Eglises d'Asie – Chine
Dans le monde des affaires, des entrepreneurs catholiques prennent à cour la mission d’évangélisation
Publié le 18/03/2010
Dans la province du Zhejiang, à Wenzhou, Xu a créé une entreprise industrielle qui compte aujourd’hui deux cents employés. “Je ne cherche pas seulement à avoir des employés qui travaillent pour moi. J’espère qu’ils peuvent être des personnes droites et se montrer utiles à la société explique-t-elle, en précisant qu’elle n’hésite pas à parler de sa foi dans son usine et que quelques dizaines de ses employés sont devenus catholiques. Un de ces derniers, Xie, était un délinquant et, vers l’âge de 20 ans, faisait partie d’une bande. Plusieurs de ses amis, raconte-t-il, ont été pris par la police, condamnés à mort et exécutés “pour crimes graves”. Xu l’a rencontré et lui a proposé de travailler dans son usine pour se détacher de ses mauvaises fréquentations. “A plusieurs reprises, j’ai quitté le travail à l’usine mais, à chaque fois, Xu m’a réadmis, explique-t-il. Elle est comme une mère pour moi. Elle m’a parlé de Jésus Christ. J’ai été si touché par ce qu’elle a fait que ma femme et moi nous avons été baptisés en 2000.” Xu précise de son côté : “Si Dieu me donne la capacité de prêcher et de changer les gens, je ferai tout ce que je peux pour le faire. Commencer à le faire sur mon lieu de travail est une bonne chose étant donné que j’ai tant d’employés.”
Dans une autre ville de la côte est, Zheng, entrepreneur lui aussi, a aménagé une salle de prière dans son usine. Des messes y sont célébrées, à Noël et à quelques autres occasions pour la dizaine de catholiques qui sont parmi ses employés. “Je ne demande pas aux ouvriers d’y venir mais je les encourage à le faire, rapporte-t-il. Beaucoup sont venus par curiosité et ont gardé une bonne impression de ce contact avec le catholicisme. Ensuite, nous leur parlons plus avant de notre foi et nous les invitons à nos activités religieuses.” Dans la province du Hebei, à Wuan, Bai Caiyong dirige une affaire de gaz industriels et témoigne d’une expérience similaire. Trois cents des 700 employés de son usine sont devenus catholiques et des cérémonies liturgiques sont organisées sur place. Selon le témoignage de catholiques du diocèse de Handan, c’est la gentillesse et la générosité de Bai qui ont amené certains de ses employés à se convertir. Un prêtre de Wenzhou explique toutefois qu’une certaine discrétion doit être conservée pour ce type d’initiatives, les autorités chinoises n’autorisant la tenue d’activités religieuses que dans les lieux enregistrés officiellement comme tels.
D’autres entrepreneurs catholiques choisissent d’aider l’Eglise d’une autre façon. A Wuan, le propriétaire, un catholique, d’une usine située en bordure d’une route à grande circulation a ainsi fait ériger un grand panneau où est inscrit le numéro de téléphone de la paroisse catholique locale. Le curé de la paroisse, le P. Zheng Ruiping, explique que le souhait de cet entrepreneur était que le maximum de gens ait l’opportunité d’entrer en contact avec l’Eglise. Dans le nord-ouest du pays, la dirigeante, catholique, d’une usine d’électronique dit chercher à embaucher en priorité des catholiques. Parmi la centaine de ses employés, plus de trente sont catholiques. “En travaillant ensemble, nous nous renforçons mutuellement dans la foi et nous créons par là même une atmosphère chrétienne qui contribue à l’évangélisation, explique-t-elle. Soutenir la foi parmi les employés catholiques est particulièrement important. Beaucoup sont des jeunes femmes ou de jeunes hommes qui ont quitté le foyer familial pour trouver un travail. Sans amis ou relations catholiques, ils peuvent très rapidement lâcher prise et abandonner la foi.”
Dans la zone économique spéciale de Shenzhen, qui jouxte Hongkong, l’Association patriotique locale a organisé en mai dernier un séminaire sur la gestion des entreprises. Une quarantaine de personnes y ont pris part, dans les locaux de la paroisse Saint Antoine. Pour Peng Jincheng, président de l’Association, le fait que des entrepreneurs catholiques se réunissent pour se former dans un contexte de compétition acharnée est une bonne chose. “Cela leur montre que l’Eglise s’intéresse à eux dit-il. L’expérience ayant été jugée concluante, d’autres séminaires seront organisés l’an prochain.