Eglises d'Asie

Hongkong : les Eglises chrétiennes s’apprêtent soit à ne pas appliquer, soit à contester devant les tribunaux la Loi sur l’éducation votée le 8 juillet 2004 par le Legco

Publié le 18/03/2010




“Nous regrettons profondément que le gouvernement n’a tenu aucun compte de l’opinion de ses partenaires de longue date dans la promotion de l’éducation, à savoir les organismes de tutelle des écoles sous contrat (school-sponsoring bodieset a agi de manière unilatérale pour changer radicalement la façon dont les écoles sont dirigées.” Tels sont les termes du communiqué publié par le diocèse catholique de Hongkong après le vote, dans la soirée du 8 juillet dernier, de la Loi sur l’éducation. Présentée au Legco (Legislative Council), le Parlement de Hongkong, par le gouvernement de Tung Chee-hwa, la loi a été adoptée à l’issue d’un débat de treize heures par une majorité de 29 voix, les députés favorables au gouvernement (y compris les libéraux et les pro-Pékin) ; 21 députés ont voté contre et les amendements déposés par les parlementaires proches des démocrates pour atténuer la portée du texte de loi ont été systématiquement écartés. Dans les mois précédant ce vote, à de nombreuses reprises, l’Eglise catholique ainsi que les principales Eglises protestantes de Hongkong avaient manifesté leur opposition à cette réforme du mode de fonctionnement des écoles sous contrat (1).

Pour Mgr Zen Ze-kiun, évêque de Hongkong, le gouvernement, en passant outre à l’opposition des Eglises chrétiennes sur ce dossier, “a gravement porté atteinte au système éducatif de Hongkong, un système qui a prouvé son efficacité au fil des décennies”. Critiquant le gouvernement pour ses tentatives visant à créer des divisions entre les organismes de tutelle des écoles, les parents d’élèves et les enseignants – “en cherchant à nous faire apparaître comme opposés à la gestion des écoles par elles-mêmes” -, l’évêque a dit aux Hongkongais que l’Eglise catholique continuera son ouvre dans le domaine éducatif “jusqu’à ce que nous soyons forcés de l’abandonner”. L’Eglise catholique assure la tutelle de 317 établissements scolaires à Hongkong (cycles primaire et secondaire).

Dans l’immédiat, l’évêque a annoncé qu’il consultait des juristes car il envisageait de contester la validité constitutionnelle de la nouvelle loi. Selon lui, en effet, l’Eglise est fondée à attaquer en justice le gouvernement sur la base de l’article 141 de la Loi fondamentale, qui garantit aux organisations religieuses de Hongkong le droit de diriger des écoles “selon leurs pratiques antérieures” (2Selon la présidente de la Commission des lois du Legco, Cyd Ho Sau-lan, la difficulté vient du fait que la Loi fondamentale est sujette à interprétation à propos des rôles respectifs du gouvernement et des Eglises dans le domaine de l’éducation. L’article 136 du texte constitutionnel régissant les institutions de Hongkong stipule en effet que “le gouvernement formulera les politiques en matière d’éducation, y compris celles concernant le système éducatif et son administration ainsi que l’allocation des fonds”.

De leur côté, l’Eglise anglicane et l’Eglise méthodiste de Hongkong ont déclaré qu’elles ne formeront pas les comités de gestion demandés par le nouveau texte de loi et que leurs écoles (65 pour l’Eglise anglicane et 18 pour l’Eglise méthodiste) continueront à fonctionner selon l’ancien schéma, lequel, ont déclaré leurs responsables, permet un haut degré de transparence et la participation de nombreux parents d’élèves et enseignants à la gestion des écoles.

Pour l’évêque catholique et pour les responsables des autres Eglises chrétiennes, le texte de loi est dommageable car, sous couvert d’introduire un plus grand droit de regard des parents d’élèves et des enseignants sur le mode de fonctionnement des écoles sous contrat, c’est en fait un affaiblissement du rôle des organismes de tutelle – les Eglises chrétiennes dans une grande majorité des cas – qui est organisé et, concomitamment, un accroissement du contrôle potentiel du gouvernement sur les écoles subventionnées par lui. Timothy Ha Wing-ho, président de l’association regroupant les organismes de tutelle des écoles sous contrat et secrétaire responsable de l’éducation au sein de l’Eglise anglicane de Hongkong (Sheng Kung Hui), a déclaré à l’issue du vote du 8 juillet que c’en était fini de “la pluralité des écoles à Hongkong”.