Eglises d'Asie

Hongkong : le 1er juillet 2004, aux chrétiens venus prier avant de manifester pour la démocratie, Mgr Zen Ze-kiun a déclaré que les Hongkongais avaient plus de motifs « de tristesse que de joie »

Publié le 18/03/2010




S’inspirant du Psaume 137 par lequel le peuple de Dieu se lamente de sa réduction en esclavage à Babylone, loin de la Terre promise, Mgr Zen Ze-kiun, évêque du diocèse catholique de Hongkong, a dit à environ 10 000 chrétiens venus se recueillir au Parc Victoria que, sept ans après le retour de Hongkong sous le drapeau chinois, les Hongkongais avaient légitimement plus de motifs à être dans « la tristesse que dans la joie » (1Aux côtés de deux autres responsables chrétiens, Mgr Joseph Zen exprimait les raisons qui, selon lui, poussaient les Hongkongais, chrétiens et non chrétiens, à manifester le 1er juillet dernier dans les rues de leur ville.

Pour Mgr Zen, après le veto exprimé en avril dernier par Pékin à la démocratisation de leurs institutions politiques (2), les Hongkongais veulent montrer aux dirigeants chinois et au monde « la vitalité du principe ‘Un pays, deux systèmes' ». Ce sont des personnes « aux motifs dissimulés » qui ont amené Pékin à stigmatiser les milieux pro-démocratiques de Hongkong comme étant des éléments « non patriotes » et favorables à l’indépendance de la Région administrative spéciale de Hongkong. Pour l’évêque de Hongkong, qui, dans les semaines précédant le 1er juillet, n’a pas ménagé sa peine pour appeler les Hongkongais à manifester, l’anniversaire du 1er juillet marque certes le retour de Hongkong sous le drapeau chinois mais cette date est devenue le rendez-vous par lequel les Hongkongais peuvent exprimer leurs vues. Selon lui, c’est parce que les Hongkongais sont « désormais maîtres de [leur] destinée et qu’[ils sont] appelés à jouir d’un haut degré d’autonomie selon le principe ‘Un pays, deux systèmes' » qu’ils ont « le droit et le devoir de prendre une part active aux affaires publiques ».

A quelques semaines des élections de septembre prochain, qui verront le renouvellement partiel du Legco (Legislative Council), le Parlement local, la mobilisation populaire a été nettement plus importante que prévue. Là où, avant le 1er juillet, la presse locale estimait qu’une foule de 300 000 manifestants ferait un succès pour les milieux démocrates, plus de 530 000 personnes, selon les organisateurs de la manifestation, sont descendues dans la rue, malgré la chaleur et l’humidité de l’été. La police a comptabilisé pour sa part 200 000 manifestants. Organisé par le Front civil pour les droits de l’homme – coalition regroupant des chrétiens, des syndicalistes, des étudiants, des universitaires, des avocats -, le rassemblement a donc réussi son pari de mobiliser une fois de plus, après la manifestation du 1er juillet dernier (3), les Hongkongais, cette fois-ci pour réclamer la généralisation du suffrage universel sur le territoire dès 2007 et 2008.

Pour la première fois depuis la rétrocession de 1997, Pékin n’avait envoyé aucun dirigeant de haut niveau aux cérémonies officielles marquant cet anniversaire. Pour la première fois également, la presse chinoise sur le continent a évoqué – brièvement et sans commentaires – cette manifestation. Le Quotidien du peuple, le Quotidien de l’armée populaire de libération et le Quotidien de la jeunesse de Chine ont repris l’unique dépêche de l’agence Chine nouvelle sur le sujet, donnant comme information que « des citoyens de Hongkong » avaient pris part à une marche de protestation. Les télévisions chinoises sont restées muettes sur l’événement et les reportages de CNN et de la BBC, visibles sur le continent sur certains réseaux câblés, ont été, à plusieurs reprises, censurés.