Eglises d'Asie

Les Eglises chrétiennes se mobilisent pour empêcher le vote d’un projet de loi restreignant considérablement le droit à changer de religion

Publié le 18/03/2010




Ces quinze derniers jours, les Eglises chrétiennes du Sri Lanka ont multiplié les initiatives pour alerter les citoyens du pays sur les dangers pour les libertés individuelles et l’ordre social que, selon elles, fait peser la perspective du vote prochain par les députés du Parlement d’une loi anti-conversion. Mobilisées depuis plusieurs semaines (1), les Eglises ont lancé une campagne d’information afin que la session parlementaire qui commence le 20 juillet prochain ne voit pas le vote d’un tel texte.

Le 29 juin dernier, l’Eglise catholique et le Conseil national chrétien, structure regroupant les principales dénominations protestantes du pays, ont publié un communiqué commun par lequel les responsables chrétiens affirment que les deux projets de loi, déposés, d’une part, par la coalition gouvernementale et, d’autre part, par le Jathika Hela Urumaya, parti formé de moines bouddhistes, représentent une menace grave pour les libertés de pensée, de conscience et de religion, libertés pourtant inscrites dans la Constitution du pays.

Au sein de la minorité chrétienne du pays, qui représente environ 8 % de la population et qui est formée aux neuf dixièmes par des catholiques, l’Eglise catholique a mené au sein de ses paroisses une campagne d’information. A Colombo, le 5 juillet, Mgr Marius Peiris, évêque auxiliaire, a réuni 150 des 250 prêtres que compte l’archidiocèse. Un programme d’action comprenant des manifestations, des conférences de presse et des actions de conscientisation a été décidé. De leur côté, les Eglises protestantes ont préparé des tracts.

Le gouvernement n’a pas officiellement réagi à la campagne lancée par les Eglises chrétiennes. Le ministre des Affaires bouddhistes, Ratnasiri Wickramanayake, a toutefois rendu publique la réponse qu’il a adressée à un courrier de la Confraternité évangélique du Canada s’inquiétant de la portée des projets de loi. Selon le ministre, ces textes visent les “fondamentalistes” et non les Eglises établies de longue date. “J’affirme catégoriquement que ceux qui professent la religion chrétienne n’ont rien à craindre car la norme est seulement orientée contre les méfaits de ceux dont la seule ambition est de convertir les personnes à une autre religion par la contrainte a écrit le ministre. Par ailleurs, deux ministres du gouvernement, tous deux catholiques, ont pris position contre les deux projets de loi. Selon la presse locale, Jeyaraj Fernandopulle, ministre du Commerce et de la Consommation, et Milroy Fernando, chargé des Relations avec le Parlement et ministre des Affaires chrétiennes, ont déclaré qu’ils ne soutiendront pas ces lois.

Enfin, Desmond Fernando, membre du Conseil de la présidence, organe chargé de conseiller le président du pays sur les questions juridiques, a déclaré aux prêtres du diocèse de Colombo qu’à son opinion, les deux projets de loi étaient contraires aux dispositions favorables aux droits de l’homme telles qu’elles sont inscrites dans la Constitution. Le conseiller, de religion catholique, a ajouté qu’au cas où ces projets de loi, une fois votés, ne soient pas jugés inconstitutionnels par la Cour suprême, un recours pourra être déposé à Genève en arguant du fait que les dispositions de ces textes, qualifiées par lui d’“extrêmement rigoureuses sont incompatibles avec les conventions internationales sur les droits civiques et politiques signées et ratifiées par le Sri Lanka.