Eglises d'Asie

Face au phénomène du terrorisme, le Premier ministre appelle les musulmans à un examen de conscience

Publié le 18/03/2010




Le 1er juin, dans le cadre de -Pacific Roundtable, conférence internationale consacrée au développement durable, le Premier ministre Abdullah Badawi a appelé les musulmans de Malaisie à un examen de conscience. Tout en reprochant à la politique menée par les Etats-Unis depuis les attentats du 11 septembre d’aggraver l’insécurité globale, le Premier ministre a déclaré que les musulmans étaient dans le déni de la réalité lorsqu’ils ne font rien pour se dissocier nettement du terrorisme. Pour Abdullah Badawi, sorti grand vainqueur des élections législatives du 21 mars dernier qui ont vu la défaite de l’opposition musulmane menée par le PAS (Parti Islam SeMalaysia) (1), le terrorisme a corrompu l’islam et appelle une réaction forte.

Musulman connu pour sa piété, le Premier ministre a déclaré : “D’une certaine façon, nous sommes tous dans le déni. Nombreux sont les musulmans qui refusent de reconnaître qu’il peut exister de mauvais musulmans et que l’enseignement de l’islam a été perverti par certains groupes poursuivant un ordre du jour précis.” Il a ajouté que les musulmans devaient réagir, le monde musulman devant trouver le moyen de se montrer digne de la religion musulmane. Pour cela, a-t-il précisé, le monde musulman doit reconnaître le danger que représente le terrorisme et clairement refuser le meurtre de civils innocents.

Insistant sur le fait que, selon lui, “le terrorisme est l’ennemi mortel de l’islam le Premier ministre a proposé au monde musulman une voie de sortie de la crise dans laquelle il est aujourd’hui plongé : “Les liens que certaines écoles de pensée ont tissés avec des institutions religieuses doivent être coupés car ils créent une continuité fallacieuse entre l’islam, l’activisme et le meurtre indiscriminé d’innocents.” Abdullah Badawi a insisté en ajoutant que “les idéologies sans compromis” qui animent les terroristes “peuvent mener le monde au bord du désastre”.

A l’adresse du monde occidental, le Premier ministre s’est montré tout aussi ferme, estimant que la guerre contre le terrorisme ne peut être gagnée si les Etats-Unis et ses alliés refusent de sortir du déni dans lequel ils se trouvent. Abdullah Badawi a ainsi déclaré que l’oppression, le caractère non démocratique de bien des gouvernements, la pauvreté pouvaient certes contribuer à la montée du terrorisme mais que d’autres facteurs plus importants ne devaient pas être oubliés. Il a cité le conflit israélo-palestinien et l’occupation de l’Irak comme étant les causes principales de la montée du sentiment de colère au sein du monde musulman. “Certaines des actions menées dans l’après-11 septembre provoquent la radicalisation de toujours plus de monde, nourrissant ainsi une nouvelle génération de terroristes dans le monde arabe et musulman a-t-il ajouté. Au sujet de la Malaisie, où 90 hommes et femmes sont détenus en vertu de la Loi sur la sécurité intérieure, suspectés d’appartenir au réseau terroriste régional de la Jemaah Islamiah (2) et d’une de ses déclinaisons locales, le Kumpulan Militan Malaysia, le Premier ministre a affirmé que, si les réseaux des terroristes avaient été perturbés, “ils gardent l’initiative. Tous parmi nous, mon pays y compris, demeurons vulnérables à une attaque terroriste”.

La Malaisie assure actuellement la présidence de l’Organisation de la Conférence islamique (OIC-OCI), qui rassemble 57 membres, ainsi que celle du Mouvement des non-alignés, fort de 114 nations.