Eglises d'Asie – Pakistan
Les milieux chrétiens réclament l’abrogation des dispositions de la loi islamique sur le viol et l’adultère plutôt que leur amendement
Publié le 18/03/2010
Le 10 août dernier, le Comité d’action pour les droits du peuple, un rassemblement d’organisations de défense des droits de l’homme – dont nombre sont issues de milieux chrétiens -, a organisé une manifestation contre cette loi à Lahore, capitale de la province du Pendjab. Un millier d’hommes et de femmes, chrétiens et musulmans, ont marché vers la Haute Cour de justice de Lahore. Au cours de la manifestation, Hina Jilani, secrétaire générale de la Commission des droits de l’homme du Pakistan, une musulmane, a déclaré que, loin de servir la société, les lois actuelles étaient cause de souffrances pour les femmes, particulièrement celles qui résident dans les zones rurales. Elle a souligné que la conception de la femme sous-jacente à cette loi apparaissait comme une souillure pour l’honneur du pays. Elle a ajouté que la coalition allait étendre son action aux quatorze districts de la province où elle ferait entendre les protestations des femmes.
La veille de cette manifestation de Lahore, la Commission ‘Justice et paix’ de la Conférence des supérieurs majeurs avait publié un communiqué mettant en cause l’ordonnance. Celui-ci affirmait que le Pakistan ne pourrait progresser dans la voie du développement qu’après l’abrogation de cette loi, une loi qui contribue à enfermer les femmes dans une situation critique plus qu’à assurer leur protection. Selon le communiqué, la loi est surtout utilisée pour envoyer en prison les femmes qui se plaignent d’abus sexuels. 75 % des femmes emprisonnées au Pakistan ont été incarcérées au nom de l’ordonnance Hudood et la Commission estime que 80 % d’entre elles sont innocentes des faits qui leur sont reprochés. Le communiqué note encore qu’environ 4 000 femmes ont été tuées au nom de l’honneur de la famille, la plupart du temps par des membres de la parenté sous le prétexte de relations extraconjugales ou pour avoir refusé de se marier avec l’époux choisi par la famille. Pour toutes ces raisons, la Commission ‘Justice et paix’ demande qu’il ne soit pas procédé à l’amendement des dispositions de l’ordonnance mais que celle-ci soit immédiatement abrogée.
De nombreuses tentatives, émanant quelquefois des plus hautes autorités de l’Etat, ont déjà échoué. Au mois de mai, le général Pervez Musharraf s’était prononcé publiquement pour le réexamen minutieux des dispositions de l’ordonnance Hudood sur le viol et l’adultère (2). La prise de position du chef de l’Etat avait suscité de nombreuses protestations dans les milieux islamiques fondamentalistes.