Eglises d'Asie

Hongkong : à la veille de la manifestation du 1er juillet, Mgr Zen Ze-kiun rencontre des responsables politiques et maintient son appel à descendre dans la rue

Publié le 18/03/2010




A Hongkong, à quelques jours de la manifestation du 1er juillet, le ton du débat entre partisans de la démocratisation des institutions et partisans de la ligne politique de Pékin s’est légèrement infléchi. Les premiers ont décidé de mettre une sourdine au slogan : « Rendez le pouvoir au peuple slogan très mal perçu par Pékin, et les seconds ont multiplié les gestes en direction des milieux démocrates, rencontrant certains d’entre eux et promettant à d’autres qu’ils pourraient retourner en visite sur le continent où ils étaient jusqu’à présent persona non grata. C’est dans ce contexte que Mgr Joseph Zen Ze-kiun, évêque du diocèse catholique de Hongkong, a eu un entretien le 25 juin dernier avec des responsables du Bureau de liaison du gouvernement central chinois à Hongkong. L’évêque a qualifié l’entretien de « franc et harmonieux refusant de détailler sa teneur mais précisant qu’il avait dit à ses interlocuteurs qu’il maintenait son appel aux catholiques de Hongkong à manifester le 1er juillet. « C’est une bonne chose que de pouvoir exprimer son opinion a-t-il souligné.

Pour expliquer les raisons de son appel, Mgr Joseph Zen a envoyé le 23 juin une lettre à toutes les paroisses du diocèse (1). Reprise le 27 juin dans les deux hebdomadaires diocésain (le Kung Kao Po en chinois et le Sunday Examiner en anglais), cette lettre est une clarification de sa position sur un certain nombre de sujets. Intitulée : « Mgr Zen Ze-kiun encourage-t-il toujours les catholiques à participer à la manifestation du 1er juillet ? elle est rédigée dans ce style vif et direct auquel l’évêque a habitué les Hongkongais.

Mgr Zen s’y défend tout d’abord de chercher à entretenir ou susciter l’agitation. Ainsi, il n’« incite » pas les catholiques à prendre part à la manifestation, terme qui pourrait laisser penser que le responsable du diocèse les « pousse » à manifester au même titre qu’un agitateur pousse ses troupes à l’action. Il écrit seulement que manifester est « une bonne chose » car c’est une manière efficace de s’exprimer lorsque le recours à d’autres moyens d’expression est impossible.

Pour Mgr Zen, la manifestation de ce 1er juillet n’est certainement pas une procession du souvenir pour célébrer le septième anniversaire de la rétrocession de Hongkong à la Chine. « C’est bien sûr une manifestation de protestation pacifique certes mais vigoureuse, insiste-t-il. Et le motif principal de protestation porte sur le veto mis en avril dernier par Pékin à la démocratisation des institutions politiques de Hongkong. « Nous avons été dédaignés, nous nous sentons insultés et nous avons été déchus de nos droits martèle-t-il. En descendant dans la rue le 1er juillet, les catholiques veulent manifester leur volonté de « peser objectivement le pour et le contre du suffrage universel » afin de décider du « bon rythme à adopter concernant le progrès de la démocratie ».

La manifestation du 1er juillet 2003 avait vu 500 000 Hongkongais descendre dans la rue, soit une foule considérable pour une ville de 6,8 millions d’habitants (2). Les Hongkongais protestaient alors contre l’attitude du gouvernement de Hongkong au moment de l’épidémie de SRAS (pneumopathie atypique) et contre un projet de loi dit anti-subversion potentiellement liberticide. Ce 1er juillet, la manifestation portera principalement sur le refus de Pékin de démocratiser plus amplement les institutions politiques de Hongkong. Une conjoncture économique en voie d’amélioration et les récents gestes de l’exécutif hongkongais en direction des démocrates pourraient amoindrir la mobilisation populaire. La presse locale estime que si 300 000 personnes manifestent, l’opposition démocratique aura gagné son pari. Le 29 juin, trente organisations chrétiennes et trois cents personnalités ont acheté une demi page de publicité dans le Ming Pao Daily News, appelant les Hongkongais à défendre la démocratie et la justice sociale « avec leurs pieds et leur transpiration ».