zen, de facto persona non grata en Chine continentale depuis 1998, posait le pied sur le continent.

Quelques jours avant le déplacement à Hongkong de la relique de Bouddha, Ye Xiaowen avait déclaré à des médias de Hongkong qu’il était prêt à rencontrer l’évêque de Hongkong si ce dernier en avait le temps. Toujours par l’entremise des médias, Mgr Zen avait répondu : “Le travail du Front uni est de se faire des amis et aussi de faire en sorte que les ennemis deviennent des amis. J’espère que cela sera le cas.” A l’issue de sa rencontre avec Ye Xiaowen, Mgr Zen n’a pas fait de commentaire sur la nature des propos échangés, déclarant seulement qu’il avait dit à ses interlocuteurs du continent qu’il aurait été préférable pour eux de voir “tout le monde allusion transparente au fait que, parmi les très nombreux invités à la cérémonie d’inauguration de la relique de Bouddha, seuls les démocrates n’avaient pas été invités. Il a toutefois précisé que l’atmosphère des échanges avait été cordiale. Quelques temps auparavant, entre son voyage à Shanghai et l’entrevue de Hongkong, Mgr Zen avait expliqué à des journalistes que, selon lui, une des factions au pouvoir à Pékin souhaitait une amélioration des relations de façon à détendre l’atmosphère tendue créée par la politique menée ces derniers temps à Hongkong. Une autre faction, proche de l’ancien président Jiang Zemin et inspiratrice du durcissement vis-à-vis de Hongkong, ne souhaitait pas une telle amélioration, voyant d’un mauvais oil l’influence et la popularité de Mgr Zen auprès des Hongkongais.

Selon les observateurs, la visite de la relique de Bouddha ainsi que l’entrevue avec Mgr Zen s’inscrivent dans le cadre d’une campagne de “relations publiques” des autorités chinoises. Se sachant impopulaires auprès d’une majorité des Hongkongais, elles souhaitent se montrer bien disposées à l’égard des milieux religieux et des croyants de Hongkong. Le quinzième anniversaire des événements de Tienanmen, le 4 juin prochain, ainsi que la manifestation prévue le 1er juillet prochain par les partisans de la démocratisation des institutions hongkongaises représentent des échéances importantes pour Pékin comme pour les Hongkongais. D’un côté, Pékin tend la main aux milieux religieux et, de l’autre, ses “amis” sur le territoire mènent une campagne d’intimidation visant le camp démocrate. En quelques semaines, au cours du mois de mai dernier, trois célèbres animateurs de programmes radiophoniques, connus pour leur esprit critique, ont préféré démissionner et, pour certains d’entre eux, quitter Hongkong afin d’échapper à des menaces de mort insistantes.