Eglises d'Asie

Hongkong : pour Mgr Zen Ze-kiun, le veto chinois à la démocratisation des institutions hong-kongaises est aux Hongkongais ce que Tienanmen est aux Chinois

Publié le 18/03/2010




Le 4 juin dernier, une foule estimée à 80 000 personnes a célébré à Hongkong le quinzième anniversaire du massacre de la place Tienanmen. Bougie à la main, les manifestants ont rempli le parc Victoria (Victoria Park) et, selon des médias locaux, la manifestation du souvenir de ce 4 juin a été la plus importante de celles organisées à Hongkong depuis 1990. Cette année, outre les pancartes liées à la commémoration des événements de 1989, on pouvait lire des slogans tels que « Le pouvoir au peuple absents les années précédentes. Ils reflétaient l’inquiétude d’une partie de la population de Hongkong après le veto exprimé en avril dernier par Pékin à la démocratisation des institutions politiques de Hongkong (1). Présent pour la seconde fois en quinze ans à cette manifestation, Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse catholique de Hongkong, a déclaré que le veto exprimé par Pékin en avril dernier représentait pour les Hongkongais ce que Tienanmen signifiait pour les Chinois.

Mgr Zen s’est exprimé devant environ 800 catholiques lors de la veillée de prière organisée au Victoria Park avant le déroulement proprement dit de la soirée commémorative. Il a dit que Hongkong avait connu « son 4 juin » lorsque le Comité permanent de l’Assemblée nationale populaire avait, en avril dernier, précisé son interprétation de la Loi fondamentale, le texte constitutionnel régissant le fonctionnement des institutions politiques de Hongkong. On se souvient que le Comité a rejeté la perspective de voir le chef de l’exécutif hongkongais élu au suffrage universel en 2007 et la démocratisation du mode de scrutin pour les élections législatives en 2008. « Le sang n’a pas coulé lors du 4 juin que nous venons de connaître ; il n’y a pas eu de tanks ou de mitrailleuses dans les rues. Mais, implacables, les soi-disant ‘gardiens de la Loi fondamentale’ sont venus nous donner une leçon de patriotisme, certains [responsables à Pékin] allant jusqu’à affirmer que des personnes [à Hongkong] voulaient l’indépendance a déclaré Mgr Zen.

L’évêque de Hongkong a dressé un parallèle entre le souvenir dû aux victimes de Tienanmen et le respect par Pékin de l’autonomie promise à Hongkong. Lors des négociations entre la Chine populaire et la Grande-Bretagne précédant le retour de la colonie britannique dans le giron chinois en 1997, la Chine populaire s’était engagée à ce que Hongkong conserve un haut degré d’autonomie durant un demi-siècle. « Les autocrates ont massacré notre jeunesse patriote. Comment ne pas lutter pour que justice leur soit rendue ? Certaines personnes ont violé le principe ‘Un pays, deux systèmes’ en interprétant de façon unilatérale la Loi fondamentale. Comment ne pas se dresser et dire notre opposition ? a-t-il affirmé.

Au sujet de la manifestation pour la défense de la démocratie prévue le 1er juillet prochain, date du septième anniversaire du retour de l’ex-colonie britannique à la Chine (2), Mgr Zen a encouragé les catholiques à y prendre part. « Descendre dans la rue permet aux gens d’être plus à l’aise car cela leur donne l’occasion de canaliser leurs émotions. La situation peut devenir chaotique s’il n’est pas permis aux gens de manifester a-t-il estimé, avant d’ajouter que les Hongkongais ne devaient pas se laisser influencer par ceux qui appellent à la paix et à la tolérance. « Sans justice, la paix n’est qu’une illusion a-t-il dit. Parmi les stands installés à l’entrée du Victoria Park se trouvait celui de la Commission ‘Justice et paix’ du diocèse. Des T-shirts y étaient proposés à la vente. « Nous nous aimons les uns les autres lisait-on sur l’un. « Ne soyez pas un agneau silencieux était-il inscrit sur un autre.