Eglises d'Asie

Le Vatican dénonce l’arrestation d’évêques « clandestins » et Pékin rétorque que les évêques en question suivent « des cours de politique religieuse »

Publié le 18/03/2010




Le 23 juin dernier, le porte-parole du Vatican, Joaquin Navarro-Valls, a dénoncé l’arrestation par les autorités chinoises de trois évêques de la partie « clandestine » de l’Eglise catholique en Chine. Il s’agissait de l’évêque de Xuanhua, âgé de 84 ans, de l’évêque coadjuteur de Xiwanzi et de l’évêque de Zhengding. Comme il l’avait fait en mars (1) puis en avril dernier (2) à l’occasion d’incidents semblables, Joaquin Navarro-Valls a eu des mots très fermes. « Le Saint-Siège éprouve une profonde douleur à la suite de ces mesures pour lesquelles aucun raison n’a été avancée a-t-il déclaré, ajoutant : « Ces mesures sont inconcevables dans un Etat de droit. Elles contreviennent aux droits de l’homme, en particulier à celui de la liberté religieuse prévu dans les nombreux documents internationaux dont la République populaire de Chine est signataire. » Le lendemain, le Bureau des Affaires religieuses à Pékin a réagi en affirmant que « M. Zhao Zhengdong [l’évêque de Xuanhua] n’était pas détenu » mais qu’il avait pris part « volontairement » à « des cours de politique religieuse ». « Notre bureau organise des cours de politique religieuse pour le clergé local. Ces cours ont commencé à la fin mai et se sont terminés mi-juin a précisé Liu Yongqing, du Bureau des Affaires religieuses.

Selon des sources catholiques en Chine, l’arrestation et la détention des évêques en question se sont déroulées de la façon suivante. Dans la province du Hebei, Mgr Peter Zhao Zhengdong, évêque de Xuanhua, a été interpellé au matin du 27 mai, en compagnie d’un séminariste et d’un laïc, tandis que tous trois visitaient un lieu touristique du district de Wei. Agé de 84 ans, Mgr Zhao a été maintenu au secret en résidence surveillée dans une maison d’hôtes de la police durant deux semaines. Au cours de sa détention, permission lui avait été accordée de célébrer chaque jour la messe, en compagnie du séminariste arrêté en même temps que lui.

Pour le coadjuteur de Xiwanzi, diocèse situé dans une région montagneuse du Hebei, la détention a duré du 2 au 12 juin dernier. Deux ou trois fonctionnaires des Affaires religieuses l’ont retenu dans une maison d’hôtes de la ville de Zhangjiakou où il lui a été demandé avec insistance de s’affilier à l’Association patriotique des catholiques chinois. Agé de 81 ans, ordonné clandestinement en 2002, Mgr Leo Yao Liang avait été arrêté une première fois en 2003. Cette fois-ci, interpellé en compagnie de deux laïcs, il a lui aussi pu célébrer la messe chaque jour dans la chambre où il était retenu.

Enfin, pour Mgr Julius Jia Zhiguo, le troisième évêque « clandestin », la détention a duré cinq jours, du 13 au 18 juin dernier. Agé de 69 ans, il a été arrêté en même temps qu’un prêtre trappiste, le P. Placide Pei Ronggui, lui aussi relâché le 18 juin. Mis au secret dans une maison d’hôtes situé à une trentaine de kilomètres de son lieu habituel de résidence, Mgr Julius Jia n’a pas été interrogé. Etroitement surveillé, il a pu célébrer chaque jour la messe. Pour l’évêque « clandestin » de Zhengding, diocèse situé dans la province du Hebei, de telles détentions ne sont pas rares. Ces dernières années, elles ont été régulières, allant de quelques jours à plusieurs mois (3).