Eglises d'Asie – Chine
Hongkong : Mgr Zen Ze-kiun hausse le ton pour dire son ferme rejet du projet de loi sur l’éducation, présenté par le gouvernement au Legco
Publié le 18/03/2010
Face à Fanny Law, l’évêque de Hongkong a déclaré : « Je me demande pourquoi nous devrions continuer à débattre tant nos idéaux diffèrent. Il semble que le gouvernement a arrêté son opinion et décidé de faire passer la loi, de la même manière qu’il a procédé avec l’Article 23 (le projet de loi anti-subversion). Tout cela quand bien même il n’existe pas de réelle demande de la part des parents pour réformer la loi sur l’éducation et que le besoin d’une telle réforme ne se fait même pas sentir, étant donné que le système actuel donne toute satisfaction. »
Le projet de loi du gouvernement, actuellement à l’étude à la Commission des lois du Legco, prévoit que toutes les écoles sous contrat, c’est-à-dire gérées par des organismes privés et qui reçoivent des fonds publics, devront mettre sur pied des comités de gestion où, pour chaque école prise individuellement, siègeront, à hauteur de 40 % des délégués, des parents d’élèves, des enseignants et des anciens élèves élus et, à hauteur de 60 %, des délégués désignés par les organismes qui exercent la tutelle sur ces écoles. Le gouvernement présente sa réforme comme permettant une plus grande démocratisation du mode de fonctionnement des écoles. Mgr Zen affirme que cette réforme affaiblira le rôle des organismes de tutelle, qui sont en grande partie des Eglises chrétiennes, et aboutira, en amoindrissant l’autorité de ces organismes sur les écoles, à accroître le pouvoir du gouvernement sur les écoles (1).
Pour Mgr Zen, ce qui est en jeu, c’est la possibilité pour les Eglises d’imprimer leur marque sur l’enseignement dispensé dans les écoles placées sous leur tutelle. Dans le schéma prévu par le projet de loi, a affirmé Mgr Zen sur les ondes de Commercial Radio, « des parents pourront dire que certaines des valeurs de l’Eglise n’apportent rien à l’enseignement dispensé. Par exemple, les écoles seront bien en peine de s’opposer à des parents délégués au comité de gestion qui insisteraient pour demander la suppression des classes de Bible au profit de cours supplémentaires d’informatique. » L’évêque de Hongkong a ajouté que, si la loi était votée en l’état et si l’Eglise se retrouvait obligée de cautionner des écoles ne fonctionnant pas selon les valeurs qu’elle souhaite voir enseignées, elle « n’aurait d’autre choix que de se retirer » du système éducatif.
A Hongkong, les écoles sous contrat, de la maternelle au lycée, sont au nombre de 860. Elles constituent environ les deux tiers des établissements scolaires du territoire. Parmi ces 860, 317 sont gérées par l’Eglise catholique (122 sous tutelle diocésaine, 61 sous celle de la Caritas locale, 129 par des congrégations religieuses et cinq par des laïcs). L’Eglise anglicane, avec 65 établissements (41 écoles primaires et 24 écoles secondaires), arrive en seconde position quant au nombre des écoles sous tutelle. Réunissant 27 organismes différents, l’association qui regroupe l’Eglise catholique, l’Eglise anglicane et les autres Eglises ou organisations assumant la direction d’écoles, s’est prononcée contre la réforme présentée par le gouvernement.
Face à un débat dont le grand public ne saisit pas les enjeux – les sondages le montrent -, l’évêque catholique de Hongkong est l’une des rares personnalités à élever la voix. Le 26 avril dernier, devant deux cents parents d’élèves et professionnels de l’éducation, il a expliqué en détail les raisons de son opposition au projet de loi. Le 27 mai, le diocèse a acheté des espaces dans six des grands journaux de langue chinoise pour dénoncer la stratégie du gouvernement sur ce dossier. Deux jours auparavant, l’Eglise anglicane avait fait de même.
Le 8 juin, le Conseil chrétien de Hongkong, organisme où se trouvent représentées vingt-deux dénominations protestantes ainsi que l’Eglise orthodoxe de Hongkong, a publié un communiqué pour dire son opposition au projet de loi sur l’éducation. Parmi les grandes religions du territoire, seuls les taoïstes ont déclaré soutenir le projet. Fin avril, Sik Sik Yuen, groupe taoïste assurant la tutelle de seize écoles primaires (dont quelques maternelles) et secondaires, a estimé que la future loi contribuera à la démocratisation du mode de gestion des écoles ainsi qu’à davantage de transparence dans le système éducatif.