Eglises d'Asie

Pékin tente de faire arrêter la diffusion par satellite d’une chaîne de télévision animée par le mouvement Falungong

Publié le 18/03/2010




Au début de ce mois de juin, Carrie Hung, porte-parole à New York de la New Tang Dynasty Television (NTDTV), chaîne de télévision animée par le mouvement Falungong, a dénoncé les pressions exercées par Pékin sur les diffuseurs de télévision par satellite. Selon Carrie Hung, le gouvernement chinois cherche à faire arrêter la diffusion sur son territoire de NTDTV. Interdit en Chine populaire où il est l’objet d’une répression sévère (1), le mouvement Falungong a commencé à émettre en Chine en avril dernier via le satellite W5 . Selon les représentants du mouvement banni par Pékin, NTDTV est la seule chaîne indépendante en chinois reçue en Chine.

« Nous craignons que la transmission soit coupée à cause des pressions de Pékin a déclaré Carrie Hung, ajoutant que, par le passé, NTDTV a déjà perdu un opérateur de satellite du fait des pressions exercées par Pékin. Reporters sans frontières confirme pour sa part qu’en juillet 2003, trois jours après le démarrage de la transmission, l’opérateur NSS, basé aux Pays-Bas, s’était mis à crypter le signal de la chaîne animée par Falungong à la suite de menaces de rétorsion économique de la Chine populaire. « Nous savons que l’ambassadeur de Chine et les diplomates chinois ont eu des rencontres avec le gouvernement français, avec notre partenaire commercial Eutelsat et il semble que la pression s’accroisse a ajouté Carrie Hung.

Eutelsat, société de droit français, est l’un des premiers opérateurs mondiaux de satellites. Basée à Paris, la société se refuse officiellement à tout commentaire sur cette affaire. L’ambassade de Chine à Paris n’a pas réagi aux affirmations de Carrie Hung. Seul le ministère français des Affaires étrangères confirme que la Chine a entrepris une démarche. « Il est exact que les autorités chinoises nous ont informés de ce problème par la voie diplomatique, a déclaré un porte-parole du ministère. C’est une affaire qui a été entre les mains du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui est un organisme administratif indépendant et prend ses décisions de manière indépendante. » Le CSA, qui a accordé le 30 mars dernier une licence de diffusion à NTDTV, affirme n’avoir été saisi ni par les autorités chinoises ni par le ministère français des Affaires étrangères. « Le CSA a donné l’autorisation à la chaîne. Il n’y a pas eu de recul de notre part a déclaré son porte-parole.

Selon France-Presse dont une dépêche en date du 9 juin détaille l’affaire, des responsables du CSA estiment en privé que NTDTV risque effectivement d’être décrochée du satellite W5, qui couvre l’Asie et la Chine. Selon un conseiller du CSA pour les affaires internationales, la licence accordée par le CSA porte sur la diffusion vers l’Europe mais non vers la Chine. L’affaire est suivie de près par les défenseurs de la liberté de la presse. Selon eux, Pékin cherche à créer un précédent pour tous les gouvernements qui veulent empêcher la diffusion par satellite de programmes qui leur déplaisent. La Chine tente de réussir là où Israël a récemment échoué. L’Etat hébreu a essayé, en vain, de faire interdire la diffusion par satellite des programmes Manar, la chaîne du Hezbollah violemment anti-israélienne. Pour la porte-parole du mouvement Falungong, l’affaire NTDTV « est un test pour la liberté d’expression ».